Le 5e anniversaire de l’adoption des ODD est l’occasion de faire un état des lieux de la mobilisation des entreprises en France. Afin que ce point d’étape soit complet, BL évolution a décidé d’intégrer à son analyse annuelle « 5 ans après, comment les entreprises se saisissent des ODD ? » les retours d’experts. Chacun d’entre eux donne ainsi sa vision sur la mobilisation des acteurs économiques français. Comment ces acteurs s’approprient les ODD ? Que pensent-ils de la contribution des entreprises à la réalisation d’un Agenda mondial ?
A travers l’étude des communications du SBF 120, force est de constater que les entreprises se saisissent du sujet de manière encore trop timide, pour la plupart, pour pouvoir dès à présent parler d’un impact réel. Quels sont les ODD les plus cités dans les communications d’entreprise ? Quels secteurs se démarquent par leur mobilisation ? Quelles pratiques adopter pour s’engager concrètement ?
81% des entreprises du SBF120 utilisent les ODD, soit 20% de plus qu’en 2018.
En 2019, la majorité des entreprises utilisent les ODD dans leur Document d’Enregistrement Universel (DEU) : mention globale des ODD, explication de leur contribution (sensibilisation, mesure d’impact ou partenariat…), explication par les cibles…
On pourra noter que la communication des entreprises se précisent : elles sont cette année 30% à utiliser les cibles des ODD et 15% à communiquer sur le suivi de leur contribution, une tendance particulièrement forte parmi les entreprises ayant un chiffre d’affaires inférieur à 1 milliard d’euros.
Tous les secteurs mobilisés pour les ODD
Bonne nouvelle : une analyse sectorielle nous permet de voir que tous les secteurs font référence aux ODD, et ce depuis 2018, la tendance ne fléchit pas. Toutefois, certains secteurs réussissent à se démarquer grâce à la mobilisation de l’ensemble des entreprises du secteur. Par exemple, le secteur des Transports est le seul dont 100% des entreprises utilisent les ODD dans leur DEU. La raison ? Leurs acteurs peuvent se référer directement aux ODD 7, 12 et 13, liés à leur cœur de métier.
Les secteurs dont le cœur de métier est directement lié à un ODD seraient-ils donc plus mobilisés que les autres ? Pas tout à fait… Le secteur de la Santé et Alimentation est l’un de ceux qui communique le moins sur les ODD et pourtant, leur mobilisation est l’une des flagrantes par rapport aux autres !
Lutte contre le changement climatique et l’égalité femmes-hommes en tête des ODD cités
Les entreprises ne citent pas toujours tous les ODD. Certains sont plus cités que d’autres, tels que :
- L’ODD 8 (travail décent et croissance économique),
- l’ODD 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques),
- l’ODD 12 (Consommation et production responsable)
- l’ODD 5 (Egalité entre les sexes).
Ces 4 ODD sont en effet souvent reliés aux pratiques et mesures mises en place au sein de l’entreprise. Ils transmettent également des messages forts et d’actualité. Par exemple, la lutte contre le changement climatique et l’égalité femmes/hommes sont deux sujets sur lesquelles les entreprises ont été particulièrement questionnées en 2019 par la société civile : les nombreuses marches pour le climat, la création d’une convention citoyenne pour le climat, le mouvement #metoo, l’indice de parité homme-femme… On notera toutefois que ce sont les thématiques environnementales qui prennent le pas sur les thématiques sociales, moins citées.
A contrario, les entreprises semblent avoir plus de difficulté à mettre en correspondance leurs engagements RSE avec les ODD relatifs à la faim (ODD 2), à la vie aquatique (ODD 14) et à la pauvreté (ODD1).
Quelques pratiques adoptées par les entreprises pour communiquer sur leur contribution aux ODD
Les ODD semblent être intégrés dans le langage courant de la RSE. Ils s’invitent dans les modèles d’affaires, les services innovation s’en inspirent… toutefois, La clé du succès, comme le rappellent les experts, est de ne pas se limiter à la stratégie RSE mais bien de faire en sorte que chaque métier de l’entreprise ait connaissance des ODD.
Or, les entreprises intègrent les ODD de façon similaire dans leur DEU. Le niveau d’intégration et la façon de communiquer sur les ODD par les entreprises s’alignent souvent avec la place qu’elles leur donnent au sein même de leur structure. Trois pratiques reviennent couramment :
- Insérer les logos tout au long du rapport : Un paragraphe introductif précise généralement la contribution de l’entreprise aux ODD, puis ces derniers sont insérés tout au long du chapitre. Les logos ODD servent à illustrer l’engagement de l’entreprise.
- Intégrer une table de correspondance: Les entreprises l’utilisent soit pour faire le lien entre la stratégie RSE et les ODD, soit, de façon plus formelle, en synthèse de la DPEF.
- Prioriser sa contribution aux ODD : Un grand nombre du SBF120 sélectionne les ODD sur lesquels travailler. Il s’agit souvent des ODD liés au cœur de métier.
Certaines pratiques sont moins courantes et pourtant plus pertinentes, par exemple, mesurer sa contribution en fonction de son chiffre d’affaire, et suivre son évolution. La prochaine étape alors sera non pas de répartir le CA par ODD mais d’identifier l’impact réel positif et négatif du CA sur les ODD et de réorienter ce dernier vers les impacts positifs afin de réduire les impacts négatifs.
Mesurer l’atteinte des ODD, s’appuyer sur la transversalité des ODD et structurer sa contribution, identifier les risques et opportunités, innover pour développer de nouveaux produits et services… sont autant de pratiques à adopter pour s’engager concrètement. Veolia, Worldline, Saint-Gobain, Atos, Ingenico ou encore Kering sont exemplaires à ce niveau.