Un nouveau rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de paraitre en ce début du mois d’août. Il porte sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres. Ce nouveau document approuvé par l’ONU permettra-t-il de mobiliser l’ensemble des acteurs ?
Le nouveau rapport du GIEC fait un état des lieux de l’impact du changement climatique actuel et à venir sur les terres, et montre la façon dont la modification de l’usage des sols (pratiques agricoles, déforestation…) altère le climat. Les scientifiques rappellent donc que les activités humaines ont une influence sur la qualité des sols, participant ainsi au réchauffement climatique. Les usages humains affectent directement plus de 70% de la surface terrestre mondiale, en dehors de la surface glaciaire, tout de même !
L’agriculture, la sylviculture et autres activités d’utilisation des terres ont représenté environ 23% des émissions anthropiques nettes totales de GES. En réponse aux changements environnementaux induits par l’humain, des puits de carbone d’environ 11,2 Gt CO2 sont provoqués, ce qui représente 29% des émissions totales de CO2 (entre 2007 et 2016). Réduire la dégradation des terres est donc essentiel mais quels autres avantages à cela ?
Quels changements pour préserver la biodiversité et limiter le changement climatique ?
Les puits de carbone générés, en réponse naturelle des terres aux changements environnementaux induits par l’Homme, modifient le cycle naturel du carbone et impactent le système vivant. La réduction de la dégradation des terres assure des avantages immédiats et durables dans les collectivités et aide de surcroît à l’atteinte de nombreux Objectifs de développement durable (ODD). Ces résultats font écho au rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des écosystèmes, publié en mai 2019.
Certains changements observables restent difficilement interprétables à travers le prisme du changement climatique. Il est donc important d’initier une réflexion sur la vulnérabilité d’un territoire et de son adaptation au changement climatique. En effet, l’adaptation et l’atténuation au changement climatique peuvent être une solution à la dégradation des sols et participer à la lutte contre la désertification et l’amélioration de la sécurité alimentaire. Le rapport mentionne toutefois des obstacles à l’adaptation et des limites à la contribution des territoires à l’atténuation mondiale.
Vers une évolution de notre alimentation pour faire face au changement climatique ?
Les experts scientifiques se sont également penchés sur l’impact du changement climatique sur le système alimentaire mondial. Les événements climatiques extrêmes qui se produisent, comme la canicule qui a atteint +45°C en juillet en France par exemple, affectent profondément la biodiversité, les sols et en particulier les récoltes.
Dans certaines régions, le régime alimentaire de la population a évolué, nécessitant ainsi plus de terres et d’eau, ce qui augmente considérablement les émissions de gaz à effet de serre. L’exploitation des terres a fortement augmenté et représente environ 23% des émissions de GES mondiales. Comment continuer de nourrir la population mondiale tout en suivant l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C et de préserver les écosystèmes ?
Afin d’assurer la sécurité alimentaire mondiale malgré le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité, le GIEC demande de revoir la manière dont les terres agricoles sont cultivées. Quelques pistes sont proposées pour limiter les impacts des pratiques agricoles : des campagnes de sensibilisation, une gestion plus durable des sols, l’utilisation de bioénergies…
Les actions peuvent être prises à court terme, sur la base des connaissances existantes, tout en soutenant des réponses plus durables qui permettent une adaptation et une atténuation du changement climatique. Des mesures peuvent être mises en place pour assurer la gestion des risques et diffuser les connaissances face aux différentes situations évoquées ci-dessus. Un changement sociétal, politique et économique est donc primordial pour faire face aux menaces du changement climatique ! Si la société civile se rend de plus en plus compte des efforts à mener, espérons qu’une prise de conscience émergera du côté des décideurs.