Chaque année l’Institut Français du Pétrole publie son Panorama qui regroupe différentes notes de synthèse rédigées par ses experts.
Cette année le thème choisi était « Stockage massif de l’énergie – Un impératif pour réussir le mix énergétique de demain ? »
C’est Olivier Appert, Président de l’IFPEN, qui a débuté ce tour d’horizon en faisant un rapide point sur le contexte pour chaque énergie en fonction des facteurs géopolitiques et des évolutions induites par l’exploitation des huiles et gaz de schistes en Amérique du Nord. Il a poursuivi en constatant que les prévisions de l’année passée concernant le prix du baril de BRENT (entre 100 et 120$) étaient tout à fait correctes puisque le prix moyen constaté se situait à un peu plus de 110$. Bien que les prévisions restent les mêmes pour l’année à venir, O. Appert considère qu’une volatilité du prix du pétrole est à prévoir a cause des risques qui pèsent dans les pays producteurs. Il a évoqué le cas du détroit d’Ormuz où 22% de la consommation mondiale de pétrole transitent sans qu’il existe de véritables capacités de contournement en cas d’incident entre l’Iran est Israël.
Il annonce également que 90$ peut aujourd’hui être considéré comme le prix plancher pour le baril de BRENT, particulièrement à cause des coûts élevés de l’exploitation des gisements non conventionnels (deep offshore, schiste, sables bitumineux…).
Après avoir évoqué l’éventuelle indépendance temporaire des Etats-Unis en approvisionnement de pétrole, il a rappelé que la consommation mondiale de gaz devrait continuer sa tendance à la hausse (+2,5 en 2012) notamment dopée par le recours massif de cette énergie pour la production d’électricité. C’est notamment le cas aux Etats-Unis où le gaz a atteint une part record dans le mix électrique.
Bien que moins polluant que le charbon, le gaz reste une source importante d’émissions de gaz à effet de serre et il contribue à notre dépendance énergétique. Pour rappel les pays de l’OCDE sont à l’origine de 65% des émissions de GES dans le Monde et à l’horizon 2035 60% de ces mêmes émissions seront causées par les par les pays non membres de l’OCDE. Il est donc vital de favoriser les technologies qui permettront à ces pays de se développer dans des économies moins carbonées que les nôtres.
Jacques Percebois (Directeur du CREDEN), Dominique Maillard (Président de RTE) et enfin Antoine Cahuzac (Directeur Général d’EDF Energies Nouvelles) ont ensuite prix le relais de cette présentation.
On retiendra de leurs interventions les points importants concernant le Stockage de l’Energie :
D’abord les différentes technologies actuelles de stockage, qui, comme le rappelle Antoine Cahuzac, n’ont pas connu d’innovations de rupture depuis une quarantaine d’années :
- STEP : Stations de Transfert d’Energie par Pompage, elles fonctionnent à la façon d’un barrage hydroélectrique. L’eau est pompée et stockée dans un bassin supérieur, et turbinée vers un bassin inférieur quand le réseau a besoin d’électricité. C’est actuellement le mode de stockage le plus répandu (99% des capacités mondiales)
- CAES : Compressed Air Energy Storage, il s’agit du stockage de l’énergie grâce à l’air comprimé. Avec seulement deux sites qui exploitent la technologie (en Allemagne et aux Etats Unis) cette dernière reste un peu marginale. Elle fait pourtant l’objet de nombreux projets notamment grâce aux perspectives qu’offre le stockage adiabatique de l’air comprimé.
- Batteries : différentes technologies de batteries sont actuellement à l’étude pour répondre à des caractéristiques de stockage particulières, on retrouve par exemple les batteries à flux, au sodium-souffre, lithium ion…
- Hydrogène : présentant le moins bon rendement par rapport aux autres modes de stockage, l’hydrogène représente pourtant une technologie attrayante, notamment sous forme solide et pour du stockage décentralisé ou insulaire.
- Chaleur : que ce soit grâce à la géothermie, au sel fondu ou encore à d’autres technologies actuellement en développement, le stockage par chaleur latente ou sensible est également une piste.
On ne considère pas que l’un de ces modes de stockage va primer plus qu’un autre, ils répondent tous à des usages différents et à des contextes particuliers. Le potentiel de développement des technologies de stockage massif de l’énergie dépend également pour beaucoup de la part que vont prendre les énergies renouvelables dans le mix énergétique mais également de la politique en matière d’énergies carbonées et nucléaires. Les grands axes de notre politique énergétique vont donc être déterminants quand à l’avenir de ces technologies. Une chose est sûre, c’est qu’elles seront indispensables à l’intégration des énergies intermittentes dans notre mix énergétique. Les économistes prévoient un déploiement à grande échelle d’ici 2025-2030.
Le stockage de l’énergie permettra de mieux utiliser les ressources renouvelables et d’harmoniser leur intégration sur le réseau lors de la consommation de pointe et d’hyper pointe. Du côté du consommateur il y a également des améliorations possibles, par exemple grâce aux opportunités offertes par les smart-grids, qui permettent notamment de diminuer les consommations au moment où la demande d’énergie est trop importante. On attend également des réductions des consommations grâce aux programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique qui devraient continuer à se développer de façon croissante.