Il est nécessaire d’ouvrir un dialogue entre la communauté scientifique, la société civile et les pouvoirs publics afin d’identifier des solutions pour atténuer l’impact du changement climatique. Cet avis a été adopté au cours de l’assemblée plénière du 11 octobre 2017 au CESE. Focus sur les recommandations qui permettront un dialogue efficace entre les scientifiques du climat et la société d’une part, et les acteurs de la recherche et du monde économique d’autre part.
Jean Jouzel (Groupe des personnalités qualifiées) et Julien Blanchet (Groupe des Organisations étudiantes et mouvements de jeunesse), tous deux rapporteurs de l’avis pour la section de l’environnement, ont présenté les recommandations du CESE sur le dialogue sciences-société.
Le réchauffement climatique lié à nos activités humaines est déjà perceptible dans les régions (cyclones, incendies…) et il y a un risque d’amplification. La communauté scientifique est intéressée par un dialogue avec la société pour avoir un retour à la fois des décideurs politiques, des acteurs socioéconomiques et des citoyens à travers des associations. « La France a besoin de la société comme la société a besoin de la science. La société du XXIème a besoin de dialogue renforcé pour qu’elle soit performante, pour que les résultats soient transférés dans la société, qu’ils soient acceptés », explique Julien Blanchet. Il ajoute : « Le renforcement de ce dialogue facilitera de répondre aux enjeux climatiques et faire reculer les fausses informations ».
La science peut être une réponse si elle est réalisée dans le dialogue et si la recherche peut se faire par les scientifiques mais aussi par des citoyens qui participent au projet de recherche. « Une science du XXIème siècle est une science plus partagée, plus coproduite pour qu’elle soit plus accessible », conclut-il.
Rendre accessible les données scientifiques et faciliter les flux entre politiques et scientifiques
- Créer au niveau du Président de la République et sous son autorité, en s’inspirant de l’exemple du Royaume-Uni, un poste de « chief scientist », qui serait confié à un.une chercheur.euse de haut niveau, internationalement reconnu.e.
- Envisager une évolution de l’OPECST vers une instance composée de membres des trois assemblées (Parlement et CESE), pour répondre à leur besoin commun d’analyse des choix scientifiques et technologiques.
- Encourager les chercheur.euse.s français.e.s à s’impliquer et si possible à renforcer leur présence dans le processus du GIEC, et leur assurer un soutien financier spécifique des ministères concernés.
- Simplifier les démarches d’appels à projets pour les PME afin de renforcer les opportunités de création de projets collaboratifs concernant tout particulièrement l’accès aux services climatiques. Dans ce cadre les chambres consulaires sont invitées à accroître leur contribution.
- Mieux contrôler les liens d’intérêt des chercheur.euse.s en instaurant une déclaration systématique de tous les liens, financiers ou non, existants entre ces dernier.ère.s et les industriel.le.s.
- Organiser un dialogue permanent entre la communauté scientifique et les acteur.rice.s de l’entreprise sur le développement des services climatiques.
- Valoriser les savoirs d’expérience, d’usage ou l’expertise citoyenne en les mobilisant plus systématiquement dans la construction des projets de recherche sur le changement climatique et les démarches scientifiques dans les territoires.
- Développer dans les universités et organismes de recherche une mission « recherche participative » fondée sur un partenariat avec des associations afin de favoriser les échanges science citoyenne – science académique.
- Multiplier les expériences d’évaluation de la recherche par une communauté de pair.e.s étendue aux non-scientifiques.
- Faciliter en temps et en moyens les efforts des chercheur.euse.s pour établir et maintenir des liens avec la société. Pleinement reconnaître et valoriser ces efforts dans la formation doctorale, comme dans le déroulement de leur carrière.
- Faire des regroupements d’universités, d’écoles et d’organismes de recherche à devenir des lieux de débat en territoires associant scientifiques et représentants de la société civile sur les politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatiques. Dans ce cadre les CESER doivent utilement être associés.
- Faire émerger des mécanismes de saisine directe des organismes de recherche et des universités par les citoyens et leurs différentes formes d’organisation.
- Faire bénéficier des projets de recherche dans le domaine des sciences climatiques, qui développent une dimension de dialogue sciences-société, de financements dans la durée.
ALLISS, acteur des dialogues sciences-sociétés
La question est majeure. De nouvelles structures émergent qui réussissent à développer les sciences participatives, à l’instar d’ALLISS qui réunit des acteurs de provenances diverses, dont B&L évolution est administrateur, représenté par Alain Tord et Ghislaine Hierso. ALLISS se définit comme un collectif et une plateforme de travail réunissant plus de 80 acteurs issus de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la société civile, d’entreprises, de syndicats, d’autorités administratives et de collectivités locales. Ce collectif reconnaît « l’importance cruciale des collaborations entre les acteurs de la recherche, de l’enseignement supérieur et les acteurs sociaux ».
En mars 2017, ALLISS a publié un livre blanc intitulé « Prendre au sérieux la société de la connaissance » dans lequel une piste d’amélioration des politiques publiques est proposée. A cette occasion est développé le concept de « Tiers État de la recherche », un terme évoquant la multitude d’acteur.rice.s dit.e.s de la société civile qui s’engagent dans des dynamiques d’innovation et la production de connaissances sans pour autant être reconnus comme des partenaires de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une collaboration entre citoyens, scientifiques et entreprises serait ainsi possible.
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