L’utilité de la biodiversité biologique n’est plus à démontrer. Elle permet de soutenir le fonctionnement des écosystèmes, fournir des services écosystémiques essentiels au bien-être humain, assurer la sécurité alimentaire, la santé humaine ainsi que l’approvisionnement en air pur et potable, contribuer au développement économique, réduire la pauvreté… De plus, la biodiversité, par le biais de ses écosystèmes, de ses espèces et de sa diversité génétique, possède la capacité de s’adapter aux changements climatiques notamment et de réduire sa propre vulnérabilité et celle des communautés. Malgré son importance fondamentale, la biodiversité continue de s’appauvrir.

Face à ce constat, une initiative appelée Countdown initiative a été lancée en 2001 dans le but de fédérer les actions nécessaires pour protéger et restaurer la biodiversité dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention internationale de la Biodiversité signée en 1992. En 2010, il a été constaté une difficulté d’atteindre des objectifs ambitieux de réduction de la perte de biodiversité. Dans ce contexte, les parties à la convention sur la diversité biologique ont adopté en 2010, à Nagoya au Japon, le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 afin de faire émerger de grandes actions d’envergure par tous les pays et parties prenantes en soutien à la biodiversité au cours des 10 années à venir. Ce plan contient 20 objectifs répartis en 5 buts stratégiques, appelés objectifs d’Aichi, devant être atteints avant 2020.

Quels enjeux pour les entreprises à intégrer les objectifs d’Aichi dans leur stratégie ?

Bien que le rôle de la nature dans le développement humain soit indéniable, la plupart des avantages qu’elle fournit ne sont pas pris en compte par les entreprises dans leurs stratégies de développement et son érosion s’accélère à un rythme sans précédent. Les objectifs d’Aichi veulent donc répondre à ces problématiques en demandant aux Parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB) d’inclure la nature comme un bien et un capital dans la planification sociale et économique. Ils demandent aussi la mise en place d’une gouvernance adéquate qui garantisse une distribution équitable des avantages tirés de la nature.

Du fait de leurs impacts et dépendances vis-à-vis de la biodiversité, les entreprises sont appelées à être l’une des parties prenantes majeures dans la lutte contre son érosion. Dans ce contexte, la question de la prise en compte de la biodiversité par le secteur privé et de sa contribution à la mobilisation des ressources en faveur de sa préservation est devenue un enjeu majeur. En effet, la plupart des causes sous-jacentes de la perte de biodiversité sont liées aux activités des entreprises et du secteur privé c’est-à-dire l’industrie du pétrole et du gaz, l’exploitation minière, l’agriculture, la pêche et leurs empreintes environnementales. Par conséquent, le défi est de faire évoluer les modes de consommation et de production vers des pratiques durables.

Les entreprises disposent de réponses techniques et financières viables pour contribuer à l’élan collectif en faveur de l’atteinte de ces objectifs. Ces réponses peuvent souvent être à la source de nombreuses opportunités notamment une meilleure gestion des risques (menaces de rupture d’activité liées à l’approvisionnement, évolutions réglementaires futures), une réduction des coûts grâce à l’optimisation de l’utilisation et à la sécurisation des ressources et intrants, une amélioration de l’image, l’apport de revenus supplémentaires et diversifiés, notamment sur les marchés de produits verts et autres marchés.

Des actions établies en faveur de la biodiversité

Le secrétariat de la convention sur la diversité biologique et le Gouvernement du Mexique ont invité les dirigeants d’entreprises et d’institutions financières à signer l’Engagement entreprises et biodiversité (Business and biodiversity pledge), lors de la COP 13 qui s’est déroulée à Cancun, au Mexique. Cet engagement a pour objet d’attirer l’attention des entreprises sur limportance de la biodiversité et des services écosystémiques pour elles, sur leur rôle dans leur protection et de leur permettre de réaffirmer leur engagement. Les entreprises l’ayant signé s’engagent à réaliser des actions concrètes en faveur de la biodiversité et à proposer des solutions pour son utilisation durable et pour un partage juste et équitable des bénéfices liés aux ressources génétiques.

Beaucoup d’efforts restent encore à fournir pour atteindre les objectifs car à 3 ans de l’échéance, seuls 5% des pays sont en voie d’atteindre les objectifs d’Aichi. De par son rôle central dans le développement économique, sa capacité de financement et d’innovation, mais aussi à cause des pressions importantes qu’il exerce directement ou indirectement sur la biodiversité, le secteur privé est un acteur clé. La préservation de la biodiversité peut être envisagée par les entreprises comme source de nouvelles opportunités. De nombreux outils sont disponibles pour les entreprises, à condition qu’elles travaillent de concert avec les États et la société civile qui permettent des conditions favorables à la mobilisation des entreprises pour qu’elles deviennent de véritables actrices du changement (voir notamment B&L évolution conseil biodiversité).

La France, un exemple un suivre

La France, grâce à son espace maritime (le deuxième dans le monde) et à ses outre-mers, est le seul pays européen, parmi les États les plus riches au monde en biodiversité. Elle a ainsi une grande responsabilité et doit, plus que n’importe quel pays, être pionnière en matière de protection de la biodiversité que ce soit à travers ses propres politiques publiques ou en portant une ambition environnementale au sein de l’Union européenne ou à l’international.

Côté entreprises, la France figure aujourd’hui parmi les premiers acheteurs d’huile de palme, de soja, de coton, de bois tropicaux, autant de produits qui impactent la biodiversité. Elle a donc tout intérêt à mettre en place au sein de ces entreprises des solutions innovantes pour réduire cet impact. Certains grands groupes et PME comme LVMH, Engie, l’Oréal, B&L évolution ou encore CDC Biodiversité se sont engagés et ont signé l’Engagement entreprises et biodiversité mais ils sont peu et les actions concrètes tardent à être mises en place. Il faut espérer que l’Agence Française pour la Biodiversité, créée début 2017 saura mobiliser les acteurs économiques.

L’étude publiée par B&L Évolution sur l’évaluation des stratégies Biodiversité des Entreprises du CAC 40 montre la trop faible prise en compte de la biodiversité et des écosystèmes dans leurs stratégies et l’importance des efforts qu’il reste à fournir dans cette voie… Avis aux entreprises visionnaires et citoyennes !