Depuis la loi Grenelle II, les entreprises de plus de 500 salariés, les collectivités territoiriales de plus de 50 000 habitants et les établissements publics de plus de 250 personnes sont tenus de comptabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre. Voici quelques éléments pour suivre cette mesure.
Réaliser un bilan de ses émissions de Gaz à Effet de Serre constitue un outil important de connaissance de son activité et d’aide à la décision, quels que soient la méthode et les outils utilisés (le Bilan Carbone ou la méthode réglementaire) par une organisation. Il apporte un nouvel éclairage sur les enjeux d’évolution d’une organisation, ses vulnérabilités économiques et climatiques, à partir d’une clé de lecture simple et concrète : ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Il permet de mieux connaître son patrimoine, d’argumenter des choix de gestion et de sensibiliser les collaborateurs au concept plus global de développement durable. B&L évolution a tiré de son expérience 4 éléments clés qui permettent d’optimiser l’efficacité et l’intérêt de ces démarches, que nous vous livrons sous forme de conseils.
Conseil n°1 : Impliquer sa direction et ses collaborateurs
Évaluer ses émissions de GES permet d’initier de nouvelles méthodes de travail, transversales, partenariales et participatives.
Calculer ses émissions de GES est aussi un formidable outil de mobilisation de la direction puisqu’il permet de montrer que les investissements actuels en vue de réduire les émissions éviteront des surcoûts d’organisation dans les années à venir. Cette démarche permettant la quantification du « risque économique » et de la dépendance énergétique de votre activité au regard de différents scénarios d’évolutions économiques prévisibles : hausse du cours des énergies fossiles, montée en puissance d’une taxe carbone… Cette transcription monétaire et une approche par les risques et les opportunités permet souvent une approche plus percutante de l’analyse des impacts énergétiques et environnementaux et plus audible par une direction.
Si l’exercice de comptabilité carbone est intéressant en soi, tout son potentiel se révèle, dès lors qu’il est perçu avec une vision stratégique de son activité, et cela ne peut se faire qu’avec un intérêt de la direction, d’où l’importance de trouver les clés pour attirer son attention.
Une fois la direction sensibilisée, il convient de ne pas oublier qu’une démarche de transition énergétique réussie suppose la coopération et l’implication de l’ensemble des collaborateurs de la structure. Il est donc très important de mobiliser massivement autour de la démarche dès son lancement et de profiter de différentes étapes clefs pour renforcer cette dynamique. Par exemple, lors des phases de collecte de données où sont souvent mobilisés différentes personnes ressources/services de manière transversale et lors de la co-construction du programme d’actions qui nécessite de mobiliser et de valoriser l’ensemble des savoir-faire et de l’expérience de la structure.
Conseil n°2 : Bien définir son périmètre
Seconde étape clef : la définition du périmètre est souvent critique. En effet, elle suppose d’interroger les modes d’organisation de sa structure afin de déterminer à quel niveau celle-ci peut agir pour réduire les émissions de GES liées à son activité. Dans la littérature, plusieurs approches se sont longtemps opposées. Désormais, la notion « d’émissions significatives » semble émerger de façon consensuelle. En fonction de son modèle économique, il s’agit de déterminer, au travers de sa chaîne de valeur, où se situe la responsabilité de l’organisation en terme d’émissions de GES et quelle est sa capacité à agir pour réduire les émissions de GES. Parfois, la majorité de l’impact climatique d’une structure sera constituée d’émissions « indirectes » pour lesquelles la structure devra mobiliser activement ses fournisseurs, ses bénéficiaires et ses clients pour réduire ses postes d’émissions significatives. On retrouve ici la notion essentielle de mobilisation des parties prenantes de l’organisation.
Avant de se lancer dans la collecte de données, il est important de prendre le temps de bien identifier ce qu’on veut obtenir. Pour nous, le plus important est de prendre en compte dans son périmètre les émissions desquelles l’organisation est la plus dépendante et celles sur lesquelles elle aura le plus de levier d’actions.
Conseil n°3 : Soigner sa collecte de données
Le calcul des émissions de GES d’une organisation repose sur la collecte des caractéristiques des flux énergétiques de l’organisation. Ces flux ainsi inventoriés sont convertis en quantités de gaz à effet de serre émises via les facteurs d’émission. Ces gaz sont exprimés en équivalent CO2 et en équivalent Carbone. Ces mêmes flux sont convertissables en énergie consommée. Il convient de souligner que la précision des résultats est étroitement liée à la finesse et à la pertinence des données collectées. De ce fait, il est primordial d’assurer la traçabilité des données collectées en vue d’un suivi ou d’une éventuelle mise à jour ultérieure des calculs.
Nous avons vu trop d’entreprises se perdre dans la collecte des données, devenant alors une étape chronophage et source de frustration, tant chez celui qui va collecter la donnée et qui ne l’obtient pas que chez celui qui doit la fournir et qui se sent oppressé. Les difficultés rencontrées au moment de la collecte des données sont souvent le reflet d’une organisation interne qui gagnerait à être mieux clarifiée.
Pour bien organiser sa collecte de données et pouvoir s’affranchir au mieux des aléas de l’organisation, il convient de préparer soigneusement la collecte en amont. Celle-ci suppose en effet :
- De dresser une liste des données à collecter : Afin de garantir une collecte suffisamment exhaustive, un plan de collecte doit être construit permettant d’identifier les ressources à activer pour chaque donnée à collecter (personnes ressources, services concernés, date et modalités de la collecte…). Dans un premier temps, assurez-vous que ces personnes disposent bien de la possibilité de récupérer les données avant de leur imposer une date butoir pour fournir une donnée qu’elles n’ont potentiellement pas.
- La construction d’une matrice de collecte : Après avoir validé le périmètre d’étude et réalisé l’état des lieux des données disponibles, il s’agit de construire une matrice de collecte permettant de centraliser l’ensemble des données au même endroit. La forme de cette matrice de collecte dépend évidemment de l’environnement de la structure : elle doit être adaptée à ses collaborateurs et à son système de management de l’information.
- La définition des paramètres de traçabilité : Afin d’assurer la traçabilité et la transparence des calculs d’émissions, la matrice doit préciser, pour chacune des données collectées, l’unité (m2, m3, kWh, tonnes, etc.), la pertinence (incertitude), la date de collecte (afin de permettre sa mise à jour) et la source (personne physique / rapports : collaborateurs / fournisseurs…).
- De préparer les outils de collecte : certaines données ne seront vraisemblablement pas disponibles dans le système d’information de la structure. Pour ce genre de cas, il s’agit de construire des outils de collecte adaptés à la culture et aux moyens techniques de la structure (questionnaires, guide d’entretiens…).
Il faut également s’assurer que les personnes sollicitées comprennent la pertinence de la démarche. Pour cela, rien de mieux que d’organiser un atelier de sensibilisation en amont de la phase de collecte.
Conseil n°4 : Suivre et évaluer sa démarche
Évaluer ses émissions de GES permet de renforcer la culture de l’évaluation et du résultat. Le programme d’actions sera à détailler sous forme de fiches-action. Celles-ci doivent faciliter la mise en œuvre et le suivi du plan d’actions, et permettront de garantir son efficacité dans le temps, dans une logique d’amélioration continue. Chaque action doit donc être associée à un ensemble d’informations permettant le suivi de la démarche (description de l’action, objectif, résultats attendus, calendrier prévisionnel, personnes ressources…).
En effet, une démarche réussie suppose de définir dès le départ le système de management adéquat qui permettra de mettre à jour régulièrement les calculs afin d’évaluer les impacts des actions retenues. Pour cela, il convient de définir pour chaque action un ensemble d’indicateurs de suivi, de préférence quantitatifs, permettant de suivre le déploiement opérationnel des actions (nombre d’actions mises en place) et les résultats engendrés (quantité d’énergie économisée ou émissions de GES évitées).
Les systèmes de suivi et d’évaluation peuvent être composés :
- d’indicateurs et d’objectifs de réalisation des actions,
- d’indicateurs et objectifs d’impacts globaux et par activité,
- d’indicateurs ou de questions évaluatives pour apprécier qualitativement la démarche,
- d’indicateurs quantitatifs pour mesurer les impacts des actions et leur efficacité.
Cependant, il convient également de garder à l’esprit que ces outils doivent rester simples d’utilisation dans le contexte et les contraintes propres à chaque structure. Le nombre d’indicateurs retenus sera à limiter afin d’éviter de créer un processus trop consommateur de temps et de moyens. Dans le cas où ces outils seraient destinés à être partagés à plusieurs collaborateurs, il est important de veiller à ce qu’ils soient accompagnés d’un dispositif de formation adéquat.
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