A l’occasion du 4ème anniversaire de l’adoption des ODD, B&L évolution publie, en partenariat avec Novethic, une nouvelle édition de l’étude annuelle sur la prise en compte de ces objectifs mondiaux par les grandes entreprises françaises avec comme nouveauté, la contribution des investisseurs dans la réalisation de l’Agenda 2030. Les ODD, un outil de dialogue entre ces deux organes ?
Entreprises et investisseurs se saisissent des ODD mais n’agissent que très peu en commun pour atteindre les 17 ODD. B&L évolution et Novethic se sont donc associés pour analyser comment les acteurs économiques et financiers utilisent les ODD et rendent compte de leur contribution dans leur reporting et leur communication. Dans leur étude intitulée « Les ODD, un rendez-vous manqué ? », les auteurs ont interrogé investisseurs et entreprises pour comprendre quelles étaient les opportunités offertes par ces objectifs et les synergies qui s’opéraient entre ces acteurs.
A travers l’analyse des documents de référence des entreprises du SBF120 et le reporting des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) (rapport 173) des grands investisseurs institutionnels, il est démontré comment l’intégration des ODD dans leur stratégie respective peut servir – ou non – d’outil de dialogue entre acteurs économiques et financiers. Les méthodologies utilisées par les deux organes se rejoignent-elles dans leur communication ? Quelles sont les attentes des uns et des autres ?
Une minorité d’entreprises cotées très sensibles aux ODD !
Plus les entreprises sont grandes, plus elles communiquent sur les ODD et valorisent leur contribution. 72% des entreprises étudiées (dont le chiffre d’affaires est supérieur à 10 milliards d’euros) identifient les ODD et communiquent sur des projets, partenariats et actions de mécénat. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles se les approprient davantage ou les utilisent pour innover. Au contraire, les grands groupes qui innovent à partir des ODD sont ceux dont le chiffre d’affaires est compris entre 1 et 10 milliards d’euros.
Les autres entreprises du SBF120,notamment celles de taille moyenne, ont des profils plus divers. Certaines se distinguent en approfondissant davantage leur contribution, en innovant et/ou en suivant leur contribution via des indicateurs, par exemple. Les plus petites entreprises du SBF120 (dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1 milliard d’euros) sont celles qui sont le moins engagées : 65% d’entre elles ne mentionnent pas du tout les ODD.
Cette année les résultats ne vont pas en s’améliorant… La mobilisation des entreprises pour les ODD est en baisse. En 2017, le nombre d’entreprises citant un ou plusieurs ODD, s’engageant dans des projets de partenariat et mécénat ou adaptant leur offre de produit/service aux ODD était en hausse par rapport à 2016. En 2018, les entreprises ne mentionnant pas les ODD sont aussi nombreuses que celles engagées. Ainsi cette année la grande majorité du SBF120 sont deux fois plus nombreuses à se contenter de citer les ODD, sans indiquer déployer un projet, un partenariat, un nouveau produit/service… Les ODD seraient alors un outil de communication dans ces documents publics.
Les entreprises du CAC40 suivent cette tendance mais restent plus engagées que la moyenne. Reste à voir dans quels secteurs les écarts se creusent. Dans son annexe, B&L évolution apporte une analyse complémentaire sur l’appropriation des ODD par les entreprises, le niveau d’engagement du SBF120 ainsi que la mobilisation du CAC40.
Quelle utilisation des ODD par les investisseurs institutionnels ?
Tout comme les entreprises, ce sont les grandes institutions financières qui sont plus sensibiles aux ODD. Le niveau de sensibilisation diffère selon le type d’institution mais surtout selon leur taille. Ainsi, les 6 institutions pesant plus de 100 Mds € d’encours le sont ainsi à 100%.
Plus du 2/3 des institutions sensibilisées aux ODD (23 sur 34) déclarent, dans leurs rapports publics, utiliser les ODD pour guider leur stratégie d’investissement, notamment dans une perspective d’impact. Cependant, l’étude montre qu’il n’existe que très peu d’investissements directement dédiés aux ODD : seules 5 institutions ont répondu positivement, essentiellement des assureurs. Ils ont déclaré dans notre questionnaire réalisé des investissements dédiés aux ODD ou prévoient d’en faire. Parmi ces investissements dédiés, on retrouve les classiques des investissements responsables des green bonds, des investissements à impact, des investissements dans des infrastructures et immobiliers, des actifs forestiers et des social bonds. Les investisseurs relient donc investissement responsable et ODD.
Ainsi, les ODD sont devenus un passage obligé pour les grandes entreprises comme pour les grands investisseurs. Le suivi de leur contribution respective aux ODD est encore balbutiante et se construit au rythme des avancées de la mesure d’impact. L’étude montrera que les acteurs financiers et économiques ont des attentes réciproques mais utilisent un langage différent. A quand des groupes de travail pour mesurer leurs impacts respectifs sur la société et l’environnement ?