Les 19 et 20 mars s’est tenu au CESE le colloque « Produire et consommer dans les limites de la Biosphère », organisé conjointement par Natureparif ; Humanité & Biodiversité et la Fondation Nicolas Hulot. Il a permis de rappeler les enjeux liés à l’érosion de la biodiversité et d’esquisser des pistes de solutions pour un monde qui serait réconcilié avec la biosphère.
Retour sur le colloque en quelques citations :
Hubert REEVES – Humanité & Biodiversité : Notre monde a des limites, que ce soit en termes de ressources ou d’énergie. Il faut sortir du paragdyme de la croissance infinie, de la croissance pour la croissance, qui entraine inégalités, injustices et dangers quant à la résilience des écosystèmes et de la survie de l’Homme.
Robert BARBAULT – Université Pierre et Marie Curie : Tout repose sur le vivant, notamment la 1ère source d’energie dont on a besoin, qui n’est autre que la photosynthèse. Théodore Meno disait : « on ne fait plus les choses parce qu’elles sont utiles ou nécessaires, mais simplement parce que c’est techniquement possible ». Il faut aujourd’hui un nouveau contrat de solidarité écologique, car le monde des hommes et la nature, sont inséparables.
Geneviève AZAM – Université Toulouse II : La pensée économique n’a pas les outils pour parler d’effondrement, Paul Valery disait en 1931 « le temps du monde fini commence ». Il faut abandonner les politiques d’expansion, et se concentrer sur les politiques de solidarité et de partage.
Ricardo avait conclu que nous irons à un état stationnaire. Nous sommes dans un jeu à somme nulle, donc la croissance quelque part ne se fait pas sans impacts ailleurs.
Le véritable danger aujourd’hui c’est d’arriver dans un société de croissance sans croissance.
Sebastien WINKLER – Directeur Europe de Global Footprint Network : Notre modèle de développement est basé sur l’énergie, abondante et peu chère, mais ça ne dure plus. Ce n’est pas un problème de « générations futures » mais de génération actuelle.
Julien MILANESI – Université Paul Sabatier : La bonne nouvelle, c’est que réduire l’intensité énergétique de la production impliquera une augmentation du travail, donc moins de chômage.
Emmanuel DELANNOY, Directeur de l’Institut Inspire : il faut désynchroniser la création de valeur et la consommation de ressources. Il faut s’inspirer du vivant et s’appuyer sur les nouveaux modèles économiques.
Annelaure WITTMAN – Les Amis de la Terre : L’obsolescence programmée, qu’elle soit technique ou commerciale, est à la base de notre modèle actuel : 99% des ressources prélevées dans la nature deviennent des déchets en moins de 42 jours. Les produits finis cachent des quantités énormes de matières utilisés pour leur fabrication. Par exemple pour 1 tonnes de cuivres extraite, il y a 110 tonnes de déchets et 200 tonnes de matériaux déplacé et pollué.
Il faut exploiter les « mines urbaines » que sont nos décharges pour réduire notre pression sur les écosystèmes.
Arold LEVREL – IFREMER : Aujourd’hui, l’économie de l’environnement présente des impasses car la valeur affectée à la biodiv n’a pas de sens. A contrario l’économie écologique prends en compte un pluralisme de valeurs et semble ainsi être une meilleure approche pour faire le lien entre économie et biodiversité. Les logiques de compensation ne sont pas suffisantes et les paiements pour services écosystémiques présentent aujourd’hui de très grands biais et leur efficacité n’est pas prouvée.
Gilles MARTIN – Université Nice-Sophia Antipolis et Science Po Paris : Il faut avoir des avocats et juristes formés aux nouveaus enjeux : environnement, air, eau, biodiversité…
Le droit doit être impliqué dans les réflexions sur cette transition.
Gauillaume SAINTENY – Ecole polytechnique : La plupart des subventions à l’énergie en france est dédiée aux énergies fossibles (environ 3/4). Les pays qui ont le plus de pression sur la fiscalité écologique, sont les pays les plus compétitifs (exemple de disparité entre pays : en Finlande, la taxe sur les NOX est à plus de 5000€ la tonne contre une centaine en France)
Les débats ont été riches et engagés, espérons que cela permettra de faire grossir les rangs des entrepreneurs du changement !