Le rapport d’évaluation mondiale 2019 de l’IPBES a mis en garde contre l’accélération de la perte de la nature. En effet, on constate une disparition de plus en plus rapide, jamais vu auparavant. Près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction ayant pour cause les activités humaines, qui ont engendré près de 75% de la modification de la surface terrestre. Du point de vue économique, la biodiversité et les écosystèmes sont considérés comme étant des actifs de grande valeur et sont, par conséquent, qualifiés de capital naturel. Il faut donc réussir à concilier la biodiversité et son utilisation durable pour garantir ce capital naturel. Et si une perte de la biodiversité est remarquée, alors cela aura des répercussions sur la sécurité des investissements dans de nombreux secteurs.

Pour agir en faveur de la nature, la Convention sur la diversité biologique publie en juillet 2021 un guide pour le secteur financier, en collaboration avec Business for Nature, Finance for Biodiversity Pledge and Foundation, Principles for Responsible Investment (PRI) et le Finance Initiative du Programme des Nations Unies pour l’Environment(PNUE FI).

 

Les 5 clés pour agir en faveur de la nature

 

  1. Collaborer et rejoindre les initiatives en faveur de la biodiversité : Le PNUE FI et les PRI, le Finance for Biodiversity Pledge and Foundation, et la communauté Finance@Biodiversité travaillent ensemble pour aider les institutions financières à comprendre les moyens mis en place en faveur de cette initiative et favoriser la collaboration sur des sujets clés notamment en mettant en place des stratégies en faveur de la biodiversité.

 

  1. Adapter leurs stratégies d’investissement et s’engager avec les entreprises : Les institutions financières publiques et privées peuvent prendre de nombreuses mesures pour soutenir la conservation et la restauration de la biodiversité. Pour cela, elles devraient prendre en compte le sujet de la biodiversité dans toutes leurs décisions et leurs stratégies notamment financière. Les objectifs devraient être fixés en fonction de l’évolution des impacts sur les secteurs, sur les besoins afin d’identifier et de gérer les potentiels risques associés. Des actions concrètes doivent être mises en place pour accompagner les entreprises dont la perte de la biodiversité est importante et les faire évoluer vers des résultats positifs pour la nature. Par exemple :exiger la divulgation des risques, impacts, dépendances et opportunités liés à la biodiversité, s’engager avec les décideurs politiques et réformer les incitations en rapport avec la biodiversité, éliminer les subventions néfastes à la biodiversité et en construisant des positives ou neutres…

De plus, les institutions financières pourraient développer leurs capacités et connaissances en matière de biodiversité notamment en interne et montrer l’importance de la biodiversité et de ces impacts sur les investissements. Et cela pourrait se faire via des outils et des mesures pour mieux quantifier ces risques, également via des partenariats avec des fournisseurs pour solidifier les bases de données et bien sur en incluant les données relatives à la biodiversité dans les divulgations financières.

 

  1. Évaluer l’impact et les dépendances : Plusieurs outils et mesures sont disponibles ou en cours de développement pour évaluer ces impacts et ces dépendances par les institutions financières. Les membres financiers de la Plateforme Business@Biodiversité de l’UE et les signataires de l’engagement Finance for Biodiversity ont publié le Guide sur les approches de mesure de la biodiversité pour les institutions financières.

Le guide compare et décrit six outils, dont ENCORE (exploration des opportunités, risques et exposition au capital naturel qui est un outil destiné à aider les utilisateurs, et en particulier les investisseurs, à mieux comprendre et à visualiser l’impact des changements environnementaux sur l’économie.) ainsi que l’outil IBAT (évaluation intégrée de la biodiversité).

 

  1. Fixer des objectifs conformes aux objectifs mondiaux et le cadre mondial de la biodiversité post-2020 : La COP15 ainsi que d’autres initiatives et politiques régionales, ont permis d’augmenter les impacts positifs et de réduire les impacts négatifs sur la biodiversité. La fixation et la divulgation publique de ces objectifs ont un double enjeu : ils sont importants pour la biodiversité mais aussi sur ses facteurs de perte. Le Science-Based Targets Network sur la biodiversité permet aux institutions financières de fixer des objectifs fondés sur la science et les signataires des PRB (principes pour une banque responsable) sont invités à fixer des objectifs dans leurs domaines d’impact notamment en ce qui concerne la biodiversité.

Un document d’orientation a été préparé avec 30 des membres du PNUE-WCMC, le Science-Based Targets Network et un certain nombre de partenaires externes, pour démontrer qu’une banque respecte ses engagements en tant que signataire du PRB, si elle prend en compte la mise en œuvre de ces principes mais aussi quand des objectifs en matière de biodiversité sont fixés. C’est une étape clé et une responsabilité essentielle de l’adhésion au PRB, les signataires doivent également obtenir une assurance limitée par un tiers dans les quatre ans suivant la signature des Principes.

 

  1. Rendre compte publiquement des contributions positives et négatives en ce qui concerne la biodiversité – TNFD : Les cadres de reporting existants fournissent des conseils et des exemples sur la manière dont les institutions financières peuvent rendre compte de leurs contributions positives et négatives à la biodiversité. Parmi toutes les normes existantes, on peut citer : la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), , l’indice de biodiversité Ecogain, les sociétés certifiées B Corp, le rapport d’investissement durable, le rapport d’impact, les Green Water Bonds…

Le groupe de travail sur les informations financières relatives à la nature, a pour objectif de diffuser les meilleures pratiques et de promouvoir une approche commune en matière d’informations financières relatives à la nature et à promouvoir une approche commune de l’information sur la nature dans le monde de la finance et des affaires.

La finance a un rôle crucial à jouer…

« Le financement mondial de la biodiversité ne représente que 0,1 % du PIB mondial. Sans un investissement clair pour la biodiversité, et la création d’opportunités investissables et structurées pour les investisseurs afin de déployer leur capital, nous ne pouvons pas résoudre le problème » souligne Marisa Drew, Chief Sustainability Officer & Global Head Sustainability, Credit Suisse.

 

Il est donc essentiel de prendre en compte ce facteur dès maintenant afin de pouvoir prévoir des solutions et des actions pour soutenir et améliorer la biodiversité dans les prochaines années.