La lumière est à l’origine de nombreux impacts pour l’environnement, la santé, le changement climatique et le ciel étoilé, que l’on appelle la pollution lumineuse. L’éclairage artificiel la nuit produit notamment de nombreuses nuisances pour la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes.

Une nouvelle étude montre que la pollinisation est aussi touchée par la pollution lumineuse : les fleurs éclairées connaissent 62% moins de visites par les pollinisateurs. Un chiffre alarmant quand on sait que la pollinisation connaît déjà une forte pression humaine. De plus, elle est indispensable pour les cultures, mais aussi pour les plantes et donc la vie sur Terre.

La pollinisation indispensable mais des pollinisateurs sous pression

Les pollinisateurs diurnes et nocturnes connaissent actuellement un fort déclin dans le monde. A l’origine de cette tendance, des pressions anthropiques toujours plus fortes parmi lesquelles on peut citer les modifications des habitats par l’artificialisation des milieux, l’agriculture intensive et les pesticides, les espèces envahissantes ou encore la propagation d’agents pathogènes et le changement climatique. Aujourd’hui 90% des plantes à fleurs sauvages dépendent directement ou en partie des insectes pollinisateurs.

Selon une étude de l’INRA et du CNRS, 35% de la production mondiale de nourriture est directement dépendante des pollinisateurs. La valeur de ce service réalisé par les insectes s’élèverait à 153 milliards d’euros.

Une équipe de chercheurs écologues de l’université de Berne, en Suisse, a mis en lumière un nouvel impact à rajouter à la liste : la pollution lumineuse.

La pollution lumineuse : un fort enjeu sur la pollinisation

L’éclairage artificiel progresse chaque année dans le monde, au détriment des espaces naturellement obscurs. La pollution lumineuse issue de l’éclairage durant la période de nuit est directement liée à l’augmentation des sources lumineuses dans le monde et la mauvais maîtrise des flux.

Une croissance qui a un impact direct sur les réseaux trophiques, les cohérences écologiques des espèces et la dynamique des populations.

Pour cette étude, l’équipe a créé dans une prairie, une source directe de pollution lumineuse, en installant des lampadaires dans la zone d’étude qui accueille naturellement des insectes nocturnes pollinisateurs. Les résultats sont surprenants, par rapport à un site sans lumière étudié, il y a :

  • 29% de visiteurs en moins sur les sites éclairés
  • 62% des visites en moins des fleurs par les pollinisateurs en présence d’éclairage

Un déséquilibre qui impacte directement les plantes : en se focalisant sur une espèce de plante en particulier les chercheurs ont observé une baisse de production de fruit de 13%.

Les pollinisateurs diurnes, des victimes collatérales ?

Dans l’environnement, la perturbation de la dynamique d’un maillon de la chaine de l’équilibre d’un écosystème entraine très souvent la perturbation d’un autre maillon.

En outre, les réseaux de pollinisation sont des réseaux extrêmement complexes, composés d’interactions et de dépendances entre les insectes pollinisateurs et les plantes. Cette dépendance est à l’origine d’un enjeu fort car un impact peut avoir un effet de cascade impactant tout le reste du système. Sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi, l’étude a démontré un lien fort avec la baisse de la pollinisation la nuit, impactant la pollinisation diurne. Il en ressort que les plantes recevant moins de visites des pollinisateurs durant la période nocturne sont aussi significativement moins visitées par leurs homologues diurnes en journée.

De nouvelles études scientifiques vont être lancées pour définir ce phénomène.

Maîtriser les flux lumineux

La pollinisation est un élément majeur pour la vie sur la terre et pour notre alimentation, notre bien-être, pour respirer car nous dépendons directement des insectes pollinisateurs.

Pour limiter les impacts de la pollution lumineuse sur la pollinisation, il est primordial d’avoir une attention particulière sur la maitrise des flux. Cette attention doit être encore plus importante dans les zones naturelles. Il est important qu’il n’y ait pas de flux lumineux directs en direction d’espaces verts pour permettre aux insectes de polliniser les plantes dans des conditions d’obscurité confortable. B&L évolution accompagne les acteurs de l’éclairage public vers une meilleure maitrise de l’éclairage, nous développons une stratégie de réduction globale de la pollution lumineuse avec les territoires pour une réduction des gaspillages énergétiques et une meilleure maitrise des flux lumineux.

L’étude complète est sur le site Nature ici.

Et surtout n’oubliez pas d’éteindre la lumière !