Palais de l’Elysée

Dimanche 7 mai, Emmanuel Macron a été élu président de la République. Le voilà parti pour cinq ans à la tête du pays pour appliquer son programme axé sur la modernisation de l’économie, le renforcement de la sécurité de la Nation, l’éducation et la culture, la société du travail, le renouveau démocratique et la défense de l’Europe. Quant à la politique environnementale qu’il compte mener, elle repose sur un lot de promesses faites durant sa campagne, notamment en ce qui concerne les sujets des énergies fossiles, de l’agriculture bio et responsable, de la pollution et des perturbateurs endocriniens. Il vise ainsi durant son mandat l’application de différentes mesures comme, par exemple, la fermeture des centrales à charbon restantes en 5 ans, l’augmentation de la taxe carbone, l’aide aux agriculteurs, la proposition à hauteur de 50% de produits bio, écologiques ou issus de circuits courts dans les cantines scolaires et les restaurants d’entreprise, le doublement de la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque ou encore la lutte contre le diesel. Des enjeux de développement durable que les coopérateurs de B&L évolution espèrent voir se concrétiser. Tour d’horizon des priorités pour le quinquennat.

Pour une mobilisation des entreprises sur les ODD, la RSE et la biodiversité

Pour Sylvain Boucherand, PDG de B&L évolution, afin de fixer les ambitions du quinquennat en matière de développement durable, il sera prioritaire de définir une stratégie nationale déclinant les Objectifs de Développement Durable ainsi qu’un plan de mobilisation des acteurs (entreprises, territoires, ONG…) pour la mise en oeuvre de ces Objectifs. Du côté de la RSE, la France devra publier son plan national d’action pour la RSE, définissant les engagements et la feuille de route de la nation pour développer la RSE dans l’ensemble des entreprises et organisations, et pour lequel la Plateforme Nationale RSE a produit une contribution importante. Il faudra également assurer la mise en œuvre effective de la loi sur le Devoir de vigilance adoptée en début d’année et publier le décret concernant la transposition de la directive européenne sur les rapports RSE des grandes entreprises. Enfin, face à l’érosion de la biodiversité, il faudra qu’Emmanuel Macron mette en œuvre la loi sur la biodiversité et affirme le rôle de l’Agence Française pour la Biodiversité comme guichet unique pour toutes les parties prenantes et acteurs incontournables du sujet. Il sera nécessaire de renforcer la mobilisation des entreprises, en les appuyant, pour une meilleure prise en compte de la biodiversité.

Relancer la transition énergétique et redoubler d’efforts sur le climat

Emmanuel Macron s’inscrit dans la continuité de la loi sur la transition énergétique. Son mandat doit-être celui de la mise en application de cette loi. En particulier, un travail fort doit être mené, selon Charles Adrien Louis, co-fondateur de B&L évolution, sur la rénovation énergétique à haute performance des bâtiments, avec une priorité sur les foyers en situation de précarité énergétique. Emmanuel Macron pourra s’en servir comme une sorte de grand plan de relance économique. Il devra donner une vision plus long terme aux enjeux énergétiques : un choix clair doit être fait sur le mix énergétique à horizon 2050 pour pouvoir adapter l’appareil énergétique : viser le 100% EnR (énergies renouvelables) ou intégrer un nouveau cycle nucléaire. Son mandat sera celui où se joueront les 2°C de l’accord de Paris. La trajectoire d’émission doit être infléchie et se retourner durant ce quinquennat. La France doit porter une position forte sur la scène européenne pour que l’UE retrouve son rang moteur sur ces sujets. D’autant plus dans un contexte difficile avec les positions des Etats-Unis.

Vers une contribution totale des PME pour l’atteinte des ODD

Des réseaux se développent en faveur des ODD et de la RSE afin de sensibiliser les PME dans l’intégration de ces enjeux dans leur stratégie d’entreprise. Il faudra, selon Emilie Plegat, coopératrice de B&L évolution, davantage valoriser l’impact local des PME et les intéresser à leurs enjeux environnementaux, mais aussi les accompagner dans la revalorisation sociale (handicap, parité, développement personnel, etc.). Pour les aider, des budgets incitatifs à la mise en place de pratiques de développement durable devront être alloués. La contribution de ces PME est en effet nécessaire à l’atteinte des ODD, c’est pourquoi il est préférable d’imposer une prise minimum de ces leviers.

Les campus universitaires doivent s’appuyer sur les ODD pour se développer

Les ODD doivent être intégrés dans le référentiel HCERES, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, chargé de l’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche publique. Alain Tord, coopérateur de B&L évolution, espère que le ministère de l’enseignement supérieur donnera une véritable impulsion aux établissements car, aujourd’hui, la pression du ministère sur les universités est quasi inexistante mis à part sur la transition énergétique. Concernant cette dernière, plus de moyens budgétaires doivent être alloués pour les campus (y allouer une partie des 1 milliard d’euros supplémentaires du budget annuel promis à l’ESR). La loi pour l’enseignement supérieur et la recherche du 22 juillet 2013 a fait naitre 2 stratégies visant à répondre aux défis scientifiques, environnementaux et sociétaux et définir les objectifs nationaux : la stratégie nationale de recherche (SNR) et la stratégie nationale de l’enseignement supérieur (StraNES). Leurs orientations devront alors être respectées et les universités devront toutes avoir un Vice-Président responsabilité sociétale. Il est nécessaire de remettre à l’ordre du jour le canevas de plan vert, traduisant les objectifs de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) pour les universités et les grandes écoles, en s’appuyant sur les ODD comme base de travail.

