Piste cyclable à Copenhague

Le secteur des transports est le premier secteur responsable des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France et représente 14% des émissions mondiales. Sans un engagement global des acteurs pour une transition vers une mobilité durable, les objectifs de l’Accord de Paris ne pourront être respectés. Découvrons comment les villes et les territoires s’engagent dans cette transition.

L’Accord de Paris prévoit de contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de 2°C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels ». Cet objectif est traduit dans le scénario sobre du GIEC par une réduction des émissions mondiales de 40% à 70% d’ici à 2050. Cette diminution se doit d’être drastique puisqu’au rythme actuel d’émissions, le maximum d’émissions permis pour rester sous la barre des 2°C sera atteint dans 20 ans.

Face à cet objectif ambitieux, un secteur doit considérablement se transformer : les transports, premier secteur émetteur en France et deuxième secteur émetteur en Europe. D’autant plus que la mobilité est également au coeur des ODD (Objectifs de Développement Durable), notamment l’objectif 11 sur les villes et communautés durables ou le 13 sur le climat.

Pour une transition vers une mobilité durable

La mobilité durable est donc un grand enjeu de ce siècle et tous les acteurs doivent être impliqués. En particulier, les villes et les territoires ont un rôle prépondérant. En effet, en France, la moitié des émissions de GES sont issues des décisions des collectivités, en intégrant les effets indirects de leurs orientations en matière d’habitat, d’aménagement, d’urbanisme et d’organisation des transports. Les villes et territoires doivent donc prendre des initiatives ambitieuses pour effectuer la transition vers une mobilité durable.

À Oslo, la principale source d’émissions de gaz à effet de serre est le secteur des transports (61% des émissions en 2013). La ville d’Oslo s’est fixé un objectif très ambitieux : réduire de 50 % ses émissions par rapport à 1990 d’ici à 2020 et de 95 % d’ici à 2030.

Répartitions par secteur des émissions européenne (UE28) de GES (données 2014, Eurostat) et des émissions françaises de GES (données 2013, Agence européenne pour l’environnement)

 

Vers la fin de l’utilisation de la voiture en ville

Pour atteindre une mobilité durable quasi neutre en carbone, la municipalité vise une transition vers la fin de l’utilisation de la voiture dans la ville. Premier objectif pour 2020 : baisser son usage de 20 %. Pour concrétiser cet objectif, la voiture sera bannie du cœur administratif de la capitale norvégienne d’ici à 2019, sur une zone de 1,7 km², et les transports en commun et le vélo sont fortement encouragés. Oslo prévoit notamment d’investir 11 milliards d’euros sur les vingt prochaines années dans les transports publics et les infrastructures pour le vélo. De son côté, la compagnie de transports publics, Ruter, prépare la conversion de ses bus aux énergies renouvelables. Ils rouleront d’abord aux biocarburants, avant qu’une centaine de bus électriques soient mis en service d’ici à 2020. Enfin, les voitures laissent leurs places aux vélos dans les parkings, comme devant une école, construite à la sortie d’une station de métro, où 410 places de vélo sont prévues, contre 4 emplacements pour les voitures. La transition vers le vélo avait déjà commencé à Oslo, puisqu’en 2013 a été prise la décision de déneiger les pistes cyclables en priorité.

À Paris, la ville a décidé de diviser par deux la place de la voiture en ville : après les 3,3 km de voies sur berge rive droite qui ont été piétonisées, c’est au tour de la place de la Nation de laisser moins d’espace aux voitures. Sur cette place de 5 hectares, les voitures vont perdre 7000 m² qui leur étaient alors réservés et qui seront maintenant partagés entre cyclistes et piétons.

Les territoires aussi s’engagent vers une mobilité durable !

Ce sont de telles décisions qui impliquent une transition vers une mobilité durable. Mais il n’y a pas que les grandes villes qui s’engagent !

En effet, B&L évolution a publié en janvier 2017 son étude « TEPCV : Effet de levier ou rendez -vous manqué ? » dans laquelle sont mises en avant des actions des territoires français suite à l’appel à projet TEPCV (Territoire à énergie positive pour la croissance verte). Parmi les 1737 actions des 335 territoires lauréats de cet appel à projets, plus d’un quart concerne la mobilité propre :

  • Renouvellement des flottes publiques (vélos à assistance électriques et véhicules électriques pour le personnel, bus électriques pour le public…),
  • Aménagement de l’espace (parking et voies réservées au covoiturage, pistes cyclables, bornes de recharges pour véhicules électriques…),
  • Plan de déplacements entreprise (PDE),
  • Etude pour la mise en place de navettes fluviales.

Il s’agit du deuxième domaine d’action, après la réduction de la consommation énergétique. En plus des actions citées ci-dessus, les territoires ont mis en œuvre des actions innovantes, telles que :

  • Le développement d’une maîtrise et un suivi de la flotte de véhicule (Grand Villeneuvois),
  • L’étude de la faisabilité d’un centre de télétravail/visioconférence (Pays du Val d’Adour),
  • L’installation d’une station de recharge pour véhicule à hydrogène (Mairie de l’Île d’Yeu),
  • La réalisation d’une étude de programmation pour la création de pôles d‘échanges multimodaux à la gare ferroviaire et routière (Communauté d’agglomération de l’Albigeois),
  • La mobilisation de cofinancement pour la réalisation d’aménagements thalasso-thermiques dans les entreprises du port (Communauté d’agglomération du Boulonnais).

Quelles actions pour une mobilité décarbonée ?

Par ailleurs, l’étude du Shift Project « Décarboner la mobilité dans les zones de moyenne densité » a identifié 4 domaines d’action pour que ces zones, situées entre les zones urbaines et les zones rurales, puissent à leur tour engager leur transition pour une mobilité décarbonée :

  • La vie de proximité,
  • Le système vélo,
  • Le covoiturage,
  • Les transports publics express.

Ainsi, la mobilité durable englobe tout un panel d’actions, que chaque acteur peut s’approprier afin d’effectuer la transition du secteur des transports vers un secteur décarboné. Sans un engagement global des acteurs dans cette transition vers une mobilité durable, les objectifs de l’Accord de Paris et les Objectifs de Développement Durable (ODD) ne pourront être respectés.