Le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) et le Comité 21 viennent de réaliser un recensement et une analyse des « initiatives territoriales des acteurs publics en faveur de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ».
L’étude, publiée fin octobre, avait un double objectif :
- Identifier les principaux dispositifs mis en œuvre par les régions françaises pour développer la RSE dans les entreprises,
- Déterminer les caractéristiques d’une politique publique régionale de la RSE, ainsi que les leviers pour y parvenir.
La RSE « se définit comme la manière dont les entreprises intègrent, sur une base volontaire, des préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans leurs activités économiques comme dans leurs interactions avec toutes les parties prenantes, qu’elles soient internes (dirigeants, salariés, actionnaires, etc.) ou externes (fournisseurs, clients, etc.) ». Or « à peine plus d’un quart des entreprises françaises de plus de 9 salariés déclarent s’impliquer réellement dans des démarches responsables. Elles sont même 60,4 % à déclarer ne pas connaître la notion de RSE ».
Il est fondamental d’adopter « une stratégie plus territoriale et de cibler des actions d’accompagnement à destination première des PME et TPE ». Il s’agit notamment de créer des « plateformes territoriales multi-acteurs pour accompagner les PME-TPE dans leurs démarches RSE », d’après France Stratégie (janvier 2016).
Principales caractéristiques de l’étude
Périmètre
Du fait de la récente réforme territoriale et de la réaffirmation de leur compétence en développement économique, les régions constituent la maille adéquate pour accompagner les entreprises vers la RSE.
Sont exclues de cette étude les initiatives publiques en faveur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). L’ESS est en effet un secteur de l’économie qui a pour finalité première d’être purement « d’utilité sociale ». Les entreprises qui font de la RSE ont en revanche pour finalité première la recherche de profit et la rentabilité du capital investi.
Une restitution en 3 parties
L’étude présente :
- Des observations tirées du recensement et des entretiens menés avec les institutions régionales (formes d’actions, investissement des acteurs, stratégies régionales et comment intéresser les entreprises à la RSE),
- Les dynamiques locales de RSE dans 8 régions métropolitaines (Alsace, Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Pays-de-la-Loire et Provence-Alpes-Côte-d’Azur),
- Des recommandations pour inciter les régions à s’engager sur le sujet, pour les aider à emmener leurs entreprises vers la RSE, et enfin pour structurer et réussir une politique régionale en faveur de la responsabilité sociétale des entreprises locales.
Les acteurs porteurs d’initiatives en faveur de la RSE en région
Les principaux acteurs publics porteurs d’initiatives en faveur de la RSE sont les suivants : Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE), Conseils régionaux, Conseils départementaux, Parcs Naturels Régionaux (PNR), Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI), Comités Régionaux du Tourisme.
Les organisations partenaires de ces dispositifs sont nombreuses (publiques, privées et associatives), parmi lesquelles : Chambres de Commerce et d’Industrie Régionales (CCIR) et Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), agences régionales de l’innovation, Union Européenne (UE) et Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), associations de la Qualité et du Management, organismes de certification (AFNOR, LUCIE…), réseaux d’entreprises, directions régionales de grandes entreprises engagées, Club des Jeunes Dirigeants (CJD), Caisses (d’Assurance Retraite, Primaire d’Assurance Maladie ou des Dépôts), associations spécialisées dans le développement économique (associations de la qualité, associations de filières…), associations spécialisées dans le développement durable ou la RSE, fédérations professionnelles, Banque Publique d’Investissement (BPI), Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers de Service et de Fabrication ou Pôle emploi.
Les auteurs ont également recensé 14 réseaux associatifs de la RSE dans les 8 régions étudiées (voir carte jointe) : Réseau Alliances, Réseau Environnement Entreprises Lorraines (REEL), Idée Alsace, Facilitation pour les Organisations en Responsabilité Sociale et Environnementale (FORSE), RSE PACA, So-Eco, Association Pour l’Environnement et la Sécurité en Aquitaine (APESA), 3D (Destination Développement Durable), Limousin Entreprises Durables (LED), Association d’entreprises de Poitou-Charentes pour la RSE (Altère), Club d’entreprises développement durable, Club Normandie Entreprises Développement Durable (NEDD) et Groupe Régional des Acteurs Normands pour le Développement Durable en Entreprise (GRANDDE).
