Alors que la France s’apprête à accueillir les Jeux Paralympiques après avoir vue briller nombre de ses athlètes lors des JO, les projections climatiques dressent déjà un tableau préoccupant pour l’avenir de l’événementiel sportif. Selon le scénario retenu par la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC), la planète pourrait voir ses températures augmenter de 3°C d’ici 2100, soit environ 4 °C en moyenne sur la France métropolitaine. Le changement climatique impactera directement la santé des athlètes, affectera les infrastructures sportives et complexifiera l’organisation face à des conditions météorologiques extrêmes.

Comment les JO peuvent-ils anticiper ces défis et mettre en œuvre des stratégies nécessaires pour garantir la réussite des Jeux dans un futur marqué par le changement climatique ?

 

Impact du changement climatique sur la santé des athlètes

Le réchauffement climatique pose un défi majeur à la santé des athlètes, avec des conséquences directes sur leurs performances. Les conditions météorologiques extrêmes, telles que les vagues de chaleur, les taux d’humidité élevés et la pollution de l’air, sont autant de facteurs qui peuvent affecter gravement les sportifs.

Chaleurs, précipitations extrêmes et performances sportives

Le stress thermique dû à des températures élevées peut entraîner des coups de chaleur, une déshydratation et des problèmes cardiovasculaires. Lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, les températures élevées et les pluies torrentielles ont créé des conditions difficiles pour les compétiteurs. De même, les Jeux de Tokyo 2021 ont nécessité des mesures d’urgence pour protéger les athlètes de la chaleur intense. Lors du triathlon à Paris 2024, l’un des participants a été malade à plusieurs reprises en raison de la chaleur accablante.

Les orages et les précipitations extrêmes augmentent les risques de blessures et d’infections, notamment pour les épreuves en extérieur.

Qualité et pollution de l’air

La pollution de l’air, exacerbée par le changement climatique, pose un risque important pour les athlètes, en particulier ceux souffrant de problèmes respiratoires comme l’asthme. La pollution atmosphérique, notamment la teneur en ozone qui augmente avec la température, peut entraîner des pathologies respiratoires et affecter directement les performances sportives.

Taux d’humidité élevé

Un taux d’humidité élevé complique la régulation de la température corporelle des athlètes, augmentant les risques de stress thermique et de déshydratation. Les sports d’endurance, tels que le marathon et le cyclisme, sont particulièrement vulnérables à ces conditions, et nécessitent des stratégies d’adaptation spécifiques pour maintenir la performance et la santé des sportifs.

Conséquences pour les spectateurs

Ces conditions peuvent également affecter les spectateurs. Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 20210, athlètes et spectateurs on dû faire face à des températures record et une humidité élevée, entraînant des risques accrus de déshydratation et de coups de chaleur. De même, à Paris 2024, les vagues de chaleur qui ont déjà touché le sud de la France illustrent l’urgence de planifier des mesures adéquates afin de protéger non seulement les athlètes, mais aussi le public.

Scénario de réchauffement à +4°C

En envisageant un scénario de réchauffement de +4°C, les défis deviennent encore plus complexes. L’augmentation des températures et des précipitations peut favoriser la propagation de maladies infectieuses telles que le paludisme et la dengue. Les athlètes seront plus exposés au stress thermique, ce qui affectera leur performance et leur santé globale. De plus, les perturbations des systèmes alimentaires pourraient entraîner des problèmes de nutrition et de santé pour les populations locales et les visiteurs. Une adaptation constante et des stratégies sont nécessaires pour assurer la sécurité et le bien-être de tous pendant les prochains Jeux Olympiques.

Le changement climatique impose une réévaluation constante des mesures de sécurité et des stratégies d’adaptation pour les Jeux Olympiques. En anticipant ces défis, les organisateurs peuvent mieux protéger les athlètes et garantir que cet événement global de célébration sportive reste une vitrine de l’excellence humaine, malgré un climat de plus en plus hostile.

 

Adaptation des installations sportives aux nouvelles conditions climatiques

Les Jeux Olympiques de demain devront faire face à des défis sans précédent en matière d’infrastructures, notamment en raison du changement climatique. Les installations devront être conçues pour résister à des conditions météorologiques extrêmes et imprévisibles : températures élevées, vagues de chaleur, inondations, tempêtes, et précipitations intenses. Par exemple, lors des JO de Rio 2016, les fortes pluies et inondations ont endommagé plusieurs installations, tandis que les JO de Paris 2024 ont déjà connu des reports d’épreuves à cause de fortes pluies mettant à rude épreuve le système d’égouts de la ville.

Pour répondre à ces défis, plusieurs adaptations des infrastructures sont nécessaires :

  • La création de zones ombragés pour protéger les athlètes et les spectateurs des vagues de chaleur.
  • Des systèmes de refroidissement permettra de réduire le stress thermique des athlètes.
  • L’amélioration des systèmes de drainage pour faire face aux précipitations extrêmes et aux inondations et garantir la sécurité des compétitions.

Répercussions sur la durabilité des infrastructures existantes

L’adaptation des infrastructures sportives aux nouvelles conditions climatiques a des répercussions significatives sur leur durabilité. Des investissements colossaux dans la construction et la maintenance sont nécessaires pour assurer la sécurité et la performance des athlètes, mais ils posent également des défis économiques et environnementaux.

