À l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques, les mouvements cyclistes affichent ouvertement leur satisfaction : les JOP Paris 2024 seront les premiers Jeux vraiment cyclables de l’Histoire. Comment est-on arrivé à ce résultat ? Alors que s’ouvre le grand rendez-vous sportif, et que la mairie de Paris vient de publier sur son site une mise à jour des nouveaux itinéraires cyclables de la capitale, retour sur la naissance de ces « Olympistes » et sur la prise en compte du vélo dans l’organisation des Jeux de Paris 2024.

 

Une mobilisation des cyclistes qui propulse les Jeux dans une nouvelle dimension 

À l’origine, le projet de candidature de Paris misait plutôt sur les transports en commun pour assurer les déplacements pendant l’événement. Ce sont les associations cyclistes qui ont saisi cette opportunité de pérenniser les aménagements tactiques mis en place pendant la période Covid, entraînant une croissance exponentielle de la pratique cyclable à Paris et en proche banlieue.

Un effort de mobilisation a dès lors été déployé auprès de la mairie de Paris et du préfet de région, avec une campagne de terrain pour pousser cette ambition cyclable et laisser un héritage pour les franciliens et les franciliennes. Ainsi, l’association Paris en Selle a organisé en mai 2022 un relai informel à vélo de la Flamme Olympique, pour essayer de mettre le vélo au centre des discussions.

Les pouvoirs publics ont pris en main la planification et l’aménagement des axes, avec de vrais moyens financiers et techniques. Le vélo a été intégré pleinement à la stratégie de mobilité durant les JOP. Des aménagements, stationnements et services de location ont été intégrés à l’application de déplacement des Jeux et les bénévoles ont été sensibilisés à ce sujet.

Dès lors, le Collectif Vélo Île-de-France a montré un véritable enthousiasme pour cette orientation, parlant de « mettre Paris sur la carte du monde du vélo » et d’organiser « les premiers jeux véritablement cyclables de l’histoire ».

 

L’accélération d’un réseau cyclable sécurisé et qualitatif

On peut compter 30km de réseau cyclable aménagés dans Paris intra-muros, dont 10km sont des « coronapistes » pérennisées en dur (par exemple, rue de la Porte de la Chapelle ou Boulevard Marx Dormoy). Au total, 60km d’Olympistes permettent de relier les différents sites de compétition. D’autres aménagements plus lourds ont pu être financés grâce aux JOP, comme la passerelle réalisée près du Stade de France, qui a permis de désenclaver le quartier voisin du Franc-Moisin.

Dans l’ensemble, les acteurs associatifs saluent le bon niveau de qualité des aménagements. À Paris, des pistes séparées du trafic et sécurisées ont été privilégiées presque partout, et lorsque ce n’était pas possible, la municipalité a fait le choix d’aménagements transitoires de qualité (plots en plastiques implantés dans le sol, peinture et largeur convenable) ayant vocation à être pérennisés.

En Seine-Saint-Denis, ce sont 25km d’aménagements supplémentaires qui ont été réalisés. Majoritairement transitoires, ceux-ci restent dans l’ensemble assez qualitatifs. Surtout, ils ont permis de faire émerger des continuités avec les territoires avoisinants, et faciliteront les trajets quotidiens des habitants du territoire pendant et après les jeux.

 

Des services qui rendent possible les déplacements à vélo

Au-delà de la question des aménagements cyclables, Paris 2024 a permis de dynamiser l’offre de services autour du vélo :

Offre de stationnements pérennes

Les besoins de stationnement établis initialement étaient basés sur l’hypothèse qu’en moyenne, 3% des spectateurs se rendraient à vélo aux épreuves dans Paris et en proche banlieue, et 1% sur les sites en lointaine banlieue. Ce calcul a permis de faire une première estimation, que les associations ont demandé de revoir à la hausse. Par exemple, selon ce calcul, 3000 places étaient prévues au Stade de France, soit seulement 4% de la capacité. De plus, la quasi-totalité du stationnement était temporaire. Finalement c’est un parking pérenne de 2 000 places qui est finalement inauguré et qui sera doublé de l’équivalent en stationnement temporaire, du jamais vu pour un équipement sportif de cette taille en France.

Stationnements événementiels

Nous pouvons saluer l’héritage en matière d’organisation d’événements, avec un grand nombre de stationnements (prévus pour absorber un grand nombre de vélos, démontables et donc temporaires), qui pourront être reproduits à l’avenir lors de prochains évènements.

Location de vélo et vélos en libre-service

L’offre de location a également été revue à la hausse, avec l’augmentation du nombre de Vélibs et de vélos en libre-service. Des stations temporaires vont voir le jour à proximité de certains sites Olympiques, avec du personnel qui gérera la dépose et la location de Vélibs.

Prise en compte du vélo dans la gestion des déplacements liés aux JOP

Le vélo sera intégré à l’application de déplacement des JOP, en partenariat avec Géovélo. Cependant, la communication sur les itinéraires et les accès à vélo n’est pas toujours claire : les spectateurs reçoivent des informations sur le stationnement vélo avec leurs billets, mais pas de détails sur les itinéraires d’accès cyclables pour le site concerné. De son côté, Paris en Selle vient de publier un guide non officiel des itinéraires, disponible sur leur site.

 

Un héritage à saluer, malgré des disparités qui persistent

On remarque toutefois que des disparités subsistent entre Paris et les communes de banlieue. Les municipalités qui avaient déjà initié des plans vélo et commencé à réaliser des aménagements qualitatifs ont conservé un avantage. La présence d’équipes techniques qualifiées a permis de faire avancer ces communes, et de ce point de vue, la ville de Paris était largement avantagée par rapport aux autres communes accueillant des sites de compétition.

Le vélo a ainsi émergé comme mode de déplacement crédible durant les JOP, participant à soulager par la même occasion les transports en commun. Au-delà des aménagements, les acteurs ont pris la mesure de l’importance d’établir des services (stationnement, location, formation des bénévoles) pour encourager l’usage du vélo.

La maturité de la capitale sur le sujet du vélo et la mobilisation des mouvements cyclistes auront permis de faire de Paris 2024 les premiers jeux cyclables. La ville avait déjà entamé un travail de fond en amont, cherchant à se positionner dans le club des grandes métropoles cyclables, élargissant cette dynamique aux communes limitrophes. On peut déjà constater que ces JOP laisseront un héritage très concret et précieux pour l’avenir des déplacements dans le Grand Paris.

 

Pour aller plus loin, lire :

Le design actif comme outil d’apaisement des villes – BL évolution (bl-evolution.com)

Voies réservées au covoiturage : attention automobilistes, ce panneau peut vous coûter très cher ! – BL évolution (bl-evolution.com)

Plan vélo : l’ambition renouvelée et renforcée de l’État peut-elle rendre la France cyclable d’ici 2030 ? – BL évolution (bl-evolution.com)