Principaux résultats de l’étude
PARTIE 1 : Observations
De nombreux et multiples dispositifs d’appui à la RSE à l’échelle régionale
167 actions en faveur de la RSE ont été recensées pendant l’étude. Elles sont réparties en 6 catégories correspondant aux 6 niveaux d’avancement des entreprises dans leur démarche de responsabilité sociétale :
- Sensibilisation à la RSE : journées, rencontres, échanges de bonnes pratiques,
- Autodiagnostic à la RSE : accompagnement collectif au pré-diagnostic, proposition de référentiels d’autodiagnostic libres d’accès,
- Formation et accompagnement : formation aux normes, accompagnement de la mise en place du plan d’action,
- Soutien financier : fonds RSE, fonds spécifiques à un des volets du développement durable, soutien à un réseau RSE,
- Valorisation des démarches RSE : remise de trophées de la RSE,
- Intégration de la RSE : dans les marchés publics (conditions d’exécution par exemple), bonification des aides ou éco-conditionnalité des aides aux entreprises.
L’investissement des acteurs régionaux
Les niveaux d’engagements des Conseils régionaux sont très variables :
- Seules 3 régions ont désigné un élu délégué à la RSE,
- La RSE est quasiment absente des schémas régionaux d’orientation en matière de développement économique. Certains conseils régionaux font référence indirectement à la RSE, dans d’autres documents cadres,
- Le rôle de la Direction développement économique des Conseils régionaux est essentiel dans le soutien à la RSE (même si celle-ci peut être présente dans plusieurs dispositifs portés par plusieurs directions, dont celle du développent durable),
- Peu de stratégies régionales en faveur de la RSE.
Seulement 3 stratégies régionales en faveur de la RSE sont formellement identifiées :
- Pays-de-la-Loire : mise en place d’un référentiel régional et d’une plateforme RSE,
- Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) : gouvernance régionale consacrée à la RSE et
- Franche-Comté : vers un plan régional RSE.
Le Comité 21 propose la typologie suivante pour la formalisation des actions des régions en faveur de la RSE :
- Absence de RSE (ex : Centre),
- RSE informelle (ex : Picardie, Midi-Pyrénées),
- Sous-traitance de la RSE (ex : Haute Normandie, Nord Pas-de-Calais),
- Emergence d’initiatives RSE (ex : Champagne Ardenne, Auvergne),
- Politique publique en faveur de la RSE (ex : PACA, Pays de la Loire, Aquitaine).
L’action des Conseil régionaux est renforcée par celle des acteurs publics et associatifs cités plus haut, certains étant même au cœur des développements de certaines dynamiques RSE régionales.
Un déficit d’objectifs chiffrés et d’évaluation des dispositifs
Le suivi, notamment à long terme, et l’évaluation sont quasiment toujours absents des dispositifs recensés et des stratégies formalisées par les régions.
3 régions ont quand même initié des indicateurs chiffrés :
- Pays-de-la-Loire : recensement de 351 entreprises engagées (sur 160 000),
- PACA : 100 entreprises sont entrées dans le Parcours Performance Responsable depuis janvier 2015 (signature d’un acte d’engagement et d’un plan d’actions), grâce à la multiplication des prescripteurs du parcours (7 EPCI, 16 Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire (PRIDES) et fédérations professionnelles) et
- Ile-de-France : les 359 entreprises entrées en démarche de progrès RSE en 2015 ont été interrogées. Ils déclarent à 88% que le dispositif PM’UP « leur a permis de mieux appréhender la RSE », à 84% « qu’il leur a permis d’identifier de nouvelles pratiques à mettre en place » et à 89% « que la démarche RSE améliorera leur performance interne ».
Comment les régions et DREAL peuvent-elles intéresser les entreprises à la RSE ?
Des perceptions de la RSE contrastées
- Des craintes préalables. Lorsqu’elles connaissent le terme de RSE, celui-ci « effraie » souvent les TPE/PME et est souvent décrit comme « trop conceptuel ». Certaines entreprises pensent qu’il s’agit d’un sujet « complexe ». La qualité du développement reste secondaire d’après certaines d’entre elles, indiquant chercher d’abord à « survivre ».