La pollution lumineuse, véritable déséquilibre des écosystèmes

Quant à la pollution lumineuse, elle a un fort enjeu dans les cohérences écologiques des territoires et participe fortement à la fragmentation des paysages ainsi qu’aux déséquilibres des écosystèmes. Il y a un fort enjeu environnemental d’intégrer la trame noire aux trames vertes et bleues. Remy Osello, coopérateur de B&L évolution, explique que la pollution lumineuse doit faire partie intégrante des études d’impacts environnementaux des projets avant réalisation et mise en lumière. Elle doit également être prise en considération pour des questions de santé et de confort dans les réflexions avant toute mise en lumière d’un territoire. Un rappel sur la loi : la prévention de la pollution lumineuse fait l’objet de dispositions législatives depuis la loi Grenelle II de 2010 et ne fait encore l’objet d’aucun décret de prescriptions techniques des installations et d’aucune application. Emmanuel Macron est appelé à mettre en place un suivi de l’arrêté du 25 janvier 2013 relatif à l’extinction des bureaux, commerces et enseignes lumineuses pour limiter les nuisances de l’éclairage et les gaspillages énergétiques.

Comment œuvrer pour un impact positif sur le climat ?

En termes d’emplois et de cohérence territoriale, la dynamisation des petits territoires et des centre-bourgs est un enjeu crucial mais à la portée du nouveau gouvernement notamment en s’attaquant à la fracture numérique et en s’appuyant sur la transition énergétique, les circuits courts et la mobilité durable. A toutes les échelles territoriales, il est impératif de mettre en adéquation la stratégie énergétique et de lutte contre le changement climatique avec les engagements nationaux et les enjeux scientifiques. Pour ce faire, Guillaume Martin, coopérateur de B&L évolution, propose de réaliser une évaluation nationale des projets énergie/climat territoriaux, d’identifier les projets à impacts positifs et leurs facteurs clé de succès afin de les répliquer à grande échelle en mobilisant l’ensemble des acteurs du territoire (publics et privés). Enfin, il devient urgent de renforcer l’adaptation au changement climatique dans les zones à risques (régions côtières, villes, bassins hydrologiques fragiles, territoires agricoles, etc.).

Les décisions et actions mises en œuvre doivent nous assurer une Prospérité Equitable dans la Sobriété

En effet, les inégalités sociales sont un frein à la croissance et augmentent le risque de crises, indique Ghislaine Hierso, coopératrice de B&L évolution. De plus, les inégalités environnementales sont le corollaire des inégalités sociales. Vivre dans des conditions socio-économiques défavorables fait perdre deux années de vie, il est donc essentiel de comprendre les mécanismes par lesquels les inégalités sociales engendrent des inégalités en matière de santé et mettre en œuvre un programme d’ensemble pour les freiner. Au-delà des pollutions de l’atmosphère, de l’eau, des risques environnementaux émergent, de plus en plus préoccupants, liés à l’activité industrielle tels que l’exposition aux polluants, aux déchets électriques et électroniques, ainsi qu’au changement climatique. La toxicité des produits chimiques d’usage courant n’est pas toujours comprise et leur réglementation est parfois sommaire dans la chaîne alimentaire et industrielle. Il est donc essentiel de prévoir des programmes d’évaluation des risques et des actions pour prévenir et réduire ces pollutions. La qualité des services, des productions nécessite un lien social revivifié et ancré dans son territoire à travers des actions concrètes des acteurs économiques. L’éducation et la formation (initiale et tout au long de vie) doivent être au cœur de ces dispositifs. Chacun, chacune doit avoir la possibilité d’accéder à tous les savoirs et les connaissances doivent être mieux partagées.

La responsabilité sociale et environnementale requiert de favoriser l’accès des jeunes à l’emploi, de former une main d’œuvre qualifiée pour les nouveaux enjeux environnementaux, sociaux et numériques et de valoriser tous les métiers et tous les salariés et de renforcer la qualification et la motivation des salariés. La révolution numérique, mutation majeure de notre marché du travail, impose de fait une plus grande flexibilité qui doit en contrepartie s’accompagner de nouveaux droits concrets en matière de sécurisation des parcours professionnels. Le dynamisme, la formation sont de formidables leviers de performance économique, environnementale et sociale. Notre monde fait face à de profondes transformations économique, sociale, écologique et numérique. Ces transformations appellent à prendre en compte les nouveaux modèles sociaux et économiques. Nous devons mettre en valeur les actions qui créent une économie de la sobriété et imaginent un «écosystème industriel et territorial» innovant.

Affaires à suivre…

Chaque point évoqué ci-dessus constitue un travail qui devra être étudié avec parcimonie. Le gouvernement en cours de composition permettra-t-il de tous les traiter ? Quels enjeux seront concrétisés par le nouveau locataire de l’Elysée ? Nous attendons, avec impatience, de voir les premiers résultats…