La lumière artificielle nocturne est à l’origine de nombreuses nuisances dans les équilibres écosystémiques.
Les éclairages la nuit induisent de nombreuses perturbations sur la biodiversité, certaines espèces vont être attirées, d’autres au contraire vont la fuir, ce qui créé un important déséquilibre de toute la vie animale nocturne.
Dans cette confusion générale, une autre catégorie d’espèce va tirer profit de la situation, les prédateurs…
Le déséquilibre de la chaîne alimentaire
Sachant que les proies vont être confinées dans un espace restreint et connu, pourquoi ne pas s’y rendre ? Il n’y a plus qu’à se servir.
Que ce soient les chauves-souris et les lézards par exemple, les prédateurs vont tous profiter de la présence de lumière pour se poster et chasser les insectes piégés sous nos lampadaires ou encore les araignées qui tissent des toiles directement sous les sources lumineuses pour trouver de la nourriture en abondance. C’est le cas aussi pour certains poissons, comme les athénirides qui vont se nourrir du zooplancton qui remonte à la surface, attiré par la lumière (Ramirez et ali, 2006) ou même des phoques veaux-de-mer (Phoca Vitulina) qui (selon Yurk et Trites, 2000) se massent en groupe anormalement important sur les plages éclairées pour chasser les saumons juvéniles lors de la dévalaison (descente vers la mer) attirés par les points lumineux des plages.
Une perturbation dangereuse de l’équilibre proie/prédateur.
Les conséquences de ces perturbations
La sur-prédation a des effets très néfastes pour les écosystèmes et notamment dans l’équilibre des réseaux trophiques. Le réseau trophique représente l’ensemble des chaines alimentaires reliées au sein d’un même écosystème. Les chaines alimentaires influencent fortement la diversité des espèces au sein des écosystèmes, ce qui détermine la qualité d’une bonne dynamique et d’un certain équilibre.
La perturbation du réseau trophique a de nombreuses conséquences pour les proies, qui vont voir la dynamique de leur population impactée par ce phénomène. La perturbation d’un seul chaînon, qui entraîne la disparition d’une espèce, peut avoir de graves conséquences sur l’ensemble des écosystèmes et dans leur dynamique d’échange inter-spécifique.
Les prédateurs aussi peuvent être impactés car, si les proies sont disponibles, la compétition devient redoutable. En outre, la population d’une espèce qui a à disposition de la nourriture en abondance a tendance à croître dangereusement entraînant une sur-prédation et la disparition des chaînons de manière drastique. Sur-représenté et avec un nombre de proies en diminution, les prédateurs se retrouvent alors eux aussi menacés.
La pollution lumineuse est une source importante d’érosion de la biodiversité, perturbante et destructrice. Elle touche une très grande partie de notre territoire français et impact durablement l’équilibre proie/prédateur sur nos territoires.
Alors comment réagir ?
Maîtriser l’éclairage est important pour le bon fonctionnement des réseaux trophiques et l’équilibre des écosystèmes.
Analyser les zones sensibles sur le territoire et maîtriser de manière générale les flux lumineux est essentiel pour préserver la biodiversité, mais aussi pour notre bien-être, notre santé, pour faire des économies et pour pouvoir admirer un beau ciel étoilé. La pollution lumineuse est aussi une source importante de gaspillage énergétique et de changement climatique (voir notre article Eclairage public et climat : du constat aux solutions).
Nos recommandations :
- Etudier les écosystèmes et la biodiversité nocturne avant toute mise en lumière. Ce procédé va permettre de définir les zones auxquelles il est important d’apporter une attention particulière et de définir le type d’éclairage pour limiter le plus efficacement les impacts sur les réseaux trophiques.
- Les collectivités peuvent diagnostiquer la pollution lumineuse et la biodiversité nocturne pour définir de nouvelles stratégies de protection, comme par exemple mettre en place des zones de repos sans lumière au sein des centres urbains, réaliser des extinctions, limiter les éclairages dans les zones les plus sensibles, intégrer la notion de lumière aux études de cohérences écologiques (trame verte et bleue), etc.
- Les entreprises peuvent réévaluer leurs éclairages et définir le degré de pollution lumineuse qu’elles génèrent pour limiter les impacts, s’engager dans la protection de la biodiversité et aussi maîtriser leurs dépenses d’énergie.
Depuis 2012, B&L évolution s’intéresse à la pollution lumineuse et à l’étude de stratégies nouvelles pour permettre aux acteurs du territoire de limiter les impacts et de réduire les consommations d’énergie.
Découvrez nos prestations sur la pollution lumineuse et notre étude à la Défense.
Et surtout n’oubliez pas d’éteindre la lumière !