Les perspectives du discours futuriste actuel ne sont guère engageantes. Les politiques nous parlent plus d’adaptation du présent que de réelle construction du futur, ce qui nous place dans deux optiques diamétralement opposées. Le projet pluridisciplinaire Promov, groupe de travail sur la société post-carbone, permet dès lors d’acquérir un regard renouvelé sur la question.
Cinq scénarii sont identifiés, se confrontant chacun aux rapports individuels et collectifs au temps très contrastés.Ils s’articulent autour de l’idée que les bifurcations en termes de modes de vie seront adaptatives bien davantage que volontaristes. Cependant ils se distinguent par des moteurs de changement différents.
Le premier scénario est celui du consumérisme vert qui s’inscrit dans la continuité de notre société de consommation mais avec des exigences en matière environnementale exacerbées. Ce modèle fonctionnera autour d’une écofiscalité développée mais très peu redistributive. Les tensions sociales seront donc fortes avec des franges marginalisées et la ségrégation spatiale importante : les aires urbaines, comprenant 80% de la société seront entourées d’espaces agricole et de loisirs. Ce scénario centré sur la valeur du travail, est de manière contradictoire, à la fois adaptatif et défensif.
La société de l’individu augmenté promet l’amélioration des performances humaines et un prolongement de l’espérance de vie jusqu’à l’avènement du cyborg. La valeur pivot devient celle de la performance, la santé est alors un impératif aussi bien moral qu’économique. 95% de la population est urbaine, la mobilité est fortement réduite, on ne se nourrit plus que d’alicaments.
La société duale et la sobriété plurielle dresse un panorama inquiétant. Il est question d’un scénario de crise et de transition montrant une économie en crise chronique. La sobriété est imposée par la pauvreté, 40% de la société a décroché et des nouveaux modes d’organisation voient donc le jour influançant les métropoles.
Le scénario de l’écocitoyenneté repose sur l’hypothèse d’épuisement des ressources d’ici 2030. La société s’organiserait autour de petites métropoles autonomes, la mobilité demeurerait assez importante mais s’effectuerait essentiellement par des modes de transport doux. La solidarité et l’écologie sont des concepts centraux dans cette vision.
Enfin l’âge de la connaissance, fait face à une crise de économique et énergétique vigoureuse, dans l’impasse la revalorisation de l’ensemble des formes de savoir donnera un regain à l’économie. Démarchandisée la valeur travail productif perd beaucoup de sa pregnance, la société se tournant vers la coopération, la créativité, l’autonomie, telle les formes de développement alternatif qui se développent tout autour du globe.
Tous ces scénarii ne permettent pas d’atteindre le facteur 4 de réduction des émissions carbone et il est évident que cet objectif requerrera des leviers d’action politiques que ce soit en matière d’efficacité énergétique, de recyclage des matières premières, d’urbanisme…
Ce document permet de s’interroger sur le futur que nous voulons, mettant en évidence les risques de dérive, mais également les potentialités de notre société actuelle.