Fraude à la viande de cheval : le nouveau scandale sanitaire est là et entraîne une nouvelle fois stupeur et incompréhensions. Alors que les multiples acteurs d’une chaîne agro-alimentaire des plus complexes se renvoient la balle et cherchent le coupable, une chose est sûre, la victime est une fois de plus le consommateur.

Le 31 janvier dernier au colloque du CESE, Guillaume Garot se félicitait de voir l’ensemble de la filière agro-alimentaire s’engager toujours plus vers une responsabilité sociétale, notamment via la déclinaison spécifique de l’ISO 26000. 10 jours plus tard, cette filière qui se dit être pionnière en matière de RSE et assure avoir mis en place un système de traçabilité des plus rigoureux au monde est touchée de plein fouet par ce nouveau scandale sanitaire.

Combien de scandales faudra-t-il encore pour que les entreprises prennent conscience de la nécessité d’agir et de placer la RSE au coeur de leur stratégie ? Pour s’en convaincre, grands nombres d’acteurs cherchent aujourd’hui à évaluer la rentabilité d’une stratégie RSE, peut-être devrait-on plutôt calculer le coût potentiel lié à l’inaction ? Dans ce cas à combien pourrait-on donc chiffrer le préjudice pour Findus ?

Défiance des consommateurs, boycott de la marque, image entachée pour plusieurs années : les pertes financières à venir seront lourdes. Par ailleurs, quelle fierté reste-t-il aux collaborateurs, premiers porte-parole de l’entreprise ? La mise en place d’une solide politique RSE aurait permis d’anticiper ces risques et d’y faire face.

Dans une chaîne agro-alimentaire complexe et décomposée en dizaines de maillons, la recherche de la rentabilité immédiate semble être plus prégnante que la responsabilité envers le consommateur. La multiplication des intermédiaires dilurait-elle la responsabilité de chacun d’entre eux ? Et si nos grandes entreprises telles que Findus, Auchan, Casino, Carrefour, Cora, Monoprix, ou Picard affirment mettre en oeuvre une réelle politique RSE, il est clair qu’elle en ont oublié un élément fondamental : le dialogue avec les parties prenantes, et plus particulièrement avec les fournisseurs.

La responsabilité sociétale est une démarche de fond, elle va au delà du marketing durable ou de l’éco-conception et doit s’intégrer à la gouvernance de l’entreprise. Etre responsable c’est agir de façon transparente, mais au vu des nombreux tabous qui entourent l’élevage et l’abbatage, de nombreux efforts restent à réaliser. Or, comme nous le fait remarquer Olivier Blond, rédacteur en chef de GoodPlanet info, « l’État devrait prendre à bras le corps ce sujet, et ce, avec tout le sérieux qui se doit. Pourtant, lorsque Allain Bougrain-Dubourg a proposé un projet d’avis sur la condition animale au Conseil Economique, Social et environnemental, celui-ci a été refusé. »

Ce scandale, qui ne semble pas poser de problème en terme de santé publique (la viande chevaline étant comestible) stigmatise les problèmes de notre société et le besoin flagrant de transparence. Il est temps de sortir du brouillard.