Après une première mesure de l’impact environnemental du Système d’Information (SI), quel objectif de réduction se définir ? Dans un contexte où les référentiels sectoriels pour la décarbonation du numérique sont encore naissants, les Directions des Systèmes d’Information (DSI) doivent trouver des moyens pour intégrer les démarches de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Cela se fait, notamment en se définissant des objectifs de réduction de leur impact environnemental par des démarches Numérique Responsable. Cependant, comment faire dans un contexte où, souvent, la numérisation croissante des entreprises crée un impact environnemental à la hausse pour les DSI ? Le numérique permet-il, par ailleurs, de décarboner le reste des activités et si oui, comment le considérer ?
Contribuer à la décarbonation globale de l’entreprise : une nécessité pour les DSI
Même si une entreprise ne produit pas directement des services ou produits numériques, évaluer, premièrement l’impact de sa DSI est essentiel pour la décarbonation globale de l’entreprise. Cela commence par la réalisation d’un bilan carbone ou d’une analyse de cycle de vie spécifique au périmètre du SI, en suivant des référentiels comme le référentiel méthodologique (RCP) de l’ADEME.
L’impact du Système d’Information doit être abordé au niveau global de l’entreprise : quelle part représente-t-il au sein de l’entreprise ?
Pour les activités où le numérique est une part significative de l’empreinte globale notamment, il sera incontournable pour les DSI de se définir un objectif de réduction basé sur la science, selon les principes de la Science-Based Targets initiative (SBTi). Un référentiel sectoriel précise des trajectoires concernant les data centers et les opérateurs de réseaux télécoms, mais ce référentiel est cependant loin de couvrir l’ensemble des métiers du numérique.
Figure 2 : Trajectoires des opérateurs ICT de 2020 à 2030.
Dans ce cadre, les trajectoires génériques de la SBTi pourront être considérées, comme la contraction absolue (Absolute Contraction Approach (ACA)) compatible 1,5°C imposant une réduction de 4,2% par an.
Il peut arriver que des entreprises ayant déjà pris des mesures avant la définition de leur année de référence se sentent pénalisées par ce cadre des réductions qui ne tiennent pas compte des efforts déjà mis en place, puisque le pourcentage sera indépendant de sa situation de départ. Différentes méthodes existent pour permettre de varier les types d’engagement et définir alors une cible plus adaptée à l’entreprise.
Il est nécessaire de garder en tête que l’ensemble des secteurs doivent réduire leurs émissions de façon significative pour espérer respecter les objectifs globaux planétaires, numérique y compris. Cela nécessitera également d’inclure ses fournisseurs et parties prenantes. Dans tous les cas, se définir un tel objectif sera engageant, challengeant et nécessaire ! Il n’y aura pas d’atteinte des objectifs climatiques sans repenser en profondeur nos activités, notamment numériques, pour préférer plus de sobriété.
Un autre enjeu sera également de suivre les évolutions méthodologiques afin de maintenir ses objectifs pertinents et ajustés dans le temps.
Émissions évitées par le numérique : faut-il réellement décarboner le numérique, si le numérique décarbone ?
Cette question, parfois même un parti-pris de certaines sociétés du numérique, est complexe. Une étude récente de France Stratégie montre un potentiel de décarbonation du secteur numérique limité, lorsque l’on tient compte des effets rebonds. C’est par exemple le cas des smart homes, qui ne seraient bénéfiques au global que dans des scénarios très favorables, où les gains énergétiques réalisés sont importants, sous peine de faire augmenter les émissions globales contrairement à leur promesse. France Stratégie le résume ainsi : « l’efficacité de ces solutions dépend fortement des conditions de déploiement et les effets indirects peuvent être importants. Dans certaines circonstances défavorables, certaines solutions numériques pourraient même augmenter les émissions. »
Il ne faut donc pas prendre pour acquis cette décarbonation promise par le numérique mais avant tout la démontrer, par exemple par l’analyse des émissions évitées grâce à certaines pratiques numériques, en respectant le cadre de la Net Zero Initiative. C’est le cas plus consensuel de la visioconférence, qui peut entraîner une augmentation des émissions en raison de la consommation d’énergie des équipements et des centres de données, mais qui peut être justifiée si elle permet de réduire réellement et de manière significative les déplacements professionnels ; on évitera donc la réunion en visio avec son collègue dans le bureau à l’étage supérieur. Le véritable enjeu pour les DSI résidera cependant plutôt dans la gestion des équipements numériques, la politique d’achats des équipements et services numériques, en collaboration avec sa chaîne de valeur.
Dans tous les cas, réduire les émissions induites par le numérique restera le pilier d’une stratégie environnementale complète d’une entreprise.
Décarboner les DSI : se baser sur la science
Pour une DSI, définir des objectifs de réduction des émissions de carbone basés sur la science est une démarche parfois complexe mais nécessaire lorsque le numérique contribue au premier plan à l’impact carbone de l’entreprise. Cela nécessite une compréhension approfondie des impacts du numérique et une intégration des objectifs de décarbonation dans la stratégie globale d’entreprise.
La décarbonation hypothétique permise par les technologies numériques doit donc en premier lieu être démontrée avant d’envisager de lui faire remplacer cet objectif de décarbonation.
En adoptant une approche basée sur la science, en mesurant l’impact de leurs activités et de leurs projets et en mettant en place des actions concrètes, les DSI peuvent contribuer de manière significative à la réduction des émissions globales, tout en soutenant la transition vers une économie plus durable.
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Pour aller plus loin sur ce sujet :
Comment mettre en place une trajectoire de réduction compatible avec les objectifs du SBTi