- Une conviction sur les apports qualitatifs, une fois la démarche mise en place. Les entreprises considèrent alors la RSE comme « un levier de performance, de différenciation, d’excellence, de qualité ou d’efficacité ».
Différents angles pour susciter l’intérêt des entreprises à la RSE
- Les portes d’entrée thématiques. L’une des « stratégies » consiste à proposer aux entreprises de se concentrer d’abord sur l’un des trois piliers du développement durable, puis de les faire monter en compétence sur ce pilier:
- La transition écologique ou énergétique et l’économie circulaire permettent de travailler plutôt sur les enjeux environnementaux,
- La qualité, l’efficacité et les économies de fluides, plutôt sur les enjeux économiques et
- Les ressources humaines et la qualité de vie, plutôt sur les enjeux sociaux de l’entreprise.
- Les portes d’entrée méthodologiques :
- L’autodiagnostic est « un outil de sensibilisation et de dédiabolisation de la RSE »,
- S’appuyer sur les marchés publics est également un moyen efficace pour inciter les entreprises à devenir plus exemplaires,
- Enfin, citons le pouvoir incitatif des subventions directes (conditionnalité et bonification des aides).
PARTIE 2 : Dynamiques locales
Il s’agit ici d’un benchmark des dispositifs d’appui à la RSE identifiés dans 8 territoires. Ces deux premiers chapitres permettent de répondre au 1er objectif de l’étude.
Les 8 régions choisies, l’ont été de manière à être représentatives des différents degrés de formalisation de leur politique RSE (Cf. ci-dessus : 5 catégories de formalisation des actions des régions en faveur de la RSE, proposées par le Comité 21).
Observations générales
La part de chaque type d’action de promotion de la RSE (Cf. ci-dessus : 6 catégories liées au niveau d’avancement de l’entreprise) est représentée graphiquement dans l’étude (Un camembert pour l’ensemble des 8 régions et un histogramme par région). Au global, 41% sont des actions de sensibilisation, 25% des actions d’accompagnement ou de formation et 16% des actions de valorisation des projets.
Dans les régions les plus « mâtures » sur le sujet, on remarque :
- Pays-de-la-Loire : plus d’actions qu’ailleurs et notamment d’actions de sensibilisation,
- PACA : plus d’actions d’accompagnement ou de formation que de sensibilisation.
Il est également à noter la grande différence de perception de la RSE entre les grandes entreprises et les TPE/PME. Conjoncture, méconnaissance du retour sur investissement et absence de réglementation RSE pour ces dernières, en sont les principales raisons. Mutualiser les démarches entre entreprises et instaurer une sensibilisation plus large au sein des TPE/PME pourraient contribuer à y remédier.
Cette 2ème partie confirme aussi le rôle prééminent des Conseils régionaux pour « insuffler auprès des acteurs de leur territoire une dynamique RSE », ainsi que des réseaux locaux d’accompagnement et de formation.
Quelques dispositifs et bonnes pratiques à retenir, région par région
- Alsace : Un ancrage local historique des entreprises
- Refondre les process pour mieux intégrer la protection de l’environnement (L’action Lean and Green – primée par l’ADEME – a eu un impact territorial important, avec montée en compétence des PME),
- Le développement durable et la RSE fédèrent les acteurs économiques, publics et privés (Culture du partenariat territorial),
- Appui incontournable du réseau pour faire monter les entreprises en compétence (Plan de progrès sur 3 ans, service d’accompagnement semi-collectif afin de répondre à plusieurs aux appels à projets de l’ADEME)
- Aquitaine : une approche encore sectorielle de la RSE par les acteurs locaux, que le Conseil régional doit désormais muscler
- La CCI travaille, accompagne et sensibilise les petites entreprises aux risques environnementaux de leurs activités (Pré-diagnostic environnemental pour identifier les points de vigilance, d’amélioration et de mise aux normes des installations des TPE, partenariats financiers pour les travaux de mise aux normes),
- Les achats responsables et les relations avec les donneurs d’ordres,
- La Gironde souhaite poursuivre son engagement et son rôle pionnier sur la norme ISO 26000 et la responsabilité sociétale du territoire,
- Le réseau girondin des Agenda 21 permet de fédérer de nombreux acteurs du territoire autour du développement durable et donc de la RSE.
