En prévision du Jour de la nuit 2016, la plateforme NuitFrance et les Écocitoyens du Bassin d’Arcachon lançaient en septembre dernier une enquête – basée sur un questionnaire en ligne – visant à recueillir les ressentis et des témoignages sur la nuit, la biodiversité nocturne et la pollution lumineuse.
B&L évolution vous invitait à y répondre nombreux dans un précédent article sur la pollution lumineuse, et ce fut le cas ! Nous avons aujourd’hui le plaisir de vous en présenter les principaux résultats, ainsi qu’un retour de nos échanges avec Romain SORDELLO.
Comme nous l’évoquions dans cet article, au-delà de nous empêcher de voir le ciel étoilé dans les agglomérations, la lumière artificielle a un impact important sur la biodiversité, ainsi que sur la vie de l’Homme et même sur son économie. L’opinion publique serait plutôt très favorable à l’extinction des éclairages des bureaux, des enseignes et des vitrines la nuit, mais elle est partagée sur la question de l’éclairage public. Il s’agit de freins liés à l’impression d’insécurité des personnes ou d’insécurité routière, au lien social et à la mise en valeur du patrimoine.
Une restitution orale
Le questionnaire avait initialement pour but d’alimenter le contenu de la conférence scientifique du 8 octobre dernier au sein de la Réserve ornithologique du Teich, organisée pour le Jour de la nuit.
« Lors de la soirée tenue au Bassin d’Arcachon avec les Écocitoyens (…), les résultats ont été présentés au public présent ; c’était l’idée initiale de ce questionnaire, au-delà de sa valorisation internet ensuite. Et nous avons pu constater que cela fut une vraie opportunité pour lancer le débat, délier les langues sur la peur du noir ou l’éclairage par sécurité, qui sont à la base de la problématique. », précise Romain SORDELLO.
Une restitution écrite
Le document présente en effet dans une première partie, thème par thème (La nuit, l’obscurité, la faune nocturne, le ciel étoilé et l’éclairage nocturne) :
- Un nuage de mots-clefs, permettant de visualiser très facilement les plus cités,
- La liste des mots les plus cités et
- Une partie narrative.
Une deuxième partie recense les témoignages des répondants, à qui il était demandé d’écrire leurs souvenirs.
Principaux résultats
Avec 56 réponses reçues, Romain SORDELLO se réjouit de ce « vif succès » !
- Pour le thème de la nuit, la notion de « repos » arrive loin devant, avec une vision assez fonctionnelle. Pour les personnes interrogées, elle permet également la connexion avec les astres. C’est enfin l’« obscurité » et le « noir ».
- Concernant l’obscurité, c’est l’« écoute » et paradoxalement (ou pas d’ailleurs) la « peur » qui arrivent en tête.
- Le thème de la faune nocturne quant à lui renvoie principalement à la « vie » et au « mystère ».
- Pour le ciel étoilé, la « beauté » et l’« immensité » l’emportent.
- Et enfin, pour l’éclairage nocturne, le « gaspillage » arrive bien devant ; un peu plus loin, on trouve comme attendu la notion de « sécurité ».
« J’ai toujours été convaincu que pour avancer sur ce sujet de la pollution lumineuse, il faut aborder les gens par une entrée sensible. (…) Les arguments scientifiques et quantifiés sont tout à fait utiles, mais ils ne suffiront pas car ce sujet prend réellement racine – comme beaucoup d’autres sujets liés à l’environnement – au fond de notre inconscient, qu’il soit individuel ou collectif. (…) Mon point de vue est qu’il faut réellement écouter ces peurs sans s’en moquer, en les prenant au sérieux. Ce questionnaire était donc une bonne porte d’entrée pour cela. », nous confie Romain SORDELLO.
Pour une analyse plus fine, nous vous invitons à découvrir le document complet (incluant méthodologie et résultats) : « ASSOCIATION ÉCOCITOYENS DU BASSIN D’ARCACHON & SORDELLO R. (2016). Nuit, biodiversité nocturne, pollution lumineuse : la population interrogée. Via NuitFrance. 53 pages ». Ce document est depuis quelques jours diffusé au format numérique.
Et après ?
Chez B&L évolution, nous nous réjouissons de pouvoir relayer ce recueil d’arguments, à mettre entre toutes les mains : particuliers, professionnels, comme élus locaux. Nous espérons que l’étude sera prolongée et nous serions intéressés de pouvoir lire les résultats d’une édition 2017.
« Comme ce fut un succès, je réfléchis en effet actuellement à pérenniser (l’étude) sur NuitFrance. Mais il faut en amont que je réfléchisse plus précisément à ce que l’on veut/peut faire avec cette initiative si le questionnaire est ouvert en continu. », conclut Romain SORDELLO.