La pollution lumineuse est un phénomène insidieux issu de nos éclairages qui transforme nos nuits donnant en lieu à une artificialisation de notre environnement nocturne. Ces impacts forts sur les écosystèmes, mais aussi pour nous, être humain, ne nous permettent plus de profiter d’un ciel étoilé de qualité et pouvent perturber notre sommeil. Mais ce phénomène est de plus en plus pris en compte sur notre territoire. Une bonne nouvelle ? Oui ! Mais la menace viendra aussi du ciel, et là la protection de l’environnement nocturne est loin d’être gagnée !
La pollution lumineuse est un phénomène commun de nos villes et sur de nombreux kilomètres autour, un phénomène qui touche 83% de la population mondiale. Voire même 99% de la population des États-Unis et d’Europe au point qu’un tiers de la population ne peut plus admirer la voie lactée ! Cette pollution lumineuse est causée par la diffusion de lumière artificielle durant la nuit supprimant l’obscurité de notre environnement. Cette obscurité est pourtant essentielle pour toutes les espèces qui ont évolué depuis des milliers d’années avec un rythme en deux temps, une période de jour et une période de nuit. En supprimant cette seconde période, l’humanité supprime une fonction naturelle de la vie sur Terre entraînant une modification profonde des écosystèmes et une perturbation importante de l’équilibre de l’environnement nocturne.
Ce phénomène provient donc de notre éclairage artificiel qui fonctionne la nuit. […] Cette ambiance lumineuse se résume par la création d’un halo lumineux qui englobe les pôles urbains et condamne cet espace dans une lumière perpétuelle. Plusieurs actions peuvent être menées par les acteurs pour réduire la pollution lumineuse, en maîtrisant leurs flux, en réalisant des extinctions partielles ou totales ou encore en utilisant des systèmes limitant les impacts, comme des ampoules avec moins de couleur bleue par exemple. […] Mais aujourd’hui se profile une nouvelle menace et elle pourrait bien provenir directement de ce ciel nocturne tant convoité pour sa beauté…
Le ciel, principal fautif de pollution lumineuse ?
On sait déjà que les nuits qui entourent la pleine lune sont particulières pour la faune mais aussi pour les astronomes. La lune qui va refléter la lumière du soleil et qui va engendrer une lumière naturelle forte sur la surface terrestre. Par exemple, de nombreuses espèces modifient leur comportement durant la pleine lune, comme les crapauds dont le chant est nettement plus timide pour ne pas attirer les prédateurs dont la vision est facilitée par la lumière de la lune. Les astronomes eux ont plus de difficultés à observer les étoiles aux magnitudes les plus élevées et donc aux brillances les plus faibles. Mais cela reste entièrement naturel et il n’est pas inintéressant de pointer son télescope pour admirer le satellite naturel de la Terre et observer les détails étranges des cratères qui la composent.
Eh bien cette menace provient bien du ciel mais de nouveau à cause de l’humanité. En effet, de nombreux projets spatiaux pourraient venir ternir notre ciel. Des projets qui peuvent se présenter comme légitimes aux premiers abords mais aussi totalement aberrants et qui, dans les deux cas, vont créer une modification profonde du ciel nocturne comme on le connait.
On notera la multiplication drastique des satellites qui sont en orbite autour de la Terre. Cette démocratisation vient notamment du « Boom des minisatellites, qui, grâce à leur taille et leur coût, sont lancés en masse » avance le magazine Science et Vie de ce janvier 2020. […] Mais que peut-on craindre pour notre environnement nocturne ?
Quand les ovnis persistent à venir…
Ces satellites pourraient être l’occasion de développer de nouvelles sources de pollution lumineuse pour… de la publicité ! En effet, de nombreux projets de start-up à travers le monde ambitionnent de faire du ciel nocturne le support de diffusion de publicités. Les nouvelles technologies permettent une maîtrise des objets stellaires et en configurant un bon alignement, des messages publicitaires lumineux pourraient apparaître au-dessus de nos têtes… C’est par exemple l’objectif de StartRocket, une start-up russe qui diffusera des pubs dans l’espace d’ici 2021 à 400 km d’altitude, offrant une audience de 7 milliards de personnes. Heureusement une « formation serrée reste techniquement aujourd’hui complexe », ce qui pourrait laisser un peu d’espoir dans la préservation du ciel, mais pour combien de temps ?
Il s’agit d’une dimension publicitaire qui est également justifiée par une question de sécurité : le message pourrait servir à diffuser des informations pour la population en cas de problèmes de courant ou de dangers imminents…
Quelles conséquences ont ces objets spatiaux sur l’environnement ?
Il s’agit de projets toujours plus ambitieux et farfelus, dont l’utilité peut être largement discutée et dont l’impact sur l’environnement nocturne sera irrémédiable. Quand on sait que certaines espèces comme les oiseaux migrateurs de notre territoire se dirigent en fonction de la position des étoiles, ces projets pourraient avoir un impact fatal pour l’environnement nocturne. Et cet impact pourrait se produire demain, désorientant complètement les migrations et réduisant une nouvelle fois les espaces pourvus d’obscurité, repoussant les espèces lucifuges dans des zones toujours plus confinées. Ces dispositifs seront aussi particulièrement limitants pour les astronomes souhaitant admirer le ciel étoilé, mais aussi ceux qui l’étudient. Car en effet, les salves de satellites sont à l’origine d’une perturbation des instruments de mesures des astronomes professionnels.
Aucune réglementation, qui devrait obligatoirement être internationale, n’encadre ce type de pratiques. […] Ces pratiques sont-elles vraiment utiles ? Même si les enjeux de sécurité peuvent être attirants, l’impact sur la biodiversité et sur notre environnement nocturne que vont avoir la diffusion de publicité dans le ciel, ou la mise en place d’une « lune artificielle » seront tellement importants, peuvent-ils justifier une artificialisation supplémentaire de notre ciel étoilé ? […] Nous priver de la beauté d’un ciel nocturne de qualité et de profiter des nuits d’été sous ce spectacle naturel et grandiose serait particulièrement regrettable.