Les entreprises se trouvent désormais confrontées à une multitude de stratégies et de plans d’action dans le domaine environnemental : stratégie RSE, stratégie environnementale, plan de résilience climatique, stratégie climat et bas carbone, stratégie ressources, stratégie d’économie circulaire, plan eau, plan d’action déchets et désormais, stratégie biodiversité et stratégie nature. Cette diversité peut rendre complexe l’articulation et la mise en œuvre de ces différentes initiatives. La question se pose : faut-il considérer la stratégie biodiversité comme une entité distincte ou l’intégrer dans des volets déjà existants ? Comment communiquer de manière cohérente sur une stratégie environnementale globale pour répondre aux attentes des parties prenantes, notamment en matière de normes de reporting (ESRS) définies par la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) ?

Quel lien entre la biodiversité et les autres enjeux RSE, notamment le climat ?

Le climat et la biodiversité sont maintenant considérés comme deux enjeux clés dans la dimension environnementale de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Ces enjeux sont abordés tant dans les normes volontaires comme l’ISO 26000 que dans les réglementations européennes telles que la CSRD et la taxonomie verte européenne. La biodiversité, qui désigne la diversité des formes de vie, représente un défi nouveau pour les entreprises. Celui-ci est double : il englobe les impacts de l’érosion de la biodiversité sur les activités de l’entreprise ainsi que la contribution de l’entreprise à cette érosion par ses propres activités.

Selon la Plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), les pressions sur la biodiversité se regroupent en cinq principaux facteurs d’érosion : le changement d’usage des terres et des mers, l’exploitation directe des ressources vivantes, le changement climatique, les pollutions, et les espèces exotiques envahissantes. Le changement climatique est ainsi identifié comme un facteur majeur d’érosion de la biodiversité, représentant un axe central pour les actions visant à préserver la biodiversité et à évaluer les impacts sur les écosystèmes.

Parallèlement, la gestion des déchets et l’économie circulaire constituent des leviers importants pour réduire les pressions environnementales. Ces approches permettent de limiter l’extraction des ressources et le traitement des déchets, souvent énergivores, polluants et destructeurs, contribuant ainsi à une diminution de l’impact environnemental global.

Schéma illustratif des liens entre les différents enjeux environnementaux et normes de reporting ESRS de la CSRD

Stratégie biodiversité et stratégie nature, quelle différence ?

Biodiversité et nature sont souvent utilisés de manière interchangeable par les entreprises françaises dans leur reporting. Si le mot nature semble remporter un plus grand succès dans le monde anglo-saxon (notamment avec les cadres volontaires de Science-Based Targets pour la nature et avec la Task-force on Nature-related Financial Disclosure), le terme biodiversité reste le terme utilisé en Europe et en France, ayant été intégré par les instances politiques et réglementaires (ESRS E4 Biodiversité et écosystèmes, Stratégie de l’Europe pour la biodiversité, Stratégie nationale pour la biodiversité, etc.).

Dans le langage courant, les deux termes se recouvrent largement : la biodiversité, qui désigne l’ensemble du vivant, est une composante majeure de la nature. En considérant les enjeux liés à l’érosion de la biodiversité à travers les cinq principaux facteurs d’érosion (changement d’usage des terres et des mers, exploitation directe des ressources vivantes, changement climatique, pollutions, et espèces exotiques envahissantes), on aborde en réalité l’ensemble des défis liés à la nature. Les cadres des Science-Based Targets pour la Nature (SBTN) et de la TNFD se basent sur ces cinq pressions et les définissent comme des facteurs d’érosion de la nature.

Comment articuler sa stratégie biodiversité ou sa stratégie nature au sein de ses stratégies environnementales ?

Pour intégrer efficacement une stratégie biodiversité (ou nature) au sein de votre stratégie RSE et en lien avec vos autres stratégies environnementales, telles que la stratégie climat, plusieurs approches peuvent être envisagées.

Si la biodiversité ou la nature est un enjeu particulièrement crucial (par exemple mis en exergue par votre analyse de double matérialité), il peut être pertinent de développer une stratégie biodiversité distincte, avec des objectifs et actions spécifiques. Cela pourrait inclure des initiatives telles que la gestion de la biodiversité sur les sites de l’entreprise, la sensibilisation, l’éco-conception des produits, services et modèles d’affaires, l’optimisation des ressources pour réduire les pressions environnementales, et la mobilisation des fournisseurs concernant leur impact. Cette stratégie intégrera alors les actions liées aux principaux facteurs d’érosion de la biodiversité (changement climatique, pollutions, gestion de l’eau, surexploitation des ressources vivantes) et les leviers de réduction des impacts environnementaux (gestion des déchets, économie circulaire, achats responsables). Vous pouvez également éviter les redondances en faisant des renvois si vous maintenez une stratégie climat distincte.

Si la biodiversité ou la nature n’est pas identifiée comme un axe stratégique majeur, une autre approche alignée avec les exigences de la CSRD peut être adoptée. Vous pourriez alors présenter vos impacts, risques et opportunités (IRO) en fonction des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité, ce qui vous permettra de couvrir l’ensemble des impacts environnementaux majeurs. Ensuite, organisez votre stratégie environnementale autour des leviers d’action transversaux tels que l’économie circulaire, l’optimisation des consommations d’énergie, la gestion des espaces verts, la gestion des pollutions, la gestion de l’eau sur site, et les achats responsables.

Dans le cadre de la CSRD, cela signifie que vous devrez décrire vos dépendances, impacts, risques et opportunités dans la section ESRS E4 Biodiversité et écosystèmes, tout en faisant des renvois vers les autres normes ESRS (E1 Changement climatique, E2 Pollutions, E3 Ressources hydriques et marines, E5 Utilisation des ressources et économie circulaire) pour les actions et stratégies relatives à ces enjeux. Les actions spécifiques liées à la biodiversité sur site, la conversion des sols dans la chaîne de valeur, et la gestion des espèces exotiques envahissantes seront également couvertes.

Ainsi, au delà du choix des termes qui peut relever également d’autres dimensions (langage interne de l’entreprise, demandes des investisseurs, attentes exprimées des parties prenantes, différenciation sectorielle…), la stratégie biodiversité – autonomie ou intégrée dans les autres politiques environnementales, devient le nouveau défi incontournable des entreprises.

 

Pour un accompagnement personnalisé dans l’identification de vos enjeux environnementaux ou la définition de vos stratégies, n’hésitez pas à nous contacter !