Afin de répondre à l’attente de « certification » de l’ISO 26000 qu’il est impossible de délivrer compte tenu de sa nature même, l’AFNOR a choisi d’élaborer une norme expérimentale : la norme X30 – 027  « Rendre crédible une démarche de responsabilité sociétale basée sur l’ISO 26000″, plus communément appelée « Norme Crédibilité RS ».  Publiée en décembre 2010 et fondée sur l’établissement d’un rapport de crédibilité, son objectif est d’apporter de la crédibilité à une organisation ayant mis en oeuvre une démarche de responsabilité sociétale appuyée sur l’ISO 26000. 

Le 7 février dernier, l’AFNOR organisait une conférence à ce sujet dans les locaux de Pwc afin de nous présenter plus en détails cette méthodologie et de nous faire part de témoignages d’entreprises, en particulier celui de Pernod-Ricard qui s’est soumis à cet exercice et vient de publier son rapport de crédibilité RS.

La norme Crédibilité RS est destinée aux dirigeants et managers souhaitant faire reconnaître la pertinence de leur démarche RSE auprès de leurs parties prenantes, en particulier les parties prenantes externes.

Pour ce faire, six vecteurs de crédibilité ont été identifiés :

  • Le rôle des dirigeants de l’organisation, la gouvernance
  • Le dialogue avec les parties prenantes
  • La recherche de la pertinence de la démarche de Responsabilité sociétale
  • La formalisation
  • La reconnaissance
  • La capitalisation et l’amélioration continue

C’est donc sur ces différents éléments que Pascal Baranger, Isabelle Blaes et Gérard Cappelli se sont penchés pour analyser la crédibilité de Pernod Ricard. Ils ont mené pour cela toute une série d’entretiens auprès des dirigeants et de nombreuses parties prenantes choisies en concertation avec le Groupe (retrouvez l’ensemble de la méthodologie ici). C’est alors qu’un rapport de crédibilité a été publié, présentant une appréciation globale sur la pertinence et l’efficacité de la démarche en précisant les points forts et les axes d’amélioration.

Ce rapport final renferme une valeur ajoutée supposée puisqu’il évalue la pertinence des choix et des objectifs au regard des impacts significatifs et des attentes des parties prenantes et apporte un constat objectif sur l’efficacité du dialogue avec les parties prenantes ou encore l’atteinte des objectifs. Par ailleurs, pour André Hemard, directeur RSE de Pernod-Ricard, le rapport Crédibilité a un double intérêt : « il incite à mettre en oeuvre un nouveau plan d’action » et « renforce la cohésion des collaborateurs et leur adhésion à la politique RSE du Groupe ».

Pour Pascal Baranger de Pwc, nul doute : « le rapport de crédibilité en lui même est LA différence majeure susceptible d’apporter une véritable lisibilité aux travaux d’évaluation et de vérification conduits, d’ou in fine une meilleure crédibilité »

Cependant, nous sommes en droit de nous demander si ce rapport et cette norme ne constituent pas finalement « une couche supplémentaire », n’apportant aucun élément sur la performance de la politique RSE menée par l’entreprise et comme disait l’Autre, « cela commence à faire cher la vertu ». Le rapport Crédibilité est un simple outil de communication qui certes peut être utile face aux investisseurs et agences de notation mais qui n’inscrit en rien la politique RSE de l’entreprise dans une démarche d’amélioration continue. En effet, si des pistes d’amélioration ont été proposées à Pernod-Ricard, rien n’engage ni ne contraint le Groupe à les suivre.