Charte de l’éclairage durable : un outil pour réduire la pollution lumineuse

10 fiches pour inciter les municipalités à entamer la transition vers un éclairage public respectueux de la biodiversité nocturne. Intervenant en tant qu’expert éclairage/pollution lumineuse auprès de Noé et son programme « Nuits de Noé », BL évolution a participé à la rédaction La Charte de l’éclairage durable et qui vise à aider les collectivités à se conformer à la réglementation en vigueur tout en adoptant les meilleurs choix pour protéger la faune et la flore nocturnes.

Un outil à destination des décideurs pour comprendre les enjeux et trouver les solutions les plus adaptées, mais aussi pour mobiliser autour de la biodiversité nocturne et des impacts de la lumière artificielle. Celle-ci s’attache à guider les décideurs autant sur la question de la biodiversité que sur l’éclairage pour réconcilier au mieux les deux, pour un environnement nocturne préservé. Une stratégie d’éclairage définie en deux grandes phases et 10 actions pratiques :

Phase 1 : Définir une stratégie d’éclairage ambitieuse et concertée

Engagement #1 : Inventorier la biodiversité nocturne sur votre territoire pour mieux la prendre en compte.

L’extinction des espèces et le dérèglement des services rendus par la nature, mettent en péril l’équilibre des écosystèmes et nos conditions de vie. Bien que souvent méconnue, la biodiversité nocturne est tout aussi importante que la biodiversité diurne pour conserver cet équilibre. Bien connaître son environnement nocturne est l’étape clef pour travailler sur la pollution lumineuse.

Engagement #2 : Faire le point sur vos obligations et vos ambitions d’éclairage

L’éclairage dispose de nombreuses normes, de règles et d’application réglementaires différentes et notamment le dernier arrêté du 27 décembre 2018. Cette seconde action doit permettre de poser les bases et de mesurer l’ampleur des besoins pour s’aligner avec une stratégie d’éclairage durable. Disposer d’une vision claire de son éclairage est aussi une étape préliminaire importante.

Engagement #3 : Sensibiliser les différents acteurs aux enjeux de biodiversité nocturne

La biodiversité nocturne n’est pas une biodiversité comme les autres, souvent mal perçue, mais surtout méconnue. Pourtant, le rôle des espèces nocturnes est pourtant primordial. Sensibiliser les agents, les acteurs économique tout comme le grand public est nécessaire pour travailler sur la pollution lumineuse. Le Jour de la Nuit est une manifestation dédiée à l’environnement nocturne, y participer est une solution intéressante pour sensibiliser et communiquer sur la pollution lumineuse et la biodiversité nocturne.

Engagement #4 : Coconstruire une stratégie lumière cohérente avec les parties-prenantes de votre territoire

Parce que dans les sources d’éclairage, il n’y a pas que le patrimoine public, une stratégie d’éclairage durable passe aussi par un travail sur les sources privées. Que ce soient les enseignes lumineuses, les bureaux, mais aussi l’éclairage de jardins, parkings ou des écrans publicitaires, il est nécessaire d’impliquer tous les propriétaires. La cohérence de la stratégie qu’ambitionne le territoire doit aussi s’appuyer sur ses parties prenantes.

 

Engagement #5 : Valoriser votre retour d’expérience et vos pratiques en faveur de la biodiversité sur votre territoire

Valoriser les retours d’expérience permet de s’assurer de passer le message en matière de sobriété, de faire avancer le sujet ou encore être exemplaire auprès des territoires voisins. Ce qui peut même amener une réflexion globale sur l’éclairage, sur les techniques existantes et faire avancer la recherche et les techniques pour réduire la pollution lumineuse.

Phase 2 : Mettre en place les bonnes pratiques pour réduire efficacement l’éclairage

Engagement #6 : Adapter la temporalité de l’éclairage aux besoins réels

L’éclairage est un besoin. Un besoin pour répondre à notre société qui poursuit ses activités au-delà du coucher du soleil. Un besoin évident aussi parce que nous ne sommes pas des espèces nocturne et que nous ne sommes pas adaptés pour voir dans le noir. Mais est-il indispensable d’éclairer toute la nuit ? toutes les nuits ? Porter une réflexion sur les véritables besoins et effectuer des extinctions partielle ou totale est le moyen le plus efficace pour supprimer tous les effets de la pollution lumineuse.

Engagement #7 : Privilégier des couleurs de lumière les moins impactantes pour la biodiversité

Il existe plusieurs réactions différentes de la biodiversité nocturne face à l’éclairage artificiel. Et il existe plusieurs paramètres aggravants ces impacts, mais parmi ces paramètres, la question de la couleur de lumière est un des plus importants. Et nous sommes actuellement dans une transition technologique générale, passant des anciens systèmes orangés mais consommateurs à de la LED, particulièrement efficace et économes en énergie. Mais cette transition s’est faite sans mettre la question de la biodiversité nocturne sur la table. Et pourtant ces nouveaux éclairages aux lumières très blanches vont largement accentuer les effets des sources sur la biodiversité. Travailler au maximum sur ces paramètres de couleur va permettre de réduire les effets de la pollution lumineuse.

Engagement #8 : Supprimer les émissions de lumière en direction du ciel

L’autre paramètre source de pollution lumineuse dans l’éclairage va concerner la maîtrise des flux, et plus particulièrement l’émission en direction du ciel. L’immixtion de lumière en direction du ciel est à l’origine des phénomènes de halos lumineux. Un phénomène qui implique que les agglomérations et l’environnement nocturne autour sont plongés dans une luminosité continue et omniprésente qui va affecter tous les écosystèmes. Un halo lumineux d’une ville peut se faire ressentir sur des dizaines de kilomètres au de-là du dernier point lumineux. Supprimer au maximum cette immixtion permet de contenir l’éclairage à l’intérieur des zones urbanisées.

Engagement #9 : Limiter la puissance et l’intensité de la lumière émise

La puissance et d’intensité des lumières émises vont directement conditionner les paramètres « polluants » des sources d’éclairage. Impactant plus fortement les espèces, perceptible de plus loin, renforçant les halos lumineux… plus l’intensité s’accroit plus les impacts sont forts et la maîtrise de la lumière est difficile. Un sujet important avec les nouvelles technologies, car si elles permettent de réduire les consommations d’énergie, elles sont particulièrement intenses, c’est le « défaut » de l’efficacité accrue. Donc elles sont particulièrement intéressantes pour faire des économies mais travailler sur leur intensité est tout de même important.

Engagement #10 : Gérer durablement le matériel en fin de vie

Bien que les nouvelles technologies LED consomment très peu, il ne faut pas négliger l’impact global qu’elles peuvent générer, aussi bien par leur utilisation que par leur production et leur traitement. Le recyclage du matériel d’éclairage doit se faire au même titre que les autres types d’équipements qui contiennent des produits dangereux ou potentiellement toxiques, que ce soit le mercure des anciennes lampes ou les composants électroniques des LED.

 

La pollution lumineuse est un enjeu majeur de l’érosion de la biodiversité. Travailler sur son éclairage et mettre en place des actions pour sensibiliser et mieux connaître cette biodiversité est un bon moyen de lutter contre ce phénomène de déclin.

Depuis 2013, BL évolution travaille sur le sujet de la pollution lumineuse, en étudiant les effets de la lumière, modélisant la pollution lumineuse, dans la mise en place de stratégies d’éclairages ou encore dans le cadre d’étude d’impacts sur la biodiversité et la santé. Une expertise déployée avec Noé dans le cadre d’un cadre d’un mécénat de compétence.