Orchestrée par l’association environnementale Les Amis de La Terre , la cérémonie des Prix Pinocchio 2012 du développement durable consacre Lesieur, Bolera, Areva et Vinci – un bonnet d’âne dont ces entreprises ce seraient bien passées.
Plus de 17 000 internautes se sont exprimés pour élire les lauréats parmi les entreprises nominées de cette 5ème édition.
C’est ainsi que Lesieur s’est vu attribuer le Prix « Plus vert que vert » avec 38 % des votes pour sa campagne publicitaire « Aidons l’Afrique : une bouteille d’huile Lesieur achetée, une bouteille envoyée », illustrant l’engagement du groupe français en matière d’aide aux populations africaines souffrant de famine. Pourtant, Lesieur, via sa maison mère Sofiprotéol, est l’un des plus importants producteur et promoteur de l’industrie des agrocarburants, qualifiée de « crime contre l’Humanité » par Jean Ziegler, ancien rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Entre 2002 et 2008, près de 75 % de la hausse des prix alimentaires serait en effet imputable aux mouvements financiers spéculatifs utilisant les politiques de soutien aux agrocarburants dans l’Union européenne et aux États-Unis.
Bolera Minera, une joint venture formée par les groupes Bolloré et Eramet l’emporte dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi » avec 35 % des votes. L’entreprise a obtenu en 2010 un permis d’exploration pour la recherche de lithium en Argentine, dans une région où vivent 33 communautés indigènes. S’estimant lésées dans leur droits à être consultées et à décider de leur propre développement, tel qu’inscrit dans le droit argentin, ces communautés se sont mobilisées : une plainte a été déposée devant la Cour Suprême d’Argentine à l’encontre des gouvernements locaux censés assurer l’effectivité des droits de ces communautés, ainsi qu’auprès du Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui en juillet 2012, a émis un rapport pointant du doigt les impacts socio-environnementaux de l’exploitation du lithium dans la région de Salinas Grandes.
Avec 45 % des votes, Areva remporte le Prix Pinocchio dans la catégorie « Mains sales, poches pleines ». Refusant de reconnaître sa responsabilité dans la dégradation des conditions de vie des populations vivant à proximité de ses mines d’uranium en Afrique et pour le décès d’un de ses ex-salarié par cancer du poumon, le groupe nucléaire français serait également impliqué dans un gigantesque montage financier litigieux en vue d’obtenir le marché de construction de centrales nucléaires en Afrique du Sud.
Enfin, un prix Pinocchio d’honneur a été remis à Vinci, de manière collégiale avec les autorités françaises et russes. « Le géant français du BTP est pointé pour deux projets dont il est le concessionnaire : l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), dont la construction, qui doit en principe débuter au printemps 2014, entraînerait le bétonnage de 1 650 hectares de terres agricoles et une perte de biodiversité ; et la future autoroute qui doit relier, l’an prochain, Moscou à Saint-Pétersbourg, à travers la forêt de Khimki, réservoir de biodiversité. » explique Audrey Garric du Monde.
Face au vide juridique en matière de communication développement durable, la tentation du greenwashing est des plus fortes ; seules les associations exercent aujourd’hui un contre poids par le biais notamment de ce type de manifestations révélant les décalages entre discours et réalités et de façon plus large la nécessité de réguler l’activité des multinationales.
Sources : http://ecologie.blog.lemonde.fr, http://www.prix-pinocchio.org/