Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire dévoile aujourd’hui le contenu de son plan climat.

Les discours politiques s’enchainent cette semaine en France ! Lundi 3 juillet, le président de la République Emmanuel Macron présentait son discours devant le Congrès, prévu pour fixer les priorités de son quinquennat et promettant un « changement profond ». Le jour suivant, c’était au tour du Premier ministre Edouard Philippe d’exposer sa déclaration de politique générale, s’attardant sur les mesures économiques et sociales à venir. Ce jeudi 6 juillet, c’est Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, qui est intervenu lors d’une conférence de presse pour dévoiler son plan climat, « qui doit dessiner la stratégie de la France en vue de limiter ses émissions de gaz à effet de serre mais aussi traduire en actes la volonté affichée par Emmanuel Macron de défendre l’accord de Paris de 2015 », indique FranceInfo.

« Faire de la France le pays numéro 1 de l’économie verte »

« Le plan climat n’est pas une fin en soi, c’est une colonne. On pourra y ajouter des vertèbres », a expliqué Nicolas Hulot. C’est en ces termes que le ministre entame son allocution avant d’ordonner ses idées en plusieurs axes. Ce plan climat vise à rendre « irréversible » l’accord de Paris et faire en sorte que la France « prenne sa part et le leadership dans le changement climatique », a-t-il déclaré.

Parmi les principaux engagements, on retiendra la fin des énergies fossiles en 2040 et une rehausse des objectifs nationaux vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans cet objectif, le Ministre annonce un renforcement des prix du carbone (augmentation du prix de la tonne de carbone à hauteur de 40% d’ici à 2030 mais cela reste à préciser pour la prochaine loi finance). De cette manière, « on introduit un avantage compétitif aux énergies pas carbonés », s’est-il justifié.

Il a poursuivi en déclarant : « Le charbon en France représente 5% de notre production d’électricité, c’est peu mais c’est beaucoup trop quand même ». Le ministre s’est donné pour objectif de cesser d’ici 2022 la production d’électricité à partir du charbon. Suite à la fermeture de ces sites industriels, les salariés seront accompagnés, grâce à un contrat de transition, vers d’autres secteurs. Une autre mesure phare concerne la mesure de la qualité de l’air autour des sites industriels, ce qui permettrait d’agir à la source en cas de pollution importante.

Un autre point essentiel aboutit à la fin de la vente des voitures à essence et diesel d’ici 2040. Des aides seront mises en place pour aider les ménages à remplacer leurs vieux véhicules diesel ou essence. « Nous allons accélérer le mouvement pour que les plus modestes puissent acheter des véhicules moins polluants », a-t-il déclaré. D’autres aides suivront pour entreprendre les rénovations nécessaires pour conduire à la fin des passoires thermiques dans les 10 prochaines années.

Nicolas Hulot a prévu d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Selon lui, c’est la solution d’avenir car nous aurons accès à une source d’énergie relativement inépuisable, et à terme gratuite. « Cette révolution énergétique que nous imposent les contraintes climatiques est une aubaine », a-t-il indiqué. A retenir également : son intention de mettre un terme d’ici à 2030 à la déforestation importée (produits importés qui conduit à la destruction des bassins).

Le but de ce plan climat est surtout de « faire de la France le pays numéro 1 de l’économie verte » et de Paris, la capitale de la finance verte.

L’avis de B&L évolution : 

Le plan climat présenté aujourd’hui par Nicolas Hulot est une annonce globalement réjouissante. Le monde, en particulier depuis la volonté de retrait de Donald Trump de l’Accord de Paris a besoin de leader assumé de la transition énergétique si l’on souhaite maintenir l’espoir de limiter le réchauffement climatique à 2°C.

Par cette feuille de route et en particulier par la volonté d’inscrire un objectif de neutralité carbone à 2050, Nicolas Hulot inscrit la France dans ce rôle de leadership, renforce les engagements français et confirme la volonté affichée lors de la COP21. Cette vision ambitieuse donne un signal clair à tous les acteurs, collectivités, entreprises et citoyens : la transition écologique et solidaire est une opportunité pour ceux qui décideraient de s’en saisir avant de devenir une contrainte pour ceux qui n’ont pas pris le train en route.

Pour autant, il faut garder en tête l’urgence des mesures concrètes à prendre. Si des objectifs ambitieux mais néanmoins réalistes sont précisés à l’horizon 2030, 2040 et 2050, ce sont les 3 à 4 prochaines années qui seront déterminantes et qui demanderont la mise en place de moyens ambitieux et d’actions immédiates. Sur ce sujet, le ministre ne souhaitait pas s’étendre dans des explications « techniques » et promet que les mesures adéquates suivront et seront notamment en partie précisées dans le projet de loi finance à la rentrée. La fin du charbon et l’alignement de la fiscalité des carburants avant 2022 ou l’accueil du prochain congrès du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) en 2018  sont cependant les seules annonces précises et opérationnelles concernant la période du quinquennat en cours. Si le gouvernement français souhaite être réellement crédible dans son rôle de leader de la transition écologique, il est donc maintenant nécessaire de prouver qu’il se donne les moyens de ses ambitions sans reporter la réalisation de ses objectifs sur les quinquennats suivants.

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