Avec la COP25 sur le climat, la mise en place d’un Haut Conseil pour le climat, la convention citoyenne pour le climat, les rapports du GIEC… : les acteurs privés et publics continuent de se mobiliser pour prendre des engagements contre le changement climatique.

Partant du constat qu’aucune communication n’a été faite sur le type d’actions concrètes à réaliser pour s’aligner sur une trajectoire à 1,5°C, B&L évolution publiait il y a un an son étude « Comment s’aligner sur une trajectoire à 1,5°C en France ? ». Ce document, basé sur le rapport du GIEC, avait pour objectif d’identifier un ensemble de mesures qui permettait de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C sur le territoire français.

Nous avons donc déterminé quelle est la part des émissions qui pouvait être imputable pour un Français et le pourcentage de diminution que cela implique. Notre approche a été de calculer l’empreinte carbone liée à la consommation d’habitant : en 2030 un habitant ne devrait pas dépasser 3,7 tCO2e par an, ce qui correspond à une baisse de 63% en une dizaine d’années. Comment atteindre cet objectif ? Nous avons réfléchi à un ensemble de mesures à suivre de manière collégiale si l’on souhaite respecter la trajectoire, qui nécessite une réorganisation totale de la société. Se fixer un objectif 1,5°C c’est envisager un changement global de système : Etat, collectivités locales, entreprises.

Quel travail est à réaliser dans les territoires ?

La France reste un pays relativement vertueux comparé aux autres Etats et ne représente que 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si aucune action n’est réalisée d’ici 5 ans l’objectif de 1,5°C sera aussi difficile à atteindre. La résilience et l’adaptation sont nécessaires mais très mal pris en compte.

Quelle que soit la politique de l’Etat, l’appropriation au niveau local demande un engagement important des élus locaux. Localement, il existe des pouvoirs d’actions. Avec les élections municipales françaises de 2020 qui vont se tenir dans les prochains mois, pourquoi ne pas revoir nos ambitions à la hausse ? Voici quelques exemples pour passer à l’action sur les territoires :

  • Habitat

Tous les chauffages au fioul doivent être convertis d’ici 2025. Ceci implique de passer à un changement de système de chauffage dans tous les foyers du territoire chauffés au fioul et de développer un tissu local (à l’échelle de l’intercommunalité par exemple) d’artisans spécialisés dans les travaux à haute performance énergétique (rénovation, changement de chaudière, installation d’énergies renouvelables individuelles…).

  • Transport

Si la collectivité gère des transports en communs, tous les véhicules à remplacer doivent l’être par des véhicules électriques, au biogaz ou à l’hydrogène. Elle pourrait identifier des itinéraires propices à la pratique du covoiturage en développant des infrastructures facilitatrices et en réservant l’accès à certaines zones aux covoitureurs (parkings proches…) et mettre en œuvre un plan vélo.

Il faut repenser l’ensemble du territoire de manière à limiter le besoin de déplacement en relocalisant les services essentiels. Chaque individu devrait se trouver à moins d’une heure en transport doux ou collectif des services essentiels (à définir, sociaux, médicaux, poste…)

Il faut également vérifier que tout nouvel aménagement réduise significativement les émissions de GES en refusant tout projet d’aménagement qui augmenterait les émissions de GES du territoire. L’éclairage public doit être stoppé entre 23h et 6h.

  • Economie locale

Il faudrait pouvoir ouvrir au moins un espace de télétravail pour permettre à tous les habitants de pouvoir travailler à distance si leur emploi le permet, à raison d’une place pour 20 actifs. D’autres espaces doivent être créés : au moins une recyclerie pour 20 000 habitants, un point relais de livraison et un espace avec du matériel permettant de réparer (repaircafé) et/ou de prêter du matériel collectivisé.

  • Consommation et sobriété

Chaque territoire doit développer un projet d’autonomie alimentaire et réintroduire la production maraîchère locale. Par la même occasion, la consommation moyenne en électricité, eau et déchets de la ville doit pouvoir être affichée ou disponible en consultation. Ceci pourrait encourager les établissements à réduire leurs consommations d’énergie en adoptant la sobriété énergétique.

Il faudrait garantir une possibilité de consommer local en ayant accès à des produits à moins de 30 minutes en transport doux ou en commun pour tous les habitants et leur apporter une solution pour composter leurs déchets fermentescibles ou garantir leur collecte.

  • Energie

Chaque territoire devrait devenir d’ici 2025 un territoire à énergie positive si la densité de la ville est <100 habitant / km². Si le territoire est forestier, il faut créer un groupement d’exploitation des parcelles privées et développer la filière bois.

Ainsi, il existe une multitude de thèmes pour rendre un territoire vertueux pour le climat. Certaines actions concrètes peuvent même être mises en place à court terme. Même si les actions doivent être les plus ambitieuses possibles, elles doivent surtout être les plus réalistes, avec une approche transversale qui prend en compte aussi bien le climat que la biodiversité. Les territoires qui veulent aller plus loin dans leurs engagements, notamment en matière de biodiversité tout en prenant en compte les questions climatiques, peuvent suivre le dispositif Territoires Engagées pour la Nature lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, avec une initiative similaire pour les Entreprises Engagées pour la Nature. Un seul mot d’ordre : l’ensemble des acteurs doit travailler ensemble, d’urgence, pour relever ces défis !