Le développement du vélo passe par l’aménagement d’un réseau d’infrastructures cyclables sécurisées estimées à 100 000 km. La question de l’impact environnemental de ces aménagements se pose donc directement aux collectivités locales compétentes et à leurs financeurs.
BL évolution publie une étude « Les impacts environnementaux des aménagements cyclables » qui explore l’ensemble des impacts négatifs possibles d’un aménagement cyclable (artificialisation et imperméabilisation des sols, biodiversité, empreinte carbone de la construction). Dans de nombreux domaines, les impacts négatifs sont faibles et peuvent être facilement évités. Au contraire, le développement d’infrastructures cyclables entraîne des bénéfices très importants. Explications.
Les aménagements cyclables induisent des impacts environnementaux très limités
Les infrastructures cyclables sont très loin d’être un moteur de l’artificialisation des sols (0,20 % des surfaces artificialisées). Comparées aux autres projets d’aménagement (zones d’activités économiques, autoroutes, extensions d’aéroport), les pistes cyclables représentent une part infime de l’artificialisation en France. Même avec le scénario de développement du vélo le plus ambitieux couplé à une trajectoire Zéro Artificialisation Nette en 2050, cette part resterait toujours très minime (0,60% de l’ensemble des surfaces artificialisées). Dans ce même scénario, les collectivités territoriales devront réserver environ 6% des consommations foncières annuelles aux infrastructures cyclables afin de construire une France 100 % cyclable disposant de 100 000 km d’aménagements cyclables.
Les différentes problématiques liées à l’artificialisation : étalement urbain, écoulement des eaux, érosion des sols, perte de biodiversité, fragmentation des corridors écologiques, diminution de la séquestration carbone s’appliquent très marginalement à la création de piste cyclable. Au-delà de la consommation foncière, les impacts liés à la construction d’une piste cyclable sont très faibles ou facilement évitables.
Les matériaux stabilisés (sables ou graves compactés), associés à une image plus écologique que des matériaux classiques (bitume, enrobés…) sont loin d’avoir un meilleur impact sur l’environnement et desservent largement le développement du vélo pour des pratiques régulières et quotidiennes.
Et entraînent des bénéfices écologiques importants
Il existe une boucle vertueuse entre le développement des infrastructures cyclables et la transformation des habitudes de mobilité autour des pôles de vie et de proximité. Le développement du vélo comme moyen de transport entraîne une baisse des besoins de consommation foncière et de ressources via la densification du bâti résidentiel et commercial et la baisse des besoins en infrastructures de transport lourdes.
Le vélo est le mode de transport le plus écologique (avec la marche). Le développement d’infrastructures cyclables augmente le nombre de cyclistes du quotidien, diminue l’utilisation de la voiture et a un impact positif sur les budgets des ménages et des collectivités, les émissions de gaz à effet de serre, la pollution atmosphérique et la santé de manière générale (lutte contre la sédentarité, prévention des risques cardio-vasculaires, risques de cancer…).
Notre étude estime l’empreinte carbone du cycle de vie (hors utilisation et report modal) d’un aménagement cyclable entre 70 et 380 tCO2e/km en fonction principalement de l’origine du sol initial (artificialisation) et du matériaux utilisé (construction et entretien). Le report modal de la voiture vers le vélo entraîne une forte diminution des émissions de gaz à effet de serre. Dans un scénario où les déplacements à vélo sont multipliés par 10 pour atteindre les pratiques observées dans un pays comme les Pays-Bas, cette baisse est de l’ordre de -25% par rapport à l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports de personnes. Ainsi, cette économie de 25 MtCO2e par an permettrait d’amortir en moins d’un an, l’impact carbone lié à la création d’un réseau complet de 100 000 km d’aménagements cyclables dans le pire des scénarios étudiés. Ces résultats montrent que l’impact carbone de l’aménagement d’un tel réseau cyclable est tout à fait négligeable devant le potentiel de réduction associé au report modal vers le vélo qui serait induit.
En adoptant cette réflexion systémique, le développement des aménagements cyclables apparaît comme très bénéfique pour l’environnement et un enjeu prioritaire de l’aménagement du territoire.