Un exemple concret est celui des pistes de luge, de skeleton et de bobsleigh, qui nécessitent des systèmes de réfrigération pour maintenir la glace en bon état. Avec l’augmentation des températures, ces systèmes doivent fonctionner plus intensément, ce qui accroît la consommation d’énergie et les coûts opérationnels.

Adaptation aux Jeux Olympiques d’hiver

La situation est en effet plus critique pour les Jeux Olympiques d’hiver. Alors que la France a été désignée pour accueillir les JO d’hiver dans les Alpes en 2030, les projections climatiques indiquent qu’à horizon 2050, l’enneigement naturel pourrait être réduit de plusieurs semaines et le manteau neigeux perdre jusqu’à 40 % de son épaisseur en moyenne montagne. Cette diminution rendra la neige de culture insuffisante à mesure que les températures mondiales augmentent.

Un réchauffement de +4°C d’ici 2100 pourrait rendre 98 % des 2234 stations de sports d’hiver européennes non viables, d’autant plus que les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que la moyenne planétaire. La production de neige artificielle, bien qu’une solution à court terme, est coûteuse et de moins en moins efficace avec la hausse des températures. Elle peut même être considérée comme une mal-adaptation, aggravant les problèmes environnementaux et financiers.

Lors des JO d’hiver de Sotchi en 2014, des températures anormalement élevées ont nécessité l’utilisation de neige stockée et de technologies avancées pour maintenir les pistes de ski. A Pyeongchang en 2018 et à Pékin en 2022, la neige artificielle a été massivement utilisée, atteignant 100 % à Pékin.

Quel avenir pour les JO d’hiver ?

L’avenir des JO d’hiver dans un monde réchauffé est donc incertain. Une étude révèle que d’ici 2050, seuls dix des 21 sites ayant accueilli des JO d’hiver depuis 1924 pourraient encore être viables pour de tels événements dans un scénario d’émissions élevées. La France, seule candidate pour les JO d’hiver 2030, devra prendre des mesures importantes pour adapter ses infrastructures et maintenir l’attrait des sports d’hiver face à ces défis climatiques.

Les infrastructures des Jeux Olympiques doivent évoluer pour répondre aux impacts croissants du changement climatique. La France doit également chercher des solutions durables pour préserver ses stations de ski et garantir l’avenir de ces territoires.

 

 

Organisation et préparation des JO face aux défis climatiques

Les événements météorologiques extrêmes, qui deviennent de plus en plus fréquents et intenses, posent des défis majeurs pour l’organisation des Jeux Olympiques. Cette réalité nécessite une planification rigoureuse et une gestion de crise efficace pour assurer la sécurité des athlètes et des spectateurs.

Par exemple, la surveillance épidémiologique des vagues de chaleur, comme celle mise en place dans le cadre du Plan national canicule en France, permet d’évaluer la situation sanitaire et d’adapter les mesures de gestion en temps réel.

Gestion des événements extrêmes

Les organisateurs des JO doivent anticiper et planifier pour faire face à des conditions météorologiques imprévues. Ils doivent désormais mettre en place des plans d’urgence pour évacuer les sites, fournir des soins médicaux et assurer la communication avec les spectateurs et les participants. Par exemple, lors des JO de Tokyo 2020, les organisateurs ont dû ajuster les horaires des compétitions pour éviter les heures les plus chaudes de la journée, réduisant ainsi les risques de déshydratation et de coups de chaleur pour les athlètes.

De plus, la mise en place de stratégies d’adaptation pour les infrastructures et les opérations est cruciale. Cela peut inclure l’utilisation de technologies durables, la mise en place de systèmes de gestion de l’eau pour contrer les pénuries ou les excès, et l’adoption de pratiques écologiques pour réduire l’empreinte carbone des Jeux.

Anticiper et planifier pour faire face aux évènements extrêmes

L’anticipation et la planification sont essentielles pour le succès des JO dans un contexte de changement climatique. Les organisateurs doivent intégrer des mesures de durabilité et de résilience dans leurs projets. Par exemple, les JO de Paris 2024 ont mis en place des initiatives pour réduire de moitié les émissions de carbone par rapport aux éditions précédentes, en utilisant des infrastructures temporaires ou existantes et en favorisant les mobilités douces. De plus, des cartes interactives et des applications mobiles peuvent aider les spectateurs à planifier leurs déplacements et à accéder aux sites des compétitions de manière plus efficace et moins carbonée.

Collaboration et sensibilisation

La collaboration avec les gouvernements locaux, les experts en climatologie et les organisations environnementales est également essentielle pour élaborer des plans robustes et résilients face aux défis climatiques. Cela inclut la sensibilisation et l’engagement du public et des sponsors sur les initiatives de durabilité.

 

Vers des JO éco-responsables ?

Les Jeux Olympiques, en tant qu’événement mondial de célébration sportive, doivent évoluer pour intégrer les défis du changement climatique et garantir leur durabilité. Le changement climatique affectera la santé des athlètes, les performances sportives, les infrastructures et l’organisation globale des Jeux. Cela implique non seulement l’adaptation des infrastructures pour garantir le bon déroulement des compétitions, mais aussi la mise en place de systèmes de gestion de crise pour assurer la sécurité des athlètes et des spectateurs. En adoptant des stratégies de durabilité et de résilience, la France, en se préparant pour les JO d’hiver de 2030 et les défis que cela implique, a l’opportunité de montrer la voie vers des Jeux plus durables et résilients.

 

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