Avec plus de 11 000 tonnes de plastique qui finissent dans la mer Méditerranée chaque année, la France est considérée comme l’un des plus gros pollueurs de cette région par l’ONG WWF. Une image peu flatteuse d’autant plus que cette production a des conséquences sur le climat. Explications.
Cette année, la Journée mondiale des océans se tient le samedi 8 juin. C’est l’occasion de sensibiliser le grand public à une meilleure gestion durable des océans et de leurs ressources en proposant des pistes d’actions individuelles ou collectives. De nombreuses associations se manifestent partout dans le monde pour animer des ateliers lors de festivités et diffuser des actions concrètes pour tous pour la sauvegarde des mers et des océans.
La question de la préservation des mers et des océans, notamment de la mer Méditerranée, a fait l’objet d’une enquête menée par WWF. D’après leur rapport publié ce vendredi 7 juin, veille de la journée mondiale des océans, 600 000 tonnes de plastique sont rejetées dans la mer Méditerranée. L’ONG épingle la mauvaise gestion des déchets plastiques de 22 pays méditerranéens dont la France. Quelle contribution de la France à cette pollution ? Quel est l’impact de ces déchets sur les océans ?
La France, 3e plus gros émetteur de CO2
La France est en effet le plus gros producteur de déchets plastiques dans la mer Méditerranée avec 5,7 millions de tonnes produites en 2016, soit 1,4% de la production mondiale. Cette production a généré 4,5 millions de tonnes de déchets, ce qui équivaut à 66,6 kg de déchets plastiques par an et par personne en France ! De plus, seulement 22% des plastiques sont recyclés : un taux bien bas comparé à d’autres pays européens. La raison de ce taux serait une mauvaise gestion des déchets dans leur traitement et leur collecte. Selon WWF, la France proposerait des mesures trop limitées pour réduire la production et l’utilisation des plastiques. Elle est d’ailleurs particulièrement en retard comparé à d’autres pays européens.
L’impact environnemental de la production et de la consommation de plastique en France est supérieur à la moyenne des autres pays méditerranéens. La France est le troisième plus gros émetteur de CO2 avec 35,4 millions de tonnes issus de la production, du recyclage et de l’incinération des plastiques en Méditerranée. Sa consommation nécessite 74 millions de barils de pétrole en énergie !
Afin d’attirer l’attention des décideurs, WWF diffuse une pétition pour « [bannir] le plastique qui étouffe nos océans ». Chaque pays a une responsabilité dans la crise des plastiques. L’ONG demande « une réponse collective et globale qui oblige les gouvernements à prendre leurs responsabilités pour mettre un terme à la pollution plastique » d’ici 2030. Cet accord universel devra comprendre des plans d’actions nationaux et des objectifs stricts de réduction de la pollution dans chaque pays.
Le plastique et la biodiversité
À cause de la mauvaise gestion des déchets plastiques et du tourisme de masse en Europe, le plastique ne cesse d’augmenter en Méditerranée, mer qui se retrouve propulsée au rang des mers les plus polluées au monde. En plus du climat, le plastique dans les océans est une véritable problématique pour la vie aquatique.
Peu de plastiques sont biodégradables et leur espérance de vie est très importante, jusqu’à 20 ans pour un sac et près de 600 ans pour une ligne de pêche, selon le rapport 2018 de WWF.
Dans le monde, près de 700 espèces marines sont menacées par le plastique dont 17% sont classées menacée ou en danger critique. La mer méditerranée abrite à elle seule plus de 10 000 espèces et presque toutes les espèces sont d’une manière ou d’une autre en contact avec les déchets plastiques. « Des fragments de plastique ont été retrouvés dans toutes les tortues marines en Méditerranée et dans 90% des oiseaux marins dans le monde. En 1960, c’était seulement 5% ! », est-il expliqué dans le rapport.
Selon WWF, les espèces aquatiques sont victimes du plastique de 4 manières différentes :
- Le piégeage : que ce soit des filets ou des lignes de pêche abandonnés, des anneaux d’emballages, des sacs… les espèces se retrouvent coincées, enchevêtrées et finalement piégées. Les principales victimes sont les oiseaux et les poissons. Lorsque les espèces arrivent à se dépêtrer de ce piège mortel, le plastique peut causer des blessures, des lésions ou des déformations pouvant devenir mortelles pour elles (impossibilité de fuir un prédateur).
- L’ingestion du plastique : l’ingestion du plastique par les espèces peut se faire de manière intentionnelle en confondant un sac plastique avec une méduse, de manière accidentelle ou en se nourrissant de proies qui en ont elles-mêmes ingéré. En Méditerranée les espèces les plus concernées sont principalement les poissons.
- L’empoisonnement : les plastiques qui se retrouvent dans les océans sont aussi à l’origine d’une pollution car ils contiennent de nombreuses substances toxiques concentrées. Les polluants résistent au processus de dégradation et s’accumulent dans les tissus vivants. 78% des polluants plastiques sont toxiques.
- Le plastique, un nouveau milieu inadapté : les objets en plastique s’accumulent au fond des océans et les espèces vont les coloniser. Le problème est que ces matériaux regroupent des concentrations importantes d’organismes parmi les plus fortes jamais enregistrées. Un phénomène qui déstabilise complètement l’équilibre de l’écosystème lorsqu’ils entrent en contact avec les habitats marins.
Il est important de s’investir et participer à des programmes de protection des océans, sensibiliser et éduquer les acteurs, les collaborateurs et l’ensemble des parties prenantes. Cette journée est l’occasion de mieux prendre en compte les enjeux de la préservation des écosystèmes aquatiques.