Le seuil des +2°C, avec son petit frère, 1.5°C, est devenu depuis une dizaine d’années un élément central dans ce qui guide l’action climatique car il marque la limite de réchauffement au-delà duquel la probabilité d’emballement du système climatique est très difficile à évaluer (comme l’indique le rapport spécial du GIEC sur cette question). S’il est très concrètement énoncé de cette manière, il est malgré tout difficile de savoir ce qui se cache derrière et des raisons d’être de cet indice à surveiller.
Les origines de la prise de température
Les 2°C ont fait leur entrée dans le débat public depuis la COP21 de 2015, et plus particulièrement depuis l’accord de Paris qui avait fixé explicitement l’objectif suivant : « Limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1.5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel ». Ce n’est néanmoins pas à ce moment-là que cette interrogation autour de la température a émergé.
En effet, cette limite a été évoquée pour la première fois de l’Histoire par William Nordhaus, un économiste américain, en 1975 déjà. Il suggère à ce moment-là qu’un réchauffement de 2°C par rapport au niveau préindustriel pousserait le climat au-delà des limites auxquelles les sociétés humaines sont familières.
Ce point de repère est par la suite resté discret jusqu’aux discussions du sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Son apparition officielle dans des documents institutionnels a finalement lieu lors du Conseil de l’Union Européenne de 1996 rassemblant ministres européens, et, en l’occurrence, ministres de l’environnement. Il a ensuite fait progressivement sa place, principalement dans l’ombre, pour être finalement partagé comme objectif par 193 pays en 2015.
Parallèlement et depuis, la pertinence scientifique de ce seuil a été largement documentée par la communauté académique internationale, dont le GIEC, fer de lance, qui effectue la synthèse au travers de ses rapports d’évaluation, affirmant et réaffirmant l’urgence d’agir pour maintenir un réchauffement planétaire inférieur à 2°C.
Et concrètement, ça veut dire quoi +2°C ?
Le réchauffement climatique dont on parle ici est une augmentation de la moyenne globale de température à l’échelle de la Terre, qui indique seulement une tendance, mais ne permet pas de décrire l’intensité du réchauffement à des points précis du globe. S’il est planétaire donc, il n’en est pas pour autant uniforme à l’échelle de la planète.
L’atlas interactif développé par le GIEC dans le cadre de son 6ème rapport d’évaluation (dont le 3ème et dernier volet, traitant de l’atténuation du changement climatique, est sorti en mars 2022) permet de le visualiser clairement ce phénomène : le climat change, mais on observe (déjà aujourd’hui) de fortes disparités régionales.
On observe par exemple que le réchauffement est plus intense sur les terres plutôt que sur les mers, et aux pôles plutôt que partout ailleurs. En France, pour ne citer qu’elle, un réchauffement planétaire de 2°C impliquerait en réalité un réchauffement local d’environ 2.5°C .
Il convient également de rappeler que, s’il reste pour beaucoup le plus parlant, la température n’est qu’un indicateur du dérèglement climatique parmi d’autres. Des impacts forts sont en effet déjà présents, et vont s’intensifier entre 1.5°C et 2°C de réchauffement global sur les précipitations, l’augmentation de l’intensité des vagues de chaleur, l’augmentation de la fréquence des sécheresses météorologiques, etc.
Des efforts importants sont donc à allouer à l’adaptation au changement climatique, autant qu’à l’atténuation, pour d’une part minimiser le dérèglement (atténuation), et ensuite assurer notre capacité à vivre dans un monde à 1.5 voire 2°C de plus.
Ce qu’en pense BL évolution
L’effort de transition opéré fait partie depuis plusieurs années et l’accélération de la prise de conscience de l’urgence climatique, notamment par les écarts de température mesurés et ressentis, qui ont mis en évidence la nécessité pour l’ensemble de la société de prendre en main des stratégies d’adaptation aux conséquences de l’augmentation de température.
A BL évolution, nous sommes convaincus qu’il faut agir aujourd’hui pour organiser le futur de notre société. Pour nous, il est indispensable de déployer des stratégies d’adaptation dans la transition écologique. L’occasion de partager une vision concrète en analysant les conséquences sur les socio-écosystèmes pour faire face à ces changements afin d’accompagner les territoires et les entreprises à écrire les pages suivantes de leur récit pour anticiper et œuvrer pour un futur souhaitable. On sait qu’il existe encore des incertitudes, mais elles doivent être acceptées et ne pas être un frein pour passer à l’action, c’est pourquoi nous envisageons l’adaptation davantage comme un processus dans une démarche itérative qui doit permettre d’accompagner les acteurs pour préparer l’avenir de notre société.
Téléchargez notre étude « Comment mener une démarche d’adaptation aux changements climatiques sur son territoire ? – Facteurs clés de compréhension et de réussite de la démarche »
Répondez à notre questionnaire « Territoires engagés dans l’adaptation au changement climatique ». Afin d’appréhender la maturité des territoires pour s’adapter face aux dérèglements climatiques, BL évolution souhaite en savoir plus sur le portage politique des collectivités et organisations territoriales à ce sujet.