- Bretagne : ce sont les agglomérations qui donnent le ton de la RSE
- Alors que la région n’a pas de politique RSE formalisée et transversale, les projets qu’elle porte, dans le cadre de sa compétence économique, développent tous des aspects de sensibilisation et d’incitation à la RSE,
- Des chiffres, pour inciter et convaincre les entreprises (Importance d’une politique incitative régionale) !
- L’agglomération de Lorient valorise ses atouts RSE grâce à sa démarche de marketing territorial,
- La Communauté d’agglomération de Quimper est un partenaire privilégié des entreprises engagées (Faire de l’entreprise un allié de choix dans un contexte budgétaire compliqué),
- Petit à petit, Rennes Métropole s’empare de la RSE et affirme son leadership en la matière (Un référentiel RSE développé en 2014, un critère RSE intégré dans certains appels d’offres, la RSE citée dans ses documents cadres, notamment dans le Schéma de promotion et de développement de l’ESS de janvier 2015, où la RSE est explicitement citée comme un « modèle de développement économique à promouvoir auprès des entreprises du territoire »).
- Franche-Comté : les marchés publics comme levier d’une meilleure intégration de la RSE
- Intérêt et volonté politiques pour le développement durable ont été renouvelés,
- Un plan d’actions a été construit, suite à un benchmark des pratiques de soutien à la RSE,
- La RSE au service d’une meilleure exécution de la commande publique (Réseau Etre, porté par la CGPME : des partenaires actionnaires, création du « Club Attitude », promotion de la RSE, veille des marchés publics lancés par les collectivités pour démontrer qu’ils contribuent efficacement à l’attractivité économique et sociale du territoire ; CA du Grand Besançon : traduction de la culture du local, transversalité du traitement des projets, identification des attentes des entreprises ; Club FACE Besançon: être en capacité de montrer et affirmer par des retours d’expériences concrets que la RSE n’est pas qu’un concept ou une contrainte supplémentaire).
- Haute-Normandie : les « faiseurs » de la RSE construisent ensemble le chemin de leur engagement
- La politique de filière est ancienne et structurée, notamment en associations, ce qui facilite le dialogue et les rencontres autour de ces nouvelles démarches,
- Le réseau fédérateur : GRANDDE (Il s’est constitué à partir de volontés individuelles, de décideurs et dirigeants venant d’horizons différents ; chef d’orchestre des événements phares consacrés à la RSE, le réseau accompagne également de manière individuelle les entreprises qui ont envie d’agir, en s’appuyant sur la norme ISO 26000 ; il collabore avec certaines structures relais, afin de disséminer le sujet et les bonnes pratiques auprès d’un large public d’entreprises ; avec la CA de Caux Vallée de Seine, organisation des Trophées du Développement Durable, pour valoriser les initiatives et les engagements des entreprises),
- Les collectivités normandes s’associent pour cultiver la RSE sur le territoire (Les signataires de la Charte RSE intègrent le club RSE ; Programme National de Synergies Interentreprises (PNSI) par 5 entreprises du club, avec GRANDDE, le Conseil régional et l’ADEME : démarche de coordination, de mutualisation et de synergie, qui constituera un support privilégié pour déployer la RSE ; « l’intégration de la RSE par les entreprises normandes devient le tremplin d’un territoire qui expérimente et propose aux acteurs économiques des projets innovants, durables et surtout collaboratifs »).
- Nord-Pas-de-Calais : Une RSE active et collaborative, portée par le Réseau Alliances
- Le Réseau Alliances, pierre angulaire de la RSE en Nord-Pas-de-Calais (Valorisation : depuis 1994, l’association organise les Trophées de l’Economie Responsable,
- La CCI constate par ailleurs que les entreprises ont besoin de formaliser leur engagement en obtenant une certification ou un label. Cela facilite la communication de leur démarche, auprès de toutes les parties prenantes, et crédibilise la démarche.
- Pays-de-la-Loire : le territoire de la RSE !
- Le Conseil régional s’est engagé depuis de nombreuses années en ce sens (2007 : première conditionnalité des aides et amorce de sensibilisation ; 2011 : schéma de l’économie et de l’emploi durable ; 2013 : co-construction, avec l’ensemble des partenaires régionaux, d’un référentiel partagé de la RSE ; outils financiers pour accompagner les entreprises ; mission de préfiguration pour la création d’une plateforme régionale de la RSE, confié au Comité 21),
- Création d’un groupe de travail dédié, à la Maison de l’Emploi : une centaine d’appels d’offre fléchée avec des critères RSE, afin d’inciter les entreprises à explorer leur propre responsabilité sociétale,
- La démarche territoriale de Nantes Métropole a certainement joué un rôle de catalyseur important pour la dynamique RSE régionale (Une étroite collaboration de la collectivité avec les acteurs nantais : consultants, établissements d’enseignement supérieur, réseaux économiques, partenaires sociaux, etc. ; une équipe interne dédiée au sujet et un élu communautaire délégué à la RSE, aux TPE et PME ; une évolution importante de son implication sur la RSE, qui encourage de fait les acteurs du territoire à monter en compétence ; Planet’RSE, plateforme d’animation territoriale qui fédère acteurs publics et privés, et constitue une enceinte privilégiée de dialogue favorable aux nouvelles synergies territoriales, 50 ambassadeurs déployés sur le territoire de la métropole pour faire la promotion active de la RSE),
- Du dialogue social à la RSE : le réseau de référents de la CFE-CGC,
- Les entreprises artisanales affirment leurs actions et leur engagement en faveur de la RSE avec la CMA,
- Une dynamique multi-acteurs réussie (Financé par le Conseil régional, le Conseil Départemental, Nantes Métropole et cinq banques locales, le FONDES, fonds d’investissement responsable expérimental a vocation à apporter un soutien supplémentaire aux entreprises déjà engagées dans la RSE et qui souhaitent se développer, en poursuivant leur démarche vertueuse ; il accompagne actuellement sept entreprises à hauteur de 192 000€).
- En PACA, l’intégration modèle de la RSE dans les politiques publiques régionales
- La région Provence-Alpes-Côte-d’Azur est celle qui a le plus intégré la RSE dans ses choix politiques. Mais la démarche d’accompagnement des acteurs économiques n’a pas été que l’œuvre du Conseil régional, c’est une coopération forte des institutions du territoire qui a permis une telle émulation,
- Concrétiser l’engagement des entreprises grâce à la charte et au label du PNR du Lubéron (2013 : charte d’engagement « Entreprendre durablement RSE » développée par le PNR ; 2014 : 33 entreprises ont choisi d’y adhérer et de se lancer dans un processus d’évaluation et d’amélioration de leur performance durable ; la charte permet par ailleurs de fédérer les signataires en réseau ; les entreprises engagées dans le programme obtiennent également un label, afin de communiquer sur leur démarche et de se distinguer des autres acteurs économiques),
- De l’accompagnement à la valorisation des initiatives, le Club RSE PACA est l’acteur historique en PACA (Depuis 2003 : le club organise les Trophées de la RSE ; depuis 2015 : Forum RESET, évènement national dédié à la RSE, qui a pour ambition de démocratiser la RSE et de faire comprendre aux entreprises et au grand public qu’il est possible d’être pérennes et performantes en donnant du sens à leurs actions),
- L’offre d’accompagnement modèle de l’UPE 06, seule union patronale à s’impliquer sur la RSE en PACA (Depuis 2012, l’union porte une opération collective alors intitulée « Performance Globale 06 » ; depuis 2014, intitulée « Performance PACA Est », pour la déployer sur un périmètre plus grand : l’accompagnement se déroule sur une période de deux ans ; les entreprises suivies doivent signer une charte d’engagement RSE, calquée sur les enjeux de la norme ISO 26000, qui doit permettre d’aborder les stratégies RSE au-delà du seul enjeu environnemental comme c’était le cas précédemment ; le plan d’actions se dessine au cours des 10 premiers mois ; des outils informatiques sont également mis à la disposition des entreprises, notamment la plateforme web « My RSE », espace personnel et réseau social ; importance de la mise en réseau de ces dynamiques, notamment lorsqu’elles sont volontaires : leur permettre de se rencontrer, leur ouvrir de nouvelles opportunités commerciales, possibilité de mutualiser des compétences et des services, et donc de gagner en compétitivité ; le parcours « Performance Globale Paca Est » constitue un exemple opérationnel des actions multi-acteurs de promotion et de soutien de la RSE dans les territoires ; « c’est une réponse concrète et opérationnelle pour accompagner les entreprises du territoire dans le cadre de la politique de développement économique », d’après le service développement économique) de la Métropole Nice Côte d’Azur,
- La région PACA s’est longtemps démarquée grâce à ces démarches particulièrement ambitieuses de sensibilisation, d’accompagnement et de soutien financier des entreprises abordant la RSE, grâce à des partenariats innovants associant les grands donneurs d’ordres et les collectivités territoriales.
PARTIE 3 : Recommandations
Il s’agit ici d’une synthèse des attentes des acteurs locaux pour développer la RSE. Ce chapitre permet de répondre au 2nd objectif de l’étude.
Pour inciter les régions à s’engager sur le sujet
- Avoir un portage politique fort, à l’échelle nationale comme à l’échelle régionale
- Il faut « un portage ministériel clair et un positionnement politique local, puis un travail avec les filières économiques et le positionnement de ces filières »,
- Les entreprises françaises ont besoin de nouvelles clés pour relancer leur compétitivité. Celles-ci se trouvent certainement dans un meilleur ancrage de leurs activités, au profit d’une économie de proximité et de lien social.
- Mieux diffuser et relayer les bonnes pratiques entre régions
- « Une connaissance des bonnes pratiques et de leurs résultats dans les autres régions serait utile, car le benchmark est difficile et cela permettrait de ne pas se sentir isolé »,
- Plus que les bonnes pratiques des entreprises, les méthodologies des collectivités pour inciter les entreprises à s’emparer de la RSE, ont besoin d’être partagées plus largement,
- Cette diffusion des bonnes pratiques devrait s’appuyer sur des supports pédagogiques simples mais également sur des partenaires de terrain, qui se structurent pour sensibiliser les entreprises à la RSE et les faire monter en compétence, à l’instar de réseaux régionaux tels que GRANDDE, Alliances, Idée Alsace ou encore le Comité 21 en Pays-de-la-Loire.
Pour aider les régions à emmener leurs entreprises vers la RSE
- Confier le sujet de la RSE aux services développement économique des collectivités territoriales
- Car il existe déjà une proximité culturelle avec les entreprises locales,
- Dans le cadre de la redéfinition des schémas régionaux de développement économique, d’internationalisation et d’innovation (SRDEII), l’intégration de la RSE constituerait un message fort et incitatif pour les entreprises,
- Construire une nouvelle transversalité entre les services (notamment si la collectivité porte une démarche globale de développement durable).
- Rendre la RSE accessible, pragmatique et moins conceptuelle et complexe
- La première barrière se révèle d’ordre « psychologique » (Elle « effraie » les entreprises, qui préjugent que le concept est trop difficile à s’approprier et à décliner en pratiques). La RSE n’est pas réservée aux grandes entreprises !
- Dans l’optique de rendre la RSE accessible et compréhensible, les collectivités doivent appréhender les réalités et les problématiques des entreprises, s’approprier un langage commun, montrer l’intérêt économique de la RSE en suivant les entreprises engagées et surtout, donner du sens,
- Les collectivités doivent devenir ambassadrices de la RSE (assurant de la pédagogie, trouvant un angle accrocheur, mettant en place des outils simples, accessibles et adaptés aux contraintes des entreprises). Cela permettrait aussi la définition d’un langage commun, appropriable par tous.
- Partager un outil d’information commun sur la RSE
- Création de nouvelles plateformes régionales, d’abord numériques, régulièrement mises à jour et animées, mais susceptibles de favoriser les rapprochements des acteurs du territoire (événements ou groupes de travail),
- Co-construction, avec les acteurs pertinents du territoire, d’une stratégie de diffusion de la RSE,
- Création d’une carte interactive permettant aux acteurs (privés ou publics) de référencer leurs bonnes pratiques et de montrer les territoires les plus dynamiques.
Pour structurer et réussir une politique régionale en faveur de la responsabilité sociétale des entreprises locales
- Co-construire avec les acteurs déjà impliqués, s’appuyer sur les réseaux d’entreprises
- Partenariats, forces vives de la RSE…
- La région doit néanmoins assumer son rôle de promoteur de la RSE, doit communiquer et oser expérimenter de nouvelles méthodes de travail, plus intégratrices des « faiseurs » du territoire.
- Formaliser une politique, pour qu’elle soit identifiable
- Claire, volontaire et pédagogique,
- L’intégrer à des dispositifs existants de développement économique peut être un moyen efficace pour faire connaitre et inciter les entreprises à prendre en compte la RSE.
- Renforcer les moyens humains … même s’il existe déjà des équipes dédiées !
- Recommandation des organisations publiques ayant formalisé une stratégie (vue l’ampleur de la tâche et vu l’engouement), mais difficilement faisable, notamment pour des raisons budgétaires,
- D’où la nécessité de créer une nouvelle gouvernance territoriale (intégrant les acteurs déjà engagés et désireux de promouvoir une dynamique territoriale et inclusive et politiquement portée de la RSE).
Conclusion
Les résultats de l’étude sont très encourageants. Les actions régionales en faveur de l’engagement des entreprises locales dans la RSE sont en effet nombreuses et multiples. Seules deux régions se démarquent néanmoins et ce, par l’ancienneté de leur engagement et la qualité de formalisation d’une stratégie collective, structurante et organisée.
Un modèle de politique régionale en faveur de la RSE se dessine
Ses caractéristiques principales sont les suivantes :
- Un collectif partenarial d’acteurs locaux susceptibles de se fédérer au sein d’une plateforme régionale de la RSE/du développement durable,
- Des parcours de performance responsable organisant de manière progressive les différents types d’actions identifiés : inciter, accompagner, valoriser et même obliger les entreprises à s’engager,
- Une volonté politique présente dès l’impulsion de la démarche et tout au long de celle-ci, en s’appuyant notamment sur les acteurs associatifs locaux, mais également sur les instruments incitatifs.
Les leviers pour y parvenir
- Montrer aux entreprises l’intérêt de la RSE, de manière concrète et opérationnelle,
- Intégrer les enjeux de RSE dans les politiques publiques locales, notamment de développement économique,
- Un meilleur dialogue avec les acteurs publics, une prise en compte des attentes et des difficultés des entreprises, à l’aide d’un langage commun,
- Une démarche partenariale structurée, en donnant du sens, pour fédérer une communauté de territoire, et imaginer ensemble la gouvernance locale pour une économie territoriale plus durable,
- Un ancrage territorial des entreprises, pour faire et produire au profit d’une économie de proximité, investie dans un territoire attractif,
- Des dynamiques multi-acteurs, pour répondre à la pluralité des enjeux du développement local, durable,
- Des relations de proximité, tant avec les donneurs d’ordre qu’avec les consommateurs, les associations et les autres entreprises,
- Expérimenter et s’associer et
- Une animation territoriale par les acteurs publics et associatifs locaux pour que les entreprises se saisissent de la RSE.
Pour aller plus loin et pour inspiration
Nous vous invitons à découvrir la plateforme Audit-RSE.com, dédiée au diagnostic de responsabilité sociétale, mise en ligne par B&L évolution. Vous y trouverez notamment un outil d’autodiagnostic RSE gratuit, qui vous permettra en quelques minutes de réaliser une première évaluation de votre démarche RSE, avant de mener un audit plus complet.
Collectivités, acteurs publics ou privés et associations, sont invités à se mobiliser pour assurer leur rôle de levier dans le déploiement de la RSE !
Retrouvez ici l’étude complète.