Un rapport du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) dresse un bilan complet de la situation environnementale en France sur de nombreuses thématiques, notamment liées à la biodiversité, les sols, l’air, l’eau… Cette édition 2019 apporte une approche nouvelle et innovante en intégrant les 9 limites de la planète. Explications.
Tous les 4 ans, le Commissariat général au développement durable (CGDD) publie un rapport sur l’état de l’environnement (REE). Pour l’édition 2019, c’est tout un ensemble de ressources qui est mis à disposition pour connaitre les évolutions et les réponses apportées aux attentes des citoyens : un rapport de synthèse, un site internet et des focus thématiques publiés tout au long de l’année. La nouveauté est que l’ensemble des données sera mis à jour continuellement, avec une approche multi-dimensionnelle : niveau national, niveau régional, niveau international.
Avec plus de 200 pages, cette synthèse apporte une vue d’ensemble de l’impact de la France vis-à-vis de son empreinte carbone avec chiffres et constats alarmants.
Nos modes de vie ont un impact sur la biodiversité…
Malgré des efforts pour la protection des espaces naturels et des espèces, la situation de la faune et de la flore est préoccupante. Au moins 645 espèces sont menacées en France, les populations d’oiseaux et d’insectes chutent et l’érosion de la biodiversité se poursuit, de même que l’artificialisation des sols. Les pertes en terres agricoles s’élèvent à 35 853 hectares entre 2012 et 2018 en métropole très majoritairement. La France transforme l’équivalent d’un département tous les 10 ans.
Face à ces enjeux, les pouvoirs publics et les acteurs privés s’engagent de plus en plus dans la transition écologique. Aujourd’hui 65% des déchets font l’objet d’un recyclage et l’agriculture biologique progresse. Au total, en 2016, 100 milliards d’euros ont été mobilisés en faveur de l’environnement.
…mais notre empreinte carbone reste stable
Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 18% en France depuis 1990. C’est un chiffre encourageant mais encore loin de la réduction nécessaire au respect de l’Accord de Paris. L’empreinte carbone des Français reste stable avec 11 tonnes équivalent CO2 par habitant. Pour répondre à nos besoins de consommation, une grande partie des ressources nécessaires est importée.
On notera que l’air extérieur est de meilleure qualité. En 20 ans, les rejets de la plupart des polluants ont diminué (les particules ont diminué de 40% en 2017 et le dioxyde de soufre de 80%). Depuis 2000, les dépenses pour protéger l’environnement ont augmenté en moyenne de 3% par an allant jusqu’à 100 milliards d’euros. Les emplois liés à la protection de l’environnement ou la gestion des ressources se multiplient : près de 470 000 emplois dans les éco-activités en 2017.
En France, nous mesurons de mieux en mieux l’impact de nos modes de vie sur l’environnement.
Notre connaissance des progrès réalisés et des efforts à fournir s’améliore ! Selon le CGDD, les règlementations ainsi que les initiatives nationales et locales porteraient leurs fruits.
Dresser un état des lieux de l’environnement en France ne peut se limiter en 2019 au seul territoire national et doit être complété par d’autres grilles de lecture comme les limites planétaires qui ont cette volonté d’examiner l’impact global de la France sur les ressources planétaires. Connaître l’impact de la France vis-à-vis de ces différentes limites est indispensable pour conduire une transition compatible avec le fonctionnement durable de la planète. Sur les 9 variables qui régulent la stabilité de la planète, 6 seuils sont dépassés dont le changement climatique ou la biodiversité. Par exemple, le CO2 émis sur le territoire national représente 4,9 t/hab en 2017 (la moyenne mondiale étant de 4,8 t/hab). Alors que notre pays héberge 10% des espèces connus de la planète, 18% des espèces étudiées sont éteintes ou menacées d’extinction au 1er février 2019.
A ces limites planétaires s’ajoute une dimension sociale pour orienter l’économie en faveur d’un développement durable et juste : les sciences naturelles définissent les limites extérieures, le « plafond » tandis que la justice sociale permet de définir les limites intérieures, le « plancher ». Ces dernières relèvent des besoins humains essentiels, définissant les conditions du bien vivre. C’est une approche soutenue par l’économiste Kate Raworth, qui représente sous la forme d’un schéma en anneau ou « Donut » les interactions entre les besoins humains et le respect global de l’environnement, à l’échelle de la France. Onze nécessités ou dimensions de vie distinctes, formant le « plancher social », sont répertoriées.
Cette 7ème édition rend compte, de la manière la plus factuelle possible, de la complexité des questions environnementales. Si le dérèglement climatique et la biodiversité sont les premières préoccupations des Français, il importe d’avoir la connaissance la plus large de l’ensemble des enjeux environnementaux, d’en mesurer et appréhender les impacts sur le territoire national et ailleurs, et d’en comprendre les origines.
De nombreuses améliorations en matière de protection de l’environnement ont pu être constatées, dont nous n’avons pas nécessairement conscience et dont ce rapport fait état. Il documente également les impacts et prélèvements de notre système de production et de consommation, qui peinent à être réduits. Il met en exergue des phénomènes dont on estime encore mal les conséquences sur les écosystèmes et notre santé, comme l’introduction de milliers de substances dans l’environnement.