Indexer le salaire des PDG et cadres dirigeants sur des critères extra-financiers et intégrer un volet RSE aux Conseils d’Administration ou Comités de Direction n’est désormais plus marginal au sein des entreprises du CAC 40. En effet, selon le dernier baromêtre Capitalcom sur la RSE au sein du CAC 40, en cinq ans, le nombre de Groupes qui indexent la rémunération variable des dirigeants sur des critères RSE a doublé, par ailleurs ¼ des Directeurs de Développement Durable (fonction très récente) et près de la totalité (37) des Directeurs des Ressources Humaines figurent dans le top management (COMEX ou CODIR).
« Le cumul des responsabilités liées à la Stratégie et à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au plus haut niveau de l’entreprise, que ce soit dans les Comités de Direction ou dans les Conseils d’Administration, traduit une évolution spectaculaire du mode de management des entreprises… Induirait-il la mise en place d’un nouveau modèle de croissance pour les prochaines années ? » s’interroge Caroline de La Marnierre, Présidente de Capitalcom.
Il est clair que la prise en compte croissante des enjeux de développement durable au sein de la stratégie Groupe traduit un certain changement de paradigme, et ceux qui l’ont compris en premier, récoltent aujourd’hui les fruits de leurs investissements. C’est le cas notamment de BNP Paribas, nommé leader mondial de la responsabilité sociétale selon Vigeo mais aussi consacré « Bank of the year 2012 » en France notamment grâce à son adoption précoce des exigences de fonds propres de Bâle III.
Cumul progressif des enjeux stratégiques et de la RSE au plus haut niveau de l’entreprise
BNP Paribas n’est bien sûr pas la seule entreprise à associer étroitement RSE et stratégie : le nombre de firmes ayant créé un comité dédié aux enjeux de la Responsabilité Sociale (RSE) au sein de leur Conseil d’Administration a triplé en 5 ans selon Capitalcom. « Notons qu’en 2011, le « Comité des comptes et de l’audit » de Renault a été élargi au « Comité de l’audit, des risques et de l’éthique », dont les missions sont étendues au contrôle du respect des règles en matière d’éthique et de déontologie.
En plus d’être abordés lors de ces comités spécialisés, les sujets liés à la Responsabilité Sociale sont traités de plus en plus largement, soit directement à l’occasion des sessions plénières du Conseil – comme c’est notamment le cas chez France Télécom Orange, GDF SUEZ, Lafarge, Société Générale ou encore Veolia Environnement – ou bien dans le cadre des autres comités, le Comité des Nominations, de la Gouvernance ou encore des Rémunérations.
« Certains comités dédiés à la RSE ont même été fusionnés avec des Comités de Stratégie, à l’instar de la démarche observée dans le top management. A titre d’exemples, L’Oréal a créé un « Comité Stratégie et Développement durable » en 2010, en remplacement de son « Comité Stratégie et Réalisations » ; Lafarge dispose d’un « Comité Stratégie, Développement et Développement Durable », tandis que Veolia Environnement associe Développement Durable et innovation dans le cadre d’un « Comité Recherche, Innovation et Développement Durable » » constate l’agence.
Les parties prenantes intégrées à la démarche
La tendance est à la prise en compte croissante des attentes des parties prenantes dans la construction des stratégies RSE des entreprises. Plusieurs sociétés – comme Alcatel-Lucent, Arcelor Mittal, EADS, France Télécom Orange, Sanofi, Solvay, STMicroelectronics… – publient dans leurs rapports annuels un tableau de bord – appelé « matrice de matérialité » – qui positionne les enjeux RSE de l’entreprise vis-à-vis des attentes de ses parties prenantes, d’une part ; et de sa stratégie, d’autre part. Des entreprises comme Lafarge et Danone ont, par ailleurs, sollicité leurs parties prenantes pour élaborer leur stratégie : le panel de parties prenantes de Lafarge a été impliqué dans la définition des Ambitions Développement Durable 2020 du Groupe, tandis que Danone a constitué un panel d’experts, de leaders d’opinion et d’ONG pour finaliser sa vision Nature 2020.
Il ne reste plus qu’à donner la parole à ces parties prenantes pour connaitre leur point de vue sur ces nouvelles bonnes pratiques et l’impact réel de ces nouvelles stratégies responsables.
Sources: Capitalcom, BNP Paribas, Les Echos