Ce jeudi 21 avril 2016, 3 ans après l’effondrement du Rana Plaza, des acteurs de la société civile et politique se sont rassemblés à la maison de l’Europe pour commémorer cette catastrophe industrielle tragique. Plusieurs prises de paroles ont animés la parole dont : Carole Peychaud, coordinatrice du Forum citoyen pour la RSE ; William Bourdon, avocat au Barreau de Paris, président de l’association Sherpa ; Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques et président du Collectif Ethique sur l’étiquette ; Pascal Durand, député écologiste au Parlement Européen et Dominique Potier, député socialiste à l’Assemblée nationale.
Le Rana Plaza, immeuble de 8 étages, abritait six usines de textile et employait plus de 5000 personnes. Il y a 3 ans, lors de l’effondrement du bâtiment, alors vétuste et surexploité, 1138 ouvriers ont péri et 2000 ont été blessés. Ce drame a été source de plusieurs avancées : un système d’indemnisation des victimes, une hausse des salaires de 60%, une modification de la loi sur les syndicats et un accord juridique contraignant concernant la mise à niveau de la sécurité des usines au Bangladesh (accord signé par 260 marques européennes).
Cette tragédie a également mis en lumière de nombreuses problématiques auxquelles sont confrontées les pays où les droits sociaux sont encore peu appliqués voire rares. Elle met aussi en avant l’implication évidente des multinationales et des fonds d’investissement dans les processus d’exploitation. Une référence au discours de Salvador Allende sur l’absence de contrôle sur les multinationales et sur leur rôle néfaste a plusieurs fois été citée : « Les multinationales ne dépendent d’aucun État. Elles opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement, ni par aucune instance représentative de l’intérêt général ». En un mot, les multinationales n’ont à rendre de compte à personne ; elles externalisent leur production afin d’augmenter leur profit, au détriment de l’intérêt général, des droits de l’homme ou de l’environnement.
Malgré une lente réactivité des institutions internationales pour lutter contre l’irresponsabilité de certaines multinationales, une loi française vise actuellement à prévenir les dommages sociaux et environnementaux causés par leur activité. L’enjeu est de taille : en effet, selon les intervenants ces entreprises représentent 80% du commerce et 65% des entreprises françaises cotées sont liées à des controverses sur les droits humains.
Cette loi présente plusieurs mesures :
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l’institutionnalisation de la responsabilité avancée par les entreprises ;
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afin de renforcer la régulation des entreprises multinationales, l’interdisciplinarité de l’ensemble des parties concernées avec une mobilisation concertée de syndicats, d’ONG et d’experts ;
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afin de prévenir des atteintes aux droits fondamentaux et l’environnement, l’obligation du devoir de vigilance et de rendre juridiquement responsables les maisons mères et entreprises dirigeantes vis-à-vis de leur chaîne de valeur ;
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la mise en place d’une transparence accruede leurs activités.
Cette loi a un véritable rôle à jouer pour le développement de la RSE et pour rendre plus durable les activités économiques. Le combat entre l’intérêt général et l’intérêt privé continue et les débats vont reprendre… à suivre !
Par Maud Marty et Marianne Rivière