Le 6 septembre dernier s’est tenu le forum Giverny dédié à la RSE, durant lequel acteurs économiques, politiques, institutionnels et sociaux ont pu échanger sur cette thématique. Les organisateurs de l’événement ont publié les résultats d’un sondage sur ce que pensent les Français de la RSE.
La responsabilité sociétale des entreprises commence à intéresser les Français même si peu connaissent le concept : c’est une des conclusions tirées du sondage*, effectué par Ifop pour RM Conseil et le Forum de Giverny et présenté par La Croix. Sujet intéressant, utile, compliqué… Comment est perçue la RSE par les personnes interrogées ?
*Enquête menée auprès d’un échantillon de 1005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Parmi eux, 621 actifs occupés ont été interrogés.
La RSE : quand maitrise et intérêt vont de pair
Seuls 33% des sondés connaissent la RSE et parmi eux, plus de la moitié est intéressée par ce concept. Les jeunes maitriseraient mieux la RSE que leurs ainés puisque chez les 18-24 ans ils sont 42% à suivre assidument l’actualité sur ce sujet.
Chez les actifs maitrisant le sujet, l’intérêt pour la RSE progresse même si 38% ne peuvent affirmer si une démarche RSE est engagée au sein de leur entreprise. Pourtant, mettre en avant sa démarche RSE n’a que des avantages : le consommateur devient fidèle à la marque et serait même prêt à payer plus cher pour le produit ou service en question lorsque la démarche RSE est mise en avant.
Les enjeux et domaines sont associés à la RSE
Quels enjeux se rapprochent de l’idée que se font les sondés de la RSE ? A 22% et 19%, la protection de l’environnement et l’amélioration des conditions de travail et du bien-être des salariés sont les deux enjeux qui sont prioritairement associés à la définition de la RSE. Les personnes interrogées considèrent que les entreprises doivent porter avant tout leurs efforts sur ces deux points. Avec 3% des réponses données, la diversité au sein des entreprises ne semble pas être un sujet reconnu comme faisant partie des thématiques à traiter prioritairement par la direction.
Le sondage met également en avant le fait que les entreprises sont attendues sur les efforts portés pour, favoriser une consommation responsable et le développement local des entreprises. Les secteurs de l’industrie, du BTP et du transport apparaissent comme exemplaires sur la maitrise de la RSE : reste à savoir quels enjeux sont les mieux maitrisés ?
Quels acteurs sont considérés comme les plus décisifs pour faire progresser la RSE ?
Les personnes maitrisant le mieux la RSE sont les dirigeants d’entreprise, « plus attentifs aux coûts et contraintes qu’elle suscite » explique Romain Bendavid, directeur à l’Ifop, selon des propos rapportés par La Croix.
Les dirigeants d’entreprise estiment que l’Etat et les consommateurs ont un rôle aussi décisif que le leur pour faire progresser la RSE. La population a plutôt tendance à considérer que ce sont les dirigeants d’entreprise qui ont une grande part de responsabilité, loin devant les consommateurs eux-mêmes et les pouvoirs publics.
L’étude présente également l’implication des personnes interrogées dans la RSE, en tant que consommateur et qu’actif.
Une divergence d’opinion qui peut expliquer certains freins à un déploiement massif de la RSE dans la société. Il est alors important de rappeler que chacun est acteur et peut transformer la société, l’Etat de par l’implémentation de lois ambitieuses et engageantes ; les dirigeants d’entreprise par la mise en place de démarches RSE et par la mobilisation de tous ses salariés ; les collaborateurs en donnant du sens à son métier et en développant des pratiques responsables et respectueuses de l’environnement ; les consommateurs en achetant les produits dont ils ont besoin et en sélectionnant les plus vertueux, en matière sociale et environnementale….
La raison d’être : un (non) sens pour les dirigeants d’entreprise ?
La loi Pacte permet, pour rappel, aux entreprises de se doter d’une raison d’être et de l’inclure dans ses statuts. Alors que depuis son adoption, les grandes entreprises n’ont pas hésité à valoriser leur propre raison d’être, les sondés sont plus dubitatifs : 38% des dirigeants ayant répondu au sondage estiment que la définition de la raison d’être est une opération marketing et les agriculteurs semblent peu convaincus.
Pourtant, pour 34% des sondés au contraire, la raison d’être des entreprises peut inciter ces dernières à se décentrer des seuls objectifs financiers, pour s’orienter vers l’intérêt général. Les résultats du sondage mettent encore une fois l’accent sur le clivage existant entre dirigeant et opinion publique. Ces derniers se retrouvent néanmoins sur un point : plus l’entreprise donne du sens à son activité, plus elle crée de la valeur, ce que permet notamment la raison d’être, selon les sondés.
Si le sujet de la RSE intéresse de plus en plus les Français, c’est en partie par la communication qui en est faite. La raison d’être, cette nouvelle façon de communiquer sur les enjeux RSE sur le web ou lors d’événements dédiés permet aux entreprises d’être plus transparentes sur leur démarche RSE et de fidéliser les consommateurs. Le sondage le dit : 74% sont disposés à acheter un produit proposé par une entreprise qui met en avant sa démarche RSE. Les sondés actifs sur le sujet de la RSE (qui représentent 62% de l’échantillon) seraient même prêts à s’engager dans l’amélioration des pratiques RSE de leur entreprise. Si le sujet devient indispensable chez les salariés, la réponse est toute autre chez les dirigeants. Ces derniers devraient peut-être se montrer plus impliqués et faire de la RSE une question fondamentale pour atteindre leurs objectifs. Des dirigeants responsables, un levier de transformation de notre société ?