Le 1er novembre 2010 marquait le lancement de la norme ISO 26000, « une des normes les plus attendues de l’année » selon l’ISO, la première norme donnant aux entreprises du secteur privé et aux organisations du secteur public des lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale.
Deux ans après son lancement, quel bilan pouvons-nous faire de la norme ISO 26000 ? Cette norme a-t-elle changé la vision que les entreprises ont du développement durable ? Comment s’est-elle propagée dans les organisations ?
Créant un réel consensus international sur la définition de la responsabilité sociétale et définissant les questions centrales dont il faut tenir compte pour la mettre en œuvre, l’ISO 26000 a rapidement été adoptée par de nombreux grands groupes internationaux. Pour cause, BNP Paribas, Sequana, Carrefour, Club Med ou encore Elior ont redéfinis leur politique stratégique de responsabilité sociétale en se basant uniquement sur l’ISO 26000.
L’ISO 26000 a aussi rapidement intégré les rapports RSE : en plus des équivalences GRI et des principes directeurs de l’OCDE, grand nombre d’entreprises affichent aujourd’hui à minima une équivalence avec les domaines d’action et questions centrales de l’ISO 26000.
Volontairement généraliste pour être utilisée par tout type d’organisations, l’ISO 26000 a peu a peu été déclinée à différents secteurs clés : communication, agro-alimentaire, achats responsables, sport ou transports publics urbains, ces déclinaisons facilitant son appropriation. De la même manière, plusieurs fédérations telles que l’ANIA diffusent une version déclinée de l’ISO 26000 à l’ensemble de leurs membres.
Mais au-delà des considérations stratégiques et administratives, il est intéressant de voir en quoi l’ISO 26000 a contribué à faire évoluer la vision du développement durable en entreprise. S’il était cantonné au département Environnement, la définition de la RSE apportée par la norme a permis de redonner toutes ses dimensions au développement durable : environnementale mais aussi sociale et sociétale. De plus, le recours à la norme permet aux organisations de prendre conscience de certains risques jusque là mis de côté par exemple la loyauté des pratiques ou l’implication auprès des communautés.
Par ailleurs, si le fait qu’elle ne soit pas certifiable a pu paraitre déroutant au départ, les entreprises ayant adoptées la norme –entre autres Ferrero – ont rapidement réalisé qu’elles devaient « passer de la gestion de projet à un véritable système de management » et adopter ainsi une vision réellement stratégique et de long terme de la RSE.
Autre élément fondamental apporté notamment par l’ISO 26000 et de plus en plus considéré aujourd’hui : l’identification et le dialogue avec les parties prenantes. La prise en considération des parties prenantes (clients, salariés, fournisseurs, actionnaires…) assure en effet une meilleure pertinence de la démarche RSE et ceux tout au long de l’évaluation et du déploiement de la stratégie.
Malgré tout, force est de constater que l’ISO 26000 est encore trop peu connue des organisations : manque de connaissance, parution encore récente dans un contexte où les stratégies sont redéfinies tous les 5 ou 10 ans ou faible préoccupation de la DG sur ce sujet ? L’application de l’ISO 26000 à l’ensemble des organisations permettraient pourtant d’avoir un point de comparaison fiable et ce partout dans le monde, mais peut-être redoutent-elles encore trop l’idée d’être évaluée sur ce sujet ?