Les ZAE, pour Zones d’Activités Économiques, pourraient aussi bien être rebaptisées Zone à l’Accessibilité Exclusive tant elles sont conçues pour l’usage exclusif des véhicules motorisés. Quels sont les leviers à actionner pour les rendre plus inclusives, et ainsi débloquer le fort potentiel de report modal qu’elles renferment ?

Le terme de ZAE, pour Zones d’Activités Économiques, n’a pas de définition précise. Lorsqu’il est interrogé à ce sujet, le Ministère de la Cohésion des territoires évoque un faisceau d’indices qui peuvent être pris en compte pour identifier les zones d’activités : “Une zone d’activité répond à une volonté de développement économique coordonné et doit faire l’objet d’une cohérence d’ensemble. Cet aménagement consiste, pour une collectivité, à maîtriser le foncier, à le viabiliser, à le mettre à disposition ou à le revendre à des acteurs économiques”.

Un élément qu’on pourrait ajouter à ce faisceau d’indices définissant les Zones d’Activités est celui de la mobilité : ces zones qu’on a voulues inter-connectées avec l’extérieur pour une bonne attractivité sont souvent situées à proximité d’un axe autoroutier, d’un cours d’eau ou d’une ligne de chemin de fer. Si l’accès y est aisé en poids lourd, s’y rendre, y circuler ou les traverser à pied ou à vélo est bien souvent difficile voire presque impossible. Qu’elles soient à vocation industrielle ou commerciale, ces zones sont en effet souvent constituées de voiries larges, peu végétalisées, dépourvues d’aménagements cyclables et parfois même de trottoirs.

Et pourtant, comme nous allons le voir, garantir l’accessibilité des ZAE est d’une importance capitale pour faciliter et encourager le développement des modes actifs sur son territoire. Quels leviers sont à disposition des gestionnaires et des aménageurs de ces espaces ? Quels outils méthodologiques peuvent être mobilisés pour les désenclaver et les rendre accessibles aux piétons, cyclistes et aux autres usages non-motorisés ? Voici quelques pistes de réflexion.

Aménager les ZAE pour encourager la pratique du vélo : quelles opportunités ? Quels leviers ?

Les déplacements domicile-travail sont incontournables pour de nombreux actifs : à l’échelle de la France Métropolitaine en 2019, ils sont responsables de près de 13% des émissions liées aux transports (source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7718608). Parmi ces déplacements, c’est la voiture qui a le plus gros impact environnemental : choix privilégié de 75% des actifs, la voiture est responsable de 98% des 17,4M tCO2e imputables aux trajets domiciles-travail par an en France.

Ce choix de la voiture individuelle, qui a de lourdes conséquences sur le changement climatique, la pollution atmosphérique, l’accidentologie et la répartition de l’espace public, est souvent un choix contraint, conséquence de l’absence d’alternative. Dans les villes où la pratique du vélo est sécurisée par la réalisation d’aménagements cyclables qualitatifs, le report vers ce mode plus économique et respectueux de l’environnement est massif, et permet de concurrencer l’usage de la voiture. Ainsi, à Strasbourg, qui obtient la meilleure note en termes de sécurisation de son réseau cyclable au classement villes.plus, ce sont près de 19% des actifs qui se rendent au travail à vélo contre à peine 3% à l’échelle de la France (INSEE, RP 2021).

Le potentiel de report modal dans les ZAE repose sur un constat : ces zones concentrent une grande quantité d’emplois dans des environnements très denses. Ainsi, d’après un relevé opéré par l’INSEE en juillet 2023, la moitié de l’emploi salarié privé est concentré dans les 13 700 zones d’activité industrielles ou commerciales de France. Plus encore, 350 de ces zones concentrent à elles seules 25% de l’emploi salarié privé. Par ailleurs, ces espaces où se concentrent un grand nombre d’emplois sont principalement situés à proximité de grands pôles urbains, là où la pratique cyclable quotidienne s’est le plus développée ces dernières années.

Ainsi, les ZAE largement hostiles aux modes actifs contrastent avec le développement cyclable des espaces  densément peuplés qu’elles jouxtent, où le report modal vers le vélo s’accélère depuis quelques années. Et au-delà des emplois, ces zones concentrent également un grand nombre de commerces ou d’équipements de loisirs, qui composent avec les déplacements domicile-travail le top 3 des motifs de déplacement des Français au quotidien (https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/resultats-detailles-de-lenquete-mobilite-des-personnes-de-2019 – onglet mobilité locale). L’enjeu de leur accessibilité est donc triple.

Faciliter l’accès de ces zones à vélo et à pied représente un levier considérable de report modal, trop souvent oublié. Même en territoire moins dense, le potentiel reste très important : toujours selon le relevé opéré par l’INSEE en juillet 2023, 41% des emplois salariés privés situés dans des communes hors aire d’attraction des villes se trouvent dans des zones d’activités. Ce sont des pôles d’attractivité à relier en priorité. Des aménagements cyclables sécurisés pour s’y rendre pourraient ainsi profiter à un grand nombre d’habitants et d’actifs.

Depuis la loi NOTRe de 2015, les Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) ont hérité des compétences de : “création, aménagement, entretien et gestion de zones d’activité industrielle, commerciale, tertiaire, artisanale, touristique, portuaire ou aéroportuaire”. Cette responsabilité représente une opportunité majeure pour la réalisation d’aménagements favorisant les modes actifs, qui profiteront aux habitants de l’ensemble des communes.

Dans le cadre d’études de planification en faveur des modes actifs à l’échelle inter-communale, les communes peuvent travailler de concert pour aboutir à une priorisation des aménagements cyclables et piétons vers et à l’intérieur des ZAE, en cohérence avec le contexte territorial et ses dynamiques de déplacement.

Votre territoire comporte une ZAE, que vous souhaitez aménager en faveur des modes actifs ? BL évolution propose des accompagnements sur-mesure, allant de la planification aux études pré-opérationnelles et à la conduite du changement de comportements de mobilité dans les entreprises. N’hésitez pas à nous solliciter pour obtenir des réponses à vos questions.

Pour découvrir quels sont les leviers et les opportunités pour favoriser le développement des modes actifs dans les ZAE, lisez notre article : « Un cas d’étude : la zone industrielle de Bellevue à Saint-Agathon ».