L’humanité n’a jamais eu une empreinte écologique aussi étendue que ces dernières années. La croissance démographique, l’urbanisation rapide et l’expansion des activités économiques, industrielles et agricoles consomment de plus en plus d’espace, entraînant des perturbations significatives des écosystèmes à travers le monde. Ces activités impactent particulièrement les écosystèmes clés et sensibles, mettant en danger les habitats naturels et les espèces, parfois protégées, qui en dépendent.
Face à cette situation alarmante, la communauté internationale intensifie ses efforts pour protéger ces écosystèmes vitaux. Lors de la COP15 Kunming-Montréal en 2022, les nations se sont engagées à protéger 30 % des terres et des océans à l’échelle mondiale d’ici 2030, un objectif plus connu sous le nom de « 30×30 ». Cette initiative vise à conserver la biodiversité et à restaurer les écosystèmes dégradés.
En parallèle, la réglementation évolue pour inciter les entreprises à prendre en compte la proximité et l’impact de leurs activités sur les zones sensibles pour la biodiversité. Ainsi, la CSRD, via l’ESRS E4, demande aux entreprises pour lesquelles les enjeux biodiversité sont matériels de divulguer des informations détaillées sur leurs impacts environnementaux, y compris leurs interactions avec les zones sensibles pour la biodiversité et la manière dont elles gèrent leurs impacts dans ces zones.
Les zones sensibles pour la biodiversité : un enjeu crucial pour les entreprises
Qu’est-ce qu’une zone sensible pour la biodiversité ?
Le terme « zones sensibles pour la biodiversité » est un terme qui permet, notamment dans le cadre des réglementations, de désigner à la fois les zones protégées et les zones clés pour la biodiversité (aussi appelées Key Biodiversity Areas, KBA en anglais). Ces territoires sont essentiels pour la conservation de la biodiversité à l’échelle nationale ou mondiale, abritant des écosystèmes rares ou des espèces endémiques ou menacées, pouvant jouer un rôle vital dans la conservation de la biodiversité.
Les espaces protégés sont d’une grande variété de formes et de statuts réglementaires selon les pays, pouvant contraindre ou réguler les activités. En France, ces zones peuvent inclure, par exemple, des parcs nationaux et des réserves naturelles.
A l’inverse, les KBA sont définies à partir d’études scientifiques et de critères spécifiques (tels que la présence d’espèces en danger, la diversité des espèces, les habitats naturels uniques, etc.) comme étant des zones de grande importance pour la préservation de la biodiversité à l’échelle mondiale, mais ne bénéficiant pas d’un cadre réglementaire pour les protéger. Ces zones représentent environ 10% de la surface mondiale.
Pourquoi s’intéresser à ces zones KBA ?
La préservation des zones sensibles pour la biodiversité est essentielle pour plusieurs raisons. Premièrement, ces zones jouent un rôle clé dans le maintien des services écosystémiques dont dépendent les activités humaines et la société. Par exemple, les forêts protégées régulent le climat, tandis que les zones humides sont importantes pour la préservation de la ressource en eau.
Pour les entreprises, s’intéresser aux zones sensibles pour la biodiversité peut apporter plusieurs avantages stratégiques et opérationnels. La proximité avec les zones protégées et les KBA peut être un premier outil de priorisation des sites. Elle permet de mettre en place des actions adaptées à l’échelle des sites et de travailler avec des acteurs locaux pour favoriser l’accueil de la biodiversité sur site ou diminuer l’impact sur ces espaces de haute importance.
C’est également un outil pour mieux gérer les risques d’une entreprise et se saisir d’opportunités :
- Réputation et image :
La responsabilité environnementale est de plus en plus valorisée par les consommateurs, les investisseurs et les partenaires commerciaux. S’engager dans la protection des zones protégées et des KBA peut renforcer la réputation d’une entreprise, attirer des clients fidèles et des investissements responsables. - Accès aux marchés et aux financements :
De nombreuses institutions financières intègrent désormais des critères environnementaux dans leurs décisions d’investissement. Les entreprises qui démontrent leur engagement envers la conservation de la biodiversité peuvent accéder plus facilement à des financements verts et à des marchés publics ou privés exigeant des normes environnementales élevées. - Conformité réglementaire :
La législation environnementale devient de plus en plus stricte à l’échelle mondiale. Elle demande déjà aux entreprises de reporter sur leurs enjeux et leurs pratiques de gestions dans ces zones via la CSRD (ESRS E4). En prenant des mesures proactives pour protéger leurs zones sensibles, les entreprises peuvent anticiper les régulations futures et éviter des sanctions potentielles.
Agir pour la biodiversité à proximité de ses sites
La préservation des zones sensibles pour la biodiversité est un enjeu vital pour la planète, mais aussi une opportunité stratégique pour les entreprises. En intégrant la conservation de la biodiversité dans leurs stratégies et sur leurs sites, les entreprises peuvent non seulement contribuer à la durabilité environnementale, mais aussi renforcer leur résilience, leur réputation et leur compétitivité sur le marché. Il est temps pour les entreprises de reconnaître l’importance de ces zones et de s’engager activement dans leur protection pour un avenir prospère et durable.
BL évolution accompagne les acteurs dans la compréhension du sujet lié aux zones sensibles pour la biodiversité et peut vous aider à identifier ces différents espaces, répondre aux différents cadres (réglementaires ou volontaires) et à élaborer des actions pertinentes pour participer à la pérennisation de ces espaces.
Pour aller plus loin sur ce sujet :
https://www.bl-evolution.com/publication/revue-des-engagements-du-cac-40-sur-la-biodiversite-2024/