Une récente publication de l’ADEME décrypte l’évolution de la vision qu’ont les Français des différentes problématiques environnementales (réchauffement climatique, qualité de l’air, déchets) et leurs liens avec nos modes de vie (consommation, transport, énergie…). Un constat se dégage : une grande majorité des Français est convaincue de l’importance de répondre aux enjeux environnementaux et admet la responsabilité de nos modes de vie. Cette majorité de Français serait même prête à changer un peu de mode de vie mais regrette le manque d’informations et d’accompagnement vers les bonnes décisions individuelles.
Le chômage : première inquiétude des Français
Depuis 2008, les problématiques économiques et sociales (chômage, impôts, immigration) sont loin devant les problématiques environnementales. La crise économique et l’échec des négociations climatiques à Copenhague sont passés par là mais 65% des Français restent préoccupés par l’environnement.
La connaissance des problématiques environnementales progresse mais reste mal maîtrisée
En 2014, un Français sur deux (52%) affirme connaitre la définition et les enjeux du développement durable contre un Français sur trois en 2004. 16% des Français affirment ne rien connaitre à cette notion contre 32% il y a 10 ans. Environ 1 Français sur 5 confondrait les problématiques du réchauffement climatique avec la gestion des déchets ou la protection de la couche d’ozone. Très peu (15%) parviennent à faire le lien entre gaz à effet de serre et réchauffement climatique. Encore moins de personnes (11%) citent la réduction des émissions de ces gaz à effet de serre comme lutte contre le changement climatique. Par contre, les Français sont toujours plus nombreux à admettre l’influence humaine sur le réchauffement climatique (72% en 2014) et cette problématique est la principale préoccupation environnementale des Français (devant la pollution de l’air et l’eau, voir Graphique 2).
L’efficacité et la sobriété énergétique comme principal levier de changement
La politique énergétique arrive en tête des leviers pour la protection de l’environnement cités par les Français. En 2014, 95% des Français sont favorables au développement des Energies renouvelables (EnR). Le solaire est le plus plébiscité (54%) mais l’éolien est en nette recul (35%, soit -15 points depuis 2011). On note depuis 2006 une percée de l’intérêt Français pour la sobriété énergétique (réduire notre consommation d’énergie –faire autant avec moins-) et l’efficacité énergétique (augmenter le rendement de notre utilisation énergétique –faire plus avec autant-).
Un changement de mode de vie acceptable pour les Français mais un manque d’accompagnement vers ce changement
Cependant, les solutions technologiques se sont pas retenues comme prioritaires par les Français : 85% des Français sont d’accord avec l’idée que « c’est d’abord en modifiant de façon importante nos modes de vie que l’on empêchera la dégradation de l’environnement ».
Sur la question de la lutte contre le changement climatique les changements d’usages individuels sont retenus par 57% des Français devant une avancée de la réglementation mondiale (19%). 11% considèrent ce changement climatique comme inévitable et 12% affirment que l’homme trouvera des solutions technologiques. Concernant les déchets 98% des Français considèrent que nos sociétés en produisent trop. 75% admettent qu’ils pourraient en produire moins dans leurs foyers. Pour l’énergie, 79% des Français tentent de réduire leur consommation d’énergie, principalement pour des raisons financières (66%) devant la conviction qu’il faut éviter le gaspillage (27%) alors que ces deux notions étaient à égalité en 2009. Un Français sur deux affirme être prêt à placer son argent dans le développement local des EnR. Mais seulement 12% prévoient d’investir dans les 12 prochains mois et 9% seulement ont connaissance de cette possibilité. Le principal attrait des Français pour les EnR reste leur intérêt économique (économies d’énergie, revenus supplémentaires ou rendement des placements financiers) devant leur motivation environnementale. 90% des Français considèrent qu’une production d’énergie renouvelable locale est souhaitable, même si elle coute plus chère. 66% des Français sont même déjà prêts à payer plus cher pour aider au développement de cette énergie.
L’exposition personnelle aux risques augmente la préoccupation environnementale des Français ainsi que l’acceptabilité des changements de modes de vie. Ainsi, les récents épisodes d’inondations ou de pic de pollutions semblent localement augmenter la sensibilité aux problématiques environnementales et la conviction que des mécanismes de changement de mode de vie (baisse de la vitesse sur route, taxe carbone…) sont souhaitables et nécessaires. Par exemple, 80% des franciliens disent respecter les mesures de circulations alternée, 59% jugent cette mesure justifiée et 70% d’entre eux lui accorde un intérêt pédagogique sur la prise de conscience de l’impact de nos modes de vies sur notre environnement.
Globalement, ces chiffres montrent qu’aux yeux des Français, les préoccupations économiques sont toujours prioritaires devant les enjeux environnementaux. Néanmoins, on observe une progression de la compréhension de ces enjeux et de l’acceptation des changements de modes de vie. Il apparait essentiel de lier les problématiques environnementales aux bénéfices économiques qu’elles pourraient déclencher. Le manque d’informations et d’accompagnement concernant de meilleurs usages limite encore le passage à l’action alors qu’est déjà présente la conviction qu’un changement est nécessaire. Par exemple, le développement de l’énergie renouvelable à l’échelle locale semble possible, souhaitable et très attendu par les Français alors que très peu connaissent de possibilité de s’engager personnellement dans ce développement.
Source : http://goo.gl/WwD9e6
Par Guillaume MARTIN