Les acteurs économiques et les territoires se préparent déjà à l’après-crise sanitaire du COVID-19, avec une prise en compte du climat, de la biodiversité et surtout la préservation de la santé.

L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) publie ce 1er avril un plan de relance pour la France axé sur des investissements publics et privés dans 7 secteurs-clés de la transition écologique. Au-delà de l’urgence sanitaire, I4CE – convaincu que l’action pour le climat peut contribuer à soutenir l’activité économique en sortie de crise tout en renforçant la résilience de notre société – propose dans son étude « Investir en faveur du climat contribuera à la sortie de crise » un plan de financement public de 7 milliards d’euros par an jusqu’à 2023, déclenchant 19 milliards d’euros d’investissements annuels en faveur du climat.

Une trentaine de mesures qui couvre les 7 secteurs de la SNBC sont énoncées pour que la France entende réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Faut-il maintenir les objectifs climatiques énoncés avant l’épidémie ? Les entreprises mettront-elles de côté les objectifs environnementaux pour maintenir leur survie ? 

Mobiliser l’économie en faveur du climat pour sortir de la crise

Face à l’urgence sanitaire, la priorité est de maintenir les services essentiels au fonctionnement de notre société et de soutenir autant que possible le système de santé. Un support de la trésorerie des entreprises immobilisées et la prise en charge du chômage partiel ont été mis en place.

Une stratégie de sortie de crise devra être déployée en mobilisant notamment les investisseurs publics et la fiscalité en faveur du climat car l’action climatique ne fait pas barrage à la sortie de crise au contraire, elle est une réponse efficace à la résilience qui suivra. I4CE préconise de privilégier des leviers qui offrent des bénéfices combinés dans trois domaines :

  • L’environnement : en gardant une crédibilité dans le Green Deal, en préservant le capital industriel des filières bas-carbone, en adaptant notre économie aux dérèglements climatiques ;
  • L’économie : en contribuant à la relance de l’activité à court terme et en réduisant la sensibilité à des crises futures : chocs de prix du pétrole, approvisionnement alimentaire et industriel ;
  • La santé : en réduisant nos fragilités face à des menaces sanitaires, notamment par l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction de la précarité énergétique.

…mais garder le cap sur les objectifs de la SNBC avec des mesures adaptées

La Stratégie nationale bas-carbone est un point de repère essentiel dans la mobilisation de l’économie en faveur du climat. Révisée en 2019, elle a fait l’objet d’une consultation publique début 2020, à laquelle B&L évolution a participé en partageant ses remarques sur la feuille de route française pour la neutralité carbone.

Pour atteindre les objectifs d’investissement exprimés dans la SNBC de 7 secteurs (regroupant les 2/3 des investissements bas-carbone de la France), des mesures sont proposées, assorties d’un plan de financement évaluant les contributions des pouvoirs publics, des entreprises, des ménages et des institutions financières :

  • la rénovation des logements privés: maintien des aides publiques à la rénovation énergétique, maintien des dispositifs d’accompagnement et développement des offres intégrées proposant des rénovations complètes, formation des professionnels du bâtiment à la rénovation globale, etc.
  • la rénovation des bâtiments tertiaires (publics et privés): introduction d’une aide directe pour compenser la baisse des prix des énergies, adoption d’ici 2022 d’un décret de rénovation tertiaire, proposition d’une subvention à l’investissement pour le raccordement des bâtiments aux réseaux de chaleur, etc.
  • les infrastructures de transport en commun urbains: optimisation des réseaux de transport, augmentation du versement transport, mise en œuvre d’une politique active de gestion du stationnement, etc.
  • les infrastructures ferroviaires: assurance d’une prise en charge par l’Etat d’au moins 50% des investissements de renouvellement, établissement d’un programme de maitrise et de réduction des coûts, etc.
  • les aménagements cyclables: dotation des collectivités de moyens humains et techniques pour leur permettre de définir leurs politiques cyclables, établissement d’une obligation de déploiement des linéaires cyclables en proportion de la voirie pour les villes de moyenne et grande taille, sur le modèle du logement social, etc.
  • le déploiement des voitures particulières bas-carbone: maintien des objectifs européens de baisse des émissions de CO2 des véhicules neufs imposés aux constructeurs automobiles, réglementation de la publicité des constructeurs automobiles, interdiction de vente des voitures les plus polluantes au cours de la prochaine décennie, etc.
  • la production d’électricité renouvelable: maintien de la cadence des appels d’offres prévue dans la PPE, implication des collectivités territoriales et des citoyens dans le montage et le financement des projets, etc.

La SNBC ne se résumant pas à ces seuls secteurs, des actions publiques sont attendues dans d’autres domaines. Les stratégies adoptées par les entreprises après le confinement devront s’orienter vers une transition écologique et solidaire. Ce ne sont pas simplement les émissions liées à notre chauffage, notre transport et notre consommation d’énergie qu’il faut réduire mais aussi et surtout tout ce qui fait notre empreinte carbone et en premier lieu les émissions importées.
Tous les secteurs devront être mobilisés pour construire un futur collectif, centré sur la sobriété et une responsabilité écologique et solidaire car il ne s’agit pas de mettre en place un plan de relance… mais de transformation !