Après plusieurs mois de sécheresse en Australie, marqués par des incendies qui ont ravagé la flore et la faune australienne, la pluie est enfin tombée dans plusieurs Etats, améliorant ainsi la qualité de l’air.
Depuis septembre 2019, des centaines d’incendies ont parcouru une grande partie de l’Australie, détruisant plus de 10 millions d’hectares de terrain, emportant sur leur passage de nombreux animaux et plantes, et faisant au moins 28 morts. Non seulement la biodiversité est menacée mais la qualité de l’air est également touchée par ces feux de brousse, tandis que les températures continuent d’augmenter ! Selon le Bureau météorologique du gouvernement australien (BOM), la majeure partie du pays a de fortes probabilités de dépasser les températures maximales médianes au moins une fois sur la période de décembre 2019 à février 2020.
Si les feux de brousse sont un phénomène courant pour les Australiens, une telle intensité reste rare. En cause : le réchauffement climatique. Comment peut-on expliquer la formation de ces incendies ? Comment le climat participe-t-il à la destruction de la faune et la flore ? Comment préserver la biodiversité menacée ? Explications.
Comprendre l’apparition des incendies ravageurs
Les feux de brousse actuels, arrivés plus tôt que prévus, sont dus à une sécheresse importante, et leur propagation est favorisée par des vents violents. Ces feux ont été aggravés par le réchauffement climatique comme le confirme le Bureau météorologique du gouvernement australien sur son site internet : “Le changement climatique influe sur la fréquence et la gravité des conditions dangereuses des feux de brousse en Australie et dans d’autres régions du monde, notamment en influençant la température, l’humidité de l’environnement, les conditions météorologiques et les conditions de carburant. Des changements importants ont été observés au cours des dernières décennies vers des conditions météorologiques plus dangereuses pour les feux de brousse dans diverses régions de l’Australie”.
Alors que les incendies de brousse peuvent se produire à tout moment de l’année en Australie, leur activité maximale peut varier à travers le pays selon les conditions locales. Leur intensité, leur taille, leur vitesse, leur dangerosité et même leur prévisibilité sont influencées par les conditions météorologiques. Dans ce cas précis, les terres asséchées et les températures au-dessus des normales saisonnières (49°C en décembre) ont été le point de départ de cette catastrophe naturelle. A noter que les températures ne cessent d’augmenter depuis les années 1980, avec une croissance accélérée en 2019.
Une biodiversité disparue à jamais ?
L’Australie, qui compte près de 90% d’espèces endémiques dans la plupart des classes (mammifères, reptiles, poissons, insectes, amphibiens), a vu de nombreuses espèces périr et la végétation détruite. Un milliard d’animaux ont été affectés par les incendies dans le seul Etat de Nouvelle-Galles du Sud selon une étude publiée le 8 janvier par l’université de Sydney.
Un bilan lourd de conséquences tant par son intensité que son étendue. Des animaux n’ont pas pu trouver refuge et il sera difficile de retrouver un territoire épargné par les flammes. La flore va mettre de nombreuses années à se reconstruire, avec le risque de voir des espèces animales disparaître. La survie de certaines espèces vulnérables est donc fortement menacée dans ce cas : une situation qui peut également être aggravée par les pressions exercées par les humains et l’introduction d’espèces invasives (renards, lapins, dromadaires, chèvres…).
Comment préserver la faune et la flore ?
Pour arrêter les feux encore actifs, il faut de la pluie ! Les précipitations d’au moins 200 millimètres peuvent stopper les plus gros foyers. Depuis mercredi 15 janvier au soir, des orages ont éclaté dans l’Etat de Victoria, favorisant la dissipation du nuage de fumées toxiques. Des précipitations sont prévues le week-end. Cette période pluviale pourrait être la plus longue depuis le début des incendies en septembre.
Par la suite, des programmes pourront être menés pour aider la faune et la flore à se régénérer. Des associations environnementales demandent de l’aide pour porter assistance à de nombreux animaux ou d’autres proposent par exemple d’adopter des koalas pour financer leurs soins. Il est possible de participer en faveur de la survie des espèces et la reconstruction de leur habitat ou d’enrichir les sols brûlés en répandant du compost au moins sur un périmètre limité. Cette crise en termes de biodiversité a poussé des célébrités à faire des dons et de nombreux particuliers et associations à lancer des cagnottes pour faire face à l’ampleur des dégâts et secourir les pompiers et les populations touchées. D’autant plus que ces incendies ont déjà gagné l’Amérique du Sud…
En effet, le Chili et l’Argentine sont également touchées par ces fumées. Les particules émises par les incendies australiens se sont propagées hors du pays et devraient faire le tour de la Terre jusqu’à revenir au-dessus de l’Australie, selon la Nasa. Ce phénomène météorologique, appelé “orage de feu”, est déclenché par le soulèvement de cendres, de fumée ou de matériaux brûlants par le biais de courants ascendants surchauffés. Lorsque ces matériaux refroidissent, des nuages se forment, dont les parties supérieures très froides s’entrechoquent et provoquent une accumulation de charge électrique libérée par des éclairs géants. Aucune conséquence vraiment importante n’est à signaler mis à part un soleil au ton plus rougeâtre, selon le Service Météorologique National Argentin.
Un éveil écologique ?
Si les causes de la dégradation de l’écosystème australien ne sont plus à démontrer, de nombreux articles et messages sur les réseaux sociaux ont circulé ces dernières semaines, pour démentir les causes de l’origine de ces incendies. L’Agence France Presse (AFP) a d’ailleurs alerté sur la vague de désinformation climatique qui a sévi sur le net, citant au passage le GIEC qui explique dans son rapport que “la fréquence et l’intensité d’événements climatiques et météo extrêmes ont augmenté en tant qu’effets du réchauffement climatique et vont continuer à augmenter, dans les scénarios prévoyant des niveaux moyens ou élevés d’émissions de gaz à effets de serre”.
Face à l’ampleur de ces feux et la destruction de l’écosystème local, de nombreuses personnes ont pris conscience du réchauffement climatique et des conséquences environnementales désastreuses. Même si les pluies sont arrivées, elles ne vont malheureusement pas stopper définitivement le phénomène ni empêcher les feux de se relancer. Améliorer nos connaissances en matière d’impact sur l’environnement doit rester une priorité. Nous devons (continuer d’)opérer des changements pour atténuer le changement climatique et préserver la biodiversité. Pour une évolution de nos modes de vie, des actions peuvent déjà être prises à court terme, tout en espérant qu’une prise de conscience émergera et sera traduite en actions pertinentes du côté des décideurs.