La COP16 sur la biodiversité, qui s’est tenue du 21 octobre au 1er novembre 2024 à Cali (Colombie), devait concrétiser l’accord-cadre de Kunming-Montréal adopté à la COP15 en 2022, qui a pour objectif notamment de protéger de 30 % des terres et des mers d’ici 2030. Les discussions avaient buté sur la mobilisation de financements annuels, estimés à 200 milliards de dollars. Pour débloquer la situation, une COP 16.2 a été convoquée du 25 au 27 février 2025 à Rome, avec la ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, appelant à s’unir pour « soutenir la vie sur la planète » et à dépasser les clivages Nord-Sud.
En effet, les pays développés s’étaient engagés à fournir 20 milliards de dollars par an pour la nature d’ici 2025 puis 30 milliards d’ici 2030, or les financements collectés n’ont atteint qu’environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE. Le déficit de financement en faveur de la nature doit être comblé pour espérer continuer à assurer des conditions de vie relativement stables dans les décennies à venir.
Les représentants de 154 pays, sur les 196 signataires de la Convention pour la diversité biologique, étaient présents pour l’ouverture de la COP à Rome. Les débats ont porté sur les moyens concrets de financer la biodiversité, en soulignant l’urgence de la situation ainsi que le besoin de collaborer, dans un contexte géopolitique sous tension ces dernières semaines. Deux solutions étaient en discussion :
- La création d’un nouveau fonds dédié, soutenu par plusieurs pays africains et les BRICS
- Le renforcement du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF), soutenu par des pays du Nord.
Contrairement aux échanges de Cali, cette COP a abouti à un compromis sur la question du financement. L’accord confirme les articles 21 et 39 de la convention, en « comblant l’écart entre besoins et financements mobilisés d’ici à 2030 » via l’évaluation et l’amélioration de la mobilisation de fonds en provenance de « toutes les sources ». Toutefois, cette réussite est en demi-teinte : la décision sur la création d’une nouvelle entité dédiée à la gestion des financements (ou de réformes significatives sur les entités existantes) est repoussée aux prochaines COP. Il faudra donc attendre la COP19 en 2030 pour disposer de mécanismes de financement internationaux opérationnels.
Cet accord, bien que partiellement satisfaisant, a permis de redonner espoir dans la coopération internationale et de porter en parallèle les travaux permettant de muscler l’accord : la stratégie de mobilisation des ressources et les indicateurs de suivi, qui permettront une première évaluation des avancées dès la COP17 prévue en 2026 en Arménie.
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Quelles implications pour les entreprises ?
Si ces accords et actions s’adressent aux pays membres, les entreprises seront également impactées par la montée en puissance des attentes en matière de biodiversité. D’une part, l’évaluation croissante des financements privés pour la biodiversité dans le cadre du suivi des objectifs. D’autre part, la France prévoit un suivi précis d’indicateurs tels que la concentration en pesticides de l’environnement (7.2), la part moyenne de la zone bâtie des villes constituée d’un espace vert ou bleu à usage public (12.1) ou encore le nombre d’entreprises divulguant leurs dépendances, impacts, risques et opportunités sur la biodiversité (15.1).
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