La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose à près de 50 000 entreprises européennes de publier des informations extra-financières sur leurs politiques et actions de durabilité, et ce à partir de 2025, sur l’exercice 2024. Cette directive européenne prévoit que les entreprises identifient au préalable leurs enjeux matériels en réalisant un exercice de double matérialité, afin de cibler les enjeux prioritaires sur lesquels reporter. On parle de double matérialité car il s’agît d’identifier :
- d’une part l’impact de l’activité DE l’entreprise sur les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernances [matérialité d’impact]
- d’autre part l’impact de ces sujets, d’un point de vue risque ou opportunité financière SUR l’entreprise [matérialité financière]
Ainsi, l’analyse de double matérialité est un véritable outil stratégique au service de l’entreprise.
Mais comment s’y prendre ? Quelles sont les étapes clés pour réussir sa double matérialité ? Après avoir réalisé de très nombreuses analyses de double matérialité, BL évolution vous partage les principales pistes pour vous lancer, étape par étape.
Tous les enjeux considérés comme matériels doivent ensuite être complétés avec les data points afin de définir les informations (qualitatives et quantitatives) à divulguer.
La méthodologie de l’élaboration de la double matérialité doit être expliquée dans le reporting (ESRS 2), puisque l’auditeur doit l’approuver.
Réussir son analyse en s’entourant des bons interlocuteurs
Plusieurs éléments sont essentiels afin de réussir son exercice de double matérialité :
- Solliciter des experts externes est fortement recommandé pour alimenter notamment la vision impact, et ainsi apporter une perspective sur les enjeux.
- Impliquer les experts internes (notamment par métier ou site géographique) est indispensable pour approfondir l’orientation stratégique d’une dimension, notamment en termes de risques et opportunités.
- Créer un Comité de Pilotage est stratégique pour impliquer rapidement les directions qui seront concernées par l’exercice de reporting, pour recueillir leur vision, mais aussi pour déconstruire les freins et obtenir progressivement leur adhésion au projet.
- Mobiliser la direction est enfin un impératif pour la réussite de l’exercice, tant la dimension stratégique de la double matérialité et de la CSRD est importante. L’objectif est ainsi d’aligner la prise de décision avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
La double matérialité, un outil au service de l’entreprise
La double matérialité n’est pas une simple obligation réglementaire : elle joue un rôle central dans la prise de décisions stratégiques, notamment en alimentant la stratégie RSE de l’entreprise. Elle permet d’identifier ses impacts et dépendances vis-à-vis de l’environnement et de la société sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, mais aussi de mieux gérer les risques et opportunités qui y sont liés.
L’exercice de double matérialité est également un excellent moyen pour continuer de renforcer le dialogue avec ses différentes parties prenantes, en entraînant une communication ouverte et transparente sur ses enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (consulter nos 6 livrets méthodologiques sur le dialogue parties prenantes réalisés avec l’ORSE). Si la consultation des parties prenantes est recommandée, c’est parce qu’elle accrédite la démarche et permet d’écouter la vision d’acteurs clés pour son développement.
En définitive, l’analyse de double matérialité est un exercice qui peut apparaître complexe pour les entreprises mais dont l’appropriation est cruciale pour anticiper la CSRD et challenger ses pratiques internes. Cette analyse des impacts de l’entreprise sur la société et l’environnement, ainsi que des risques et opportunités associés aux enjeux de durabilité, représente donc un outil pertinent non seulement pour le reporting extra-financier, mais également pour la prise de décision et pour orienter sa stratégie RSE et sa stratégie d’entreprise pour assurer la résilience de son modèle d’affaires.