Depuis 4 ans, les discours se sont enchaînés, quelques actes aussi. Du citoyen à la multinationale, des investisseurs aux gouvernements en passant par les territoires, les préoccupations sociétales et en particulier environnementales sont partout. Et pourtant… peu de choses ont changé. Les émissions de gaz à effet de serre augmentent toujours plus vite, le déclin de la biodiversité s’accélère, notre économie est encore très loin d’être circulaire ou solidaire… Peut-on encore y croire ?

La 74ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU s’est ouverte le 23 septembre dernier avec un peu plus de 60 chefs d’Etat présents seulement sur les 136 attendus. Un désintérêt pour le développement durable ? Alors que les précédents engagements climatiques n’ont pas été entièrement tenus – une inertie dénoncée dans un rapport de l’OCDE qui dévoile une hausse des émissions -, le secrétaire général Antonio Guteres a annoncé de nouveaux objectifs à atteindre pour 2050. En poussant les Etats signataires de l’Accord de Paris à revoir leurs ambitions à la hausse pour lutter contre les changements climatiques, il demande des actes concrets pour atteindre une neutralité carbone en 2050. Des engagements ont été pris pour le climat, la biodiversité et les ODD mais la mise en œuvre reste difficile. Aucune mesure décisive pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre n’a été annoncée… Sans contraintes suffisantes dans l’Accord de Paris, comment tenir ses engagements de limitation du réchauffement climatique en dessous de 2°C, voire des 1,5°C ?

Les acteurs économiques veulent séduire Antonio Guteres

S’il y a bien une dissonance de la part des chefs d’Etat, les acteurs économiques eux s’affichent comme proactifs. De quoi questionner sur le rôle des pouvoirs publics pour l’intérêt général.

De nombreuses initiatives, soutenues par des Etats, ont été énoncées : adaptation au réchauffement climatique, sortie du charbon, neutralité carbone… et respect de la biodiversité ! 87 multinationales, dont Danone, Engie, L’Oréal et Nestlé, se sont engagées à prendre des objectifs climatiques pour suivre une trajectoire à 1,5°C, suite à l’appel « Ambition 1,5°C entreprises » lancé en juin dernier par le Global compact, Science Based Target et We Mean Business.

Afin d’améliorer la santé des humains et de la planète, 19 patrons signataires du One Planet Business for Biodiversity, l’engagement OP2B, ont promis de lutter contre la déforestation et d’œuvrer pour une agriculture durable et qui ne détruit pas les sols. Emmanuel Faber, PDG de Danone, a présenté ce projet lors du Sommet mondial expliquant travailler collectivement sur l’élaboration d’un recueil de solutions adaptables dans leur chaine de valeur. 

Le secteur privé affiche se mobiliser plus vite que les gouvernements mais leurs engagements volontaires doivent passer au crible des faits pour des changements en profondeur. Malgré l’intention des dirigeants d’entreprise et de la société civile de faire des efforts, ils sont tardifs et très loin d’être suffisants, surtout face aux catastrophes naturelles et humanitaires qui se multiplient (incendies de forêts, canicules, sécheresses, ouragans…). Nous avons encore beaucoup de chemin à faire et le travail entamé pour lutter contre le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et la mise en œuvre des ODD doit se renforcer pour être cohérent avec les enjeux.

Et du côté des banques et investisseurs ?

De nombreux acteurs ont mis la main au portefeuille, notamment pour renforcer la résilience de 300 millions de petits exploitants agricoles face à l’augmentation des impacts climatiques. L’IDFC, qui regroupe les 25 plus grandes banques nationales et régionales de développement, dont l’Agence française de développement, a de son côté décidé de financer des projets climat à hauteur de 1000 milliards de dollars d’ici à 2025. « Ce plancher de 1 000 milliards pourrait être aisément dépassé si différentes barrières étaient levées », indique Alexis Bonnel, qui coordonne le travail de la présidence d’IDFC. « Nous appelons ainsi les gouvernements à accorder un mandat explicite aux banques de développement pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD) car nous en avons les capacités techniques et financières. Il manque la volonté politique. »

Selon une étude 2019 réalisée par Novethic et B&L évolution « Les ODD, un rendez-vous manqué ? », les 35% des 100 plus gros investisseurs institutionnels français sensibilisés aux ODD représentent 80 % des encours. Difficile donc de faire l’impasse sur les ODD… Ces objectifs peuvent être une grille d’analyse pour détecter les opportunités de marchés ou, dans le cas d’un investisseur, d’identifier les entreprises qui seront le plus à même de les saisir. Investisseurs et entreprises peuvent contribuer positivement aux ODD tout en essayant de limiter leurs impacts négatifs par sur le climat, la biodiversité, la santé ou l’emploi.

Le gouvernement présente sa feuille de route politique qui traduit de façon opérationnelle les ODD aux niveaux national et international et pose des trajectoires de transition vers un développement durable. Les acteurs économiques prennent de plus en plus conscience de l’intérêt des ODD qu’ils intègrent dans leur stratégie RSE – la lutte contre le changement climatique étant en première position. Des paroles et des actes donc, mais encore très timides. Avec nos œillères du quotidien, nous peinons toujours à comprendre l’urgence de la situation. Tant que nous n’oserons pas changer de paradigme et prendre à bras le corps le problème, à tous les niveaux et par tous les acteurs, nous continuerons inéluctablement notre route qui mène vers un avenir si peu souhaitable